LE TÉLÉPHONE ROUGE
Ces temps-ci, le président se préoccupe beaucoup de l’avenir des socialistes au pays des anciens corons. En parfait DRH, il vient de nommer Bernard Roman à la présidence de l’Autorité de Régulation des Activités ferroviaires et routières (Arafer) pour succéder à Pierre Cardo, dont le mandat prend fin le 19 juillet 2016. Un beau poste dans la technostructure pour cet ami du président. Contacté directement au téléphone par l’hôte de l’Elysée, le député, ennemi juré de Martine Aubry, abandonne donc l’Assemblée nationale et la politique. S’agit-il d’un bon procédé visant à débarrasser François Lamy, dauphin d’Aubry à la mairie de Lille, d’un rival, en échange de quoi l’ex-ministre du Travail assurerait le président sortant de son soutien lors de la primaire socialiste, en janvier? Beaucoup l’ont dit et l’ont cru… Mais le président a peut-être un tout autre stratagème en tête : dégager le terrain d’atterrissage pour son ami Patrick Kanner, l’actuel ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, qui lui aussi ambitionne de s’emparer de la mairie lilloise et pourrait bien profiter de la retraite dorée de Bernard Roman… Machiavel, quand tu nous tiens ! La bataille pour le Beffroi ne fait que commencer. DES FLICS SOUPÇONNÉS DE COLLUSION Les rumeurs de compromissions policières n’en finissent plus d’empoisonner les dossiers d’escroquerie à la taxe carbone. Selon nos informations, Me Philippe Ohayon et Me Manuel Abitbol, les avocats de Grégory Zaoui, mis en examen car soupçonné d’avoir détourné 156 millions d’euros de TVA via la société Crépuscule, viennent de demander aux juges d’instruction chargés de l’enquête le « dessaisissement immédiat de tous les services en charge de l’instruction ». Ils appuient leur demande sur les enregistrements publiés la semaine dernière par Mediapart : des conversations entre des proches de Cyril Astruc et un policier sur fond de collusions. Dans le dossier Crépuscule, Cyril Astruc et Grégory Zaoui s’accusent respectivement d’être l’organisateur et le bénéficiaire de la fraude. « Si ces informations d’une gravité exceptionnelle étaient exactes, cela signifierait que des policiers en charge d’une ou plusieurs commissions rogatoires auraient vicié la manifestation de la vérité au bénéfice de Cyril Astruc », écrivent les avocats. L’IPGN aurait ouvert une enquête à la suite des révélations du site d’information. VALLS ET MACRON S’EMPAILLENT C’était un sujet tabou mais, désormais, dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on le reconnaît : « Les relations se sont dégradées avec Manuel Valls. » Néanmoins, un proche du ministre de l’Economie estime contre-productives les attaques à répétition du locataire de Matignon : « Ce n’est pas adroit de la part d’un Premier ministre de demander publiquement la tête d’un ministre au président de la République, alors qu’il n’arrive pas à l’obtenir. Il fait lui-même la démonstration de sa propre faiblesse. » MONTEBOURG NE DOUTE DE RIEN « Bien sûr qu’on se parle avec Emmanuel, je l’aime beaucoup, c’est un ami », n’hésite pas à dire Montebourg, avec un brin d’emphase. Pour autant, l’ancien ministre de l’Economie ne craint pas une éventuelle concurrence de son successeur dans la course à la présidentielle : « C’est un inspecteur des finances qui a fait l’ENA. Il y en a déjà beaucoup sur le marché. » Manière de dire que le renouveau, c’est plutôt Arnaud.