L'Obs

LES BONNES MANIÈRES Veni, vidi, Pitti !

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Affaiblies, les fashion weeks masculines de Londres et de Milan assistent cette saison au sacre du Pitti Uomo, salon qui célébrait la semaine dernière, à Florence, sa 90e édition

— par LAURIANNE MELIERRE

Certains ont parlé de « grand bouleverse­ment ». D’autres, plus prosaïques, de « mercato ». Toujours est-il que depuis 2015 le monde de la mode masculine a définitive­ment changé de visage(s). Dans le grand bouillon de culture qui l’agitait alors, on assistait au départ d’Hedi Slimane, qui quittait avec fracas Saint Laurent au début de cette année. Au même moment, Burberry décidait de revoir son modèle économique, devenant la première grande marque de luxe à dissoudre son défilé masculin au profit d’un show mixte et unique programmé pendant la semaine de la mode féminine, privant au passage le British Fashion Council de son plus gros événement. Idem du côté de Milan, désertée cette saison par ses marques les plus emblématiq­ues : Calvin Klein, Roberto Cavalli, Bottega Veneta, Ermenegild­o Zegna, Costume National et Brioni n’ont ainsi pas défilé pour le printemps-été 2017, se faisant le reflet criant de cette valse aux directeurs artistique­s doublée de grands ajustement­s stratégiqu­es.

Mais il faut croire que le malheur des uns fait le bonheur de Florence… En pleine sinistrose, le Pitti Uomo (du 14 au 17 juin), plus grand salon de mode masculine du monde et soupape de décompress­ion historique entre Londres et Milan, annonçait un programme pétaradant. Outre son millier de marques et ses quelque 30 000 visiteurs, l’événement de Ra aello Napoleone, son directeur, mettait en scène le renouveau galvanisan­t que connaît le vêtement masculin. Ainsi, c’est à Florence et nulle part ailleurs que l’on découvrait la collection été 2017 du protégé de Comme des Garçons, le Russe Gosha Rubchinski­y, dont l’éternel thème soviétique flirtait, cette fois-ci, avec les marques italiennes les plus cultes des années 1990, Kappa, Fila et Sergio Tacchini en tête, quand Karl Lagerfeld, lui, déballait ses plus belles photograph­ies au Palazzo Pitti pour « Visions of Fashion », exposition-rétrospect­ive à découvrir face aux oeuvres Renaissanc­e du palais. De son côté, le prometteur Fausto Puglisi, repéré par Armani, surprenait avec une première collection capsule faisant honneur à la splendeur décadente des grandes heures italiennes. Un faste inspirant également Cartier, qui choisissai­t la cité toscane pour y dévoiler la « Drive », son dernier modèle de montre réservé à la gent masculine, avant un finale en apothéose avec, dans la même journée, le premier défilé du label japonais Visvim et le très attendu show de Raf Simons. Investissa­nt, à la tombée du jour, une ancienne station de gare, le Belge envahissai­t l’espace de mannequins vitrine portant ses plus belles pièces d’archives avant de présenter sa nouvelle collection, logiquemen­t intitulée « Florence Calling ». Sans nul doute qu’avec cette 90e édition Florence et son Pitti ont trouvé leur nombre d’or… Que sera, sera.

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DÉFILÉ GOSHA RUBCHINSKI­Y. LE DÔME DE SANTA MARIA DEL FIORE.
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SOIRÉE CARTIER. DÉFILÉ FAUSTO PUGLISI.
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L’EXPO « VISIONS OF FASHION », DE KARL LAGERFELD. LE PALAZZO PITTI.
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DÉFILÉ VISVIM.
 ??  ?? DÉFILÉ RAF SIMONS.
DÉFILÉ RAF SIMONS.
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