L'Obs

DIX DOSSIERS À RÉGLER

L’Union européenne cumule les pathologie­s graves : crise des réfugiés, zone euro en panne, menace terroriste… Pourtant des solutions existent

- SOPHIE FAY, SARAH HALIFA-LEGRAND, VINCENT JAUVERT, VINCENT MONNIER, JEAN-BAPTISTE NAUDET, PASCAL RICHÉ

GÉRER LE FLUX DES MIGRANTS L’ENJEU

Plus d’un million de réfugiés ont débarqué sur les côtes italiennes puis grecques en 2015, plongeant l’Union européenne dans une grave crise politique : remise en question de la solidarité européenne par les pays d’Europe de l’Est qui refusent d’accueillir des demandeurs d’asile, poussée du populisme, suspension des accords de Schengen sur la libre circulatio­n des personnes avec le retour des contrôles d’identité et la clôture des frontières.

LA SOLUTION

Le pacte controvers­é signé entre l’UE et Ankara le 18 mars dernier, qui acte le renvoi en Turquie de tous les nouveaux migrants irrégulier­s posant le pied sur les îles grecques, a offert un bref répit aux Européens en faisant chuter de manière spectacula­ire les arrivées. La Commission planche sur un renforceme­nt des frontières extérieure­s de l’Union avec notamment la création de gardes-frontières européens, une révision du droit d’asile qui permette une meilleure répartitio­n des réfugiés entre les Etats membres et une coopératio­n inspirée de l’accord turc avec les pays pourvoyeur­s de migrants. Mais elle se heurte aux égoïsmes nationaux et les Vingt-Huit se tiennent à la limite de la moralité en sous-traitant le problème des réfugiés à des pays tiers peu regardants en matière de droits de l’homme.

ALLÉGER LA DETTE GRECQUE L’ENJEU

En échange de douloureus­es réformes d’austérité, les créanciers européens continuent de financer la Grèce, toujours au bord de la faillite, sans que le casse-tête de sa colossale dette (321 milliards d’euros, 180% du PIB) ne soit résolu. L’argent de cette « aide » atterrit principale­ment sur les comptes des créanciers. Les plans « de la dernière chance » s’enchaînent, mais semblent voués à l’échec.

LA SOLUTION

Après de longues négociatio­ns avec l’Union européenne et le Fonds monétaire internatio­nal (FMI), la Grèce devrait bientôt

recevoir un premier versement de 7,5 milliards d’euros du Mécanisme européen de Stabilité, le fonds de sauvetage de la zone euro. Cette nouvelle aide permettra au gouverneme­nt de gauche d’Alexis Tsipras d’assurer le paiement d’arriérés et plusieurs remboursem­ents. Les ministres des Finances de la zone euro ont aussi donné leur feu vert à un versement total de 10,3 milliards d’euros dans le cadre du plan d’aide de 86 milliards d’euros conclu l’été dernier. Surtout, pour la première fois, les membres de la zone euro et le FMI ont évoqué un possible allégement de l’endettemen­t de la Grèce… à la mi-2018, et seulement « si nécessaire ». Le FMI, lui, pousse à un allégement bien plus ambitieux : ses économiste­s jugent que l’austérité est une impasse.

RELANCER LES INVESTISSE­MENTS L’ENJEU

L’Europe a une croissance molle (2%), des capacités de production inutilisée­s, une inflation presque nulle, des taux d’intérêt très bas. Pour organiser une relance, il faut privilélit­é gier l’investisse­ment : l’Europe a pris du retard, ses infrastruc­tures publiques sont vieillissa­ntes, ses efforts de recherche et développem­ent insuffisan­ts. Les investisse­ments totaux ont baissé de 14% entre 2008 et 2013. En 2015, un plan d’investisse­ment pour l’Europe, le « plan Juncker », a été lancé. Il s’agit de financer, à travers un fonds dédié, des infrastruc­tures et des projets innovants portés par des PME. Mais les montants (315 milliards d’euros d’ici à 2018) ne sont pas à la hauteur de l’enjeu.

LA SOLUTION

Les pays ayant des marges de manoeuvre budgétaire­s, comme l’Allemagne, devraient investir hardiment. D’autres solutions seraient possibles au niveau européen. Le Fonds européen pour les investisse­ments stratégiqu­es du plan Juncker pourrait être prolongé et musclé. Les investisse­ments publics des Etats pourraient être « sortis » du calcul des déficits publics, si leur rendement est démontré. La Banque centrale européenne devrait pouvoir orienter la monnaie qu’elle crée non pas vers les banques, mais directemen­t vers le financemen­t d’investisse­ments publics. Et si la zone euro se dotait d’un budget et de la possibi- de s’endetter, elle pourrait investir sans passer par des acrobaties financière­s.

COOPÉRER FACE AU TERRORISME L’ENJEU

Les attentats terroriste­s de Paris et de Bruxelles ont jeté une lumière crue sur la nécessité d’une meilleure coopératio­n entre les différents services de renseignem­ent européens. En particulie­r, la mise en place d’un registre européen des passagers aériens permettant de compiler les données personnell­es des voyageurs (identité, dates de voyage, bagages, type de paiement…), un nouvel outil inspiré de celui qui avait été introduit aux Etats-Unis au lendemain du 11-Septembre, était réclamé avec insistance depuis le 13 novembre.

LA SOLUTION

En avril, après neuf années d’âpres négociatio­ns, le Parlement européen a adopté ce fameux registre. Mais ce PNR (Passenger Name Record) européen n’en est pas vraiment un. Il s’agit plutôt d’une harmonisat­ion des fichiers nationaux. L’échange

 ??  ?? Les militaires patrouille­nt devant le Sacré-Coeur, dans le cadre du plan Vigipirate, le 27 novembre 2015.
Les militaires patrouille­nt devant le Sacré-Coeur, dans le cadre du plan Vigipirate, le 27 novembre 2015.
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Des réfugiés arrivent de Turquie dans l’île grecque de Lesbos, le 16 novembre 2015.

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