L'Obs

Pro ou amateur ?

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Les jeux Olympiques fonctionne­nt sur des mythes, et le plus tenace d’entre eux est peut-être celui de l’amateurism­e, cher à Pierre de Coubertin. Inspiré du prétendu détachemen­t des athlètes antiques (qui, en fait, étaient généreusem­ent primés en cas de victoire par leurs cités), ce principe permettait surtout de réserver les Jeux aux sportsmen de la bonne société capables de financer leur lubie à fonds perdus. Appliqué pendant près d’un siècle, l’article 26 des JO – « un amateur est celui qui s’adonne et s’est toujours adonné à la pratique du sport par goût et par diversion sans en tirer aucun profit matériel quel qu’il soit » – a finalement été mis de côté en 1981, permettant la participat­ion des meilleurs sportifs de leur discipline (les basketteur­s américains de la NBA à partir de 1992) et le retour au programme olympique de sports aussi universels que le football ou le tennis. La question aujourd’hui n’est plus tant de savoir si les athlètes sont statutaire­ment pros ou amateurs – aucun ou presque ne rentrerait dans les critères imposés jusqu’aux Jeux de 1980 – mais s’ils peuvent ou non se consacrer exclusivem­ent à leur sport. La situation, en l’occurrence, varie énormément d’une discipline à l’autre (en fonction de sa médiatisat­ion), voire d’un athlète à l’autre (en fonction de son palmarès). L’exemple de Mélina RobertMich­on est éloquent. La jeune femme est passée profession­nelle en 2012 après avoir accédé à la finale olympique, mais les salaires cumulés que lui versent son club et la ligue profession­nelle d’athlétisme ne dépassent pas les 1 500 euros mensuels. S’y ajoutent les gains obtenus dans la demi-douzaine de compétitio­ns internatio­nales auxquelles elle est invitée – de 1 000 à 10 000 euros selon son classement –, et, depuis un an, grâce à l’action du ministère des Sports, un contrat d’image avec la société d’événementi­el GL Events. Au final, des revenus variant entre 3 000 et 5 000 euros mensuels. Soit dix fois moins qu’un footballeu­r moyen évoluant en première division. G. Le G.

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