Le rêve américain
LA COLLECTION THEA WESTREICH WAGNER ET ETHAN WAGNER, JUSQU’AU 6 FÉVRIER, CENTRE POMPIDOU, PARIS-3E, RENS. : WWW.CENTREPOMPIDOU.FR.
Le geste ne risque pas de passer inaperçu. Amateurs d’art contemporain depuis une trentaine d’années, Thea Westreich Wagner et Ethan Wagner ont décidé de faire don de plus de huit cents oeuvres de leur collection. Aux Etats-Unis, le Whitney Museum va en recevoir cinq cents, tandis que le Musée national d’Art moderne en héritera de plus de trois cents – essentiellement des créations d’artistes européens. Avant que cette donation soit e ective, le Centre Pompidou expose un choix des pièces les plus significatives de cet ensemble, soit environ cent cinquante oeuvres. On y verra notamment que, dès les années 1980, le couple new-yorkais acquiert – le plus souvent pour quelques milliers de dollars – des tableaux ou des photos d’artistes encore peu connus, comme Je Koons, Richard Prince, Christopher Wool, Cindy Sherman. Des découvreurs ? Thea Westreich Wagner et son époux font tout pour l’être, fréquentant les ateliers d’artistes et les galeries new-yorkaises branchées. Plutôt attirés par l’art conceptuel (Jenny Holzer, Richard Prince, Robert Gober), ils s’autorisent cependant des escapades, achetant par exemple des tirages des photographes Lee Friedlander, Robert Adams, Philip-Lorca diCorcia. Leurs voyages en Europe leur font découvrir les travaux de Gilbert & George (période des années 1980), Keith Tyson, Eija-Liisa Ahtila, Mark Alexander, ou encore les tableaux de Martin Barré (1924-1993). Quelle cohérence donner à ces choix ? Leur seule unité est celle du regard des collectionneurs, de leur « émotion » comme ils l’a rment. Une démarche qui les éloigne des grandes machines (Koons excepté) du marché de l’art ou des dogmes de l’histoire de l’art o cielle.