L'Obs

POURQUOI ELLE ? Anna Zegna

Elle appartient à l’une des plus illustres lignées du textile italien. Mais manifestem­ent plus sensible au sort de la planète qu’au sartoriali­sme transalpin, elle fréquente plus volontiers l’Unesco que le Pitti Uomo

- — par ALBAN AGNOUX

QUI EST ELLE ?

Après avoir oeuvré pour la valorisati­on de l’Oasi Zegna, le parc naturel pensé par son grand-père Ermenegild­o Zegna au coeur de leur Piémont natal, Anna Zegna a créé en 2000 la Fondation Zegna, dont les actions en faveur de la culture, de l’environnem­ent, de la santé et de l’éducation à travers le monde sont devenues un modèle de responsabi­lité sociétale de l’entreprise.

D’OÙ VIENT ELLE ?

« Les grandes familles font les grandes entreprise­s ; les grandes entreprise­s font les grandes familles », se plaît-on à répéter chez les Zegna. Une saga à l’italienne initiée en 1910 par Ermenegild­o Zegna, fondateur de la filature du même nom, à Trivero, une petite ville plantée sur les contrefort­s des Alpes bielloises. Viscéralem­ent attaché à ses montagnes, l’entreprene­ur avait aussi la main verte. Au début des années 1930, il s’est attelé à l’entière reforestat­ion des environs de l’entreprise, y plantant pas moins de 500 000 conifères, et donnant ainsi naissance à ce qui deviendra l’Oasi Zegna. Près d’un siècle plus tard, sa petite-fille s’attache à préserver le legs de cet homme « austère, mais visionnair­e », tandis que ses petits-fils Gildo et Paolo se chargent du destin de l’empire industriel Zegna. « L’héritage écologiste de mon grand-père s’était progressiv­ement perdu, raconte Anna Zegna. Lui redonner la place qu’il mérite a été l’objectif premier de la fondation. »

QUE FAIT ELLE ?

Dernier exemple de cet engagement, elle dévoilait le 23 juin dernier son projet de réhabilita­tion de Punta Mesco, une zone rurale nichée entre les criques de Levanto et de Monterosso, en plein coeur du parc national des Cinque Terre. Soit 45 hectares de surfaces agricoles, où poussent désormais de petits vignobles et des oliveraies, au coeur de l’aride maquis méditerran­éen. Sorties de terre sous l’impulsion conjointe d’Anna Zegna et du FAI (fonds italien pour l’environnem­ent), ces fragiles parcelles de culture en plateau, conquises de haute lutte sur la nature sauvage, renouent ainsi avec le souhait de son grand-père de réconcilie­r l’homme avec son territoire. Et à l’heure où toutes les gri es du luxe mondial ont fait du mécénat d’art le bras armé de leur image, Anna Zegna entend bien réa rmer sa différence. « La fondation familiale n’a rien à voir avec les activités commercial­es de l’entreprise, insiste-t-elle. C’est une manière pour nous de participer à l’éveil des conscience­s, à l’heure où l’humanité fait face à des problémati­ques écologique­s inédites. » Et puisque famille et héritage ont toujours composé le diptyque de la maison, elle pourra bientôt compter sur le soutien de ses enfants, qui s’apprêtent eux aussi à grossir les rangs du clan Zegna. « Mais pas avant d’avoir fait leurs preuves », glisse-t-elle dans un sourire.

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