DIX DOSSIERS À RÉGLER
L’Union européenne cumule les pathologies graves : crise des réfugiés, zone euro en panne, menace terroriste… Pourtant des solutions existent
GÉRER LE FLUX DES MIGRANTS L’ENJEU
Plus d’un million de réfugiés ont débarqué sur les côtes italiennes puis grecques en 2015, plongeant l’Union européenne dans une grave crise politique : remise en question de la solidarité européenne par les pays d’Europe de l’Est qui refusent d’accueillir des demandeurs d’asile, poussée du populisme, suspension des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes avec le retour des contrôles d’identité et la clôture des frontières.
LA SOLUTION
Le pacte controversé signé entre l’UE et Ankara le 18 mars dernier, qui acte le renvoi en Turquie de tous les nouveaux migrants irréguliers posant le pied sur les îles grecques, a offert un bref répit aux Européens en faisant chuter de manière spectaculaire les arrivées. La Commission planche sur un renforcement des frontières extérieures de l’Union avec notamment la création de gardes-frontières européens, une révision du droit d’asile qui permette une meilleure répartition des réfugiés entre les Etats membres et une coopération inspirée de l’accord turc avec les pays pourvoyeurs de migrants. Mais elle se heurte aux égoïsmes nationaux et les Vingt-Huit se tiennent à la limite de la moralité en sous-traitant le problème des réfugiés à des pays tiers peu regardants en matière de droits de l’homme.
ALLÉGER LA DETTE GRECQUE L’ENJEU
En échange de douloureuses réformes d’austérité, les créanciers européens continuent de financer la Grèce, toujours au bord de la faillite, sans que le casse-tête de sa colossale dette (321 milliards d’euros, 180% du PIB) ne soit résolu. L’argent de cette « aide » atterrit principalement sur les comptes des créanciers. Les plans « de la dernière chance » s’enchaînent, mais semblent voués à l’échec.
LA SOLUTION
Après de longues négociations avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), la Grèce devrait bientôt
recevoir un premier versement de 7,5 milliards d’euros du Mécanisme européen de Stabilité, le fonds de sauvetage de la zone euro. Cette nouvelle aide permettra au gouvernement de gauche d’Alexis Tsipras d’assurer le paiement d’arriérés et plusieurs remboursements. Les ministres des Finances de la zone euro ont aussi donné leur feu vert à un versement total de 10,3 milliards d’euros dans le cadre du plan d’aide de 86 milliards d’euros conclu l’été dernier. Surtout, pour la première fois, les membres de la zone euro et le FMI ont évoqué un possible allégement de l’endettement de la Grèce… à la mi-2018, et seulement « si nécessaire ». Le FMI, lui, pousse à un allégement bien plus ambitieux : ses économistes jugent que l’austérité est une impasse.
RELANCER LES INVESTISSEMENTS L’ENJEU
L’Europe a une croissance molle (2%), des capacités de production inutilisées, une inflation presque nulle, des taux d’intérêt très bas. Pour organiser une relance, il faut privilélité gier l’investissement : l’Europe a pris du retard, ses infrastructures publiques sont vieillissantes, ses efforts de recherche et développement insuffisants. Les investissements totaux ont baissé de 14% entre 2008 et 2013. En 2015, un plan d’investissement pour l’Europe, le « plan Juncker », a été lancé. Il s’agit de financer, à travers un fonds dédié, des infrastructures et des projets innovants portés par des PME. Mais les montants (315 milliards d’euros d’ici à 2018) ne sont pas à la hauteur de l’enjeu.
LA SOLUTION
Les pays ayant des marges de manoeuvre budgétaires, comme l’Allemagne, devraient investir hardiment. D’autres solutions seraient possibles au niveau européen. Le Fonds européen pour les investissements stratégiques du plan Juncker pourrait être prolongé et musclé. Les investissements publics des Etats pourraient être « sortis » du calcul des déficits publics, si leur rendement est démontré. La Banque centrale européenne devrait pouvoir orienter la monnaie qu’elle crée non pas vers les banques, mais directement vers le financement d’investissements publics. Et si la zone euro se dotait d’un budget et de la possibi- de s’endetter, elle pourrait investir sans passer par des acrobaties financières.
COOPÉRER FACE AU TERRORISME L’ENJEU
Les attentats terroristes de Paris et de Bruxelles ont jeté une lumière crue sur la nécessité d’une meilleure coopération entre les différents services de renseignement européens. En particulier, la mise en place d’un registre européen des passagers aériens permettant de compiler les données personnelles des voyageurs (identité, dates de voyage, bagages, type de paiement…), un nouvel outil inspiré de celui qui avait été introduit aux Etats-Unis au lendemain du 11-Septembre, était réclamé avec insistance depuis le 13 novembre.
LA SOLUTION
En avril, après neuf années d’âpres négociations, le Parlement européen a adopté ce fameux registre. Mais ce PNR (Passenger Name Record) européen n’en est pas vraiment un. Il s’agit plutôt d’une harmonisation des fichiers nationaux. L’échange