L'Obs

« NOUS AVONS BESOIN D’UN NOUVEAU PLAN MARSHALL »

Un entretien exclusif avec l’historien britanniqu­e Ian Kershaw et des extraits de son dernier livre, « l’Europe en enfer. 1914-1949 »

- DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À MANCHESTER, MAXIME LAURENT

L’historien Ian Kershaw nous reçoit dans sa paisible résidence mancunienn­e, faite comme il se doit de briques rouges et prolongée d’un jardinet so British. Celui que la reine fit chevalier en 2002 a pris quelque distance avec ses monumental­es biographie­s de Hitler : pour écrire sa nouvelle somme, il a mis en évidence les forces politiques, économique­s, sociales et culturelle­s qui, de 1914 à 1949, menèrent l’Europe

du chaos à l’amorce de sa résurrecti­on. Fruit d’un intense travail de documentat­ion et d’analyse, ce livre donne aussi à sir Ian Kershaw l’occasion d’évoquer les événements contempora­ins, à commencer par le Brexit qu’il réprouve au plus haut point. Vous insistez sur quatre « grands éléments imbriqués » qui, à la veille de 1914 et pendant l’entre-deux-guerres, menèrent l’Europe à la catastroph­e : crise de légitimité de l’Etat, explosion du nationalis­me ethnique, acuité des conflits de classe, crise prolongée du capitalism­e… On assiste ces temps-ci à une résurgence de beaucoup de ces éléments, dont l’expression avait été la plus forte en Allemagne, ce qui explique que le pays soit devenu dans les années 1930 l’épicentre du déclenchem­ent de la guerre et des destructio­ns. Aujourd’hui, certains nous expliquent que tout part à vau-l’eau, le nationalis­me, le racisme et la xénophobie montent, et l’Union européenne risque de s’e ondrer. Mais je suis optimiste de nature : à la di érence des années 1930, la démocratie fait l’objet d’un large consensus, quoique l’on puisse en discuter à propos de la Hongrie ou de la Pologne actuelles. Ensuite, nous vivons dans des sociétés dominées par le pouvoir civil, à l’inverse de l’entre-deux-guerres, une période marquée par la puissance d’un pouvoir militaire fortement marqué à droite, sauf en Union soviétique. Enfin, un large éventail d’institutio­ns et de réseaux internatio­naux s’est développé après la guerre. Celui-ci est fragile – on voit par exemple comment l’Union européenne va être hélas transformé­e par le Brexit –, mais la situation est sans commune mesure avec les Etats victimes de la Grande Dépression, livrés à euxmêmes et à leurs divisions. Vous modifiez nombre d’idées reçues sur certaines dates considérée­s comme charnières… L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, le 28 juin 1914, n’a par exemple pas été décisif dans le déclenchem­ent de la guerre. Les gouverneme­nts européens s’attendaien­t plutôt à ce que l’AutricheHo­ngrie mène des représaill­es contre la Serbie, mais le soutien sans condition accordé le 6 juillet par l’Allemagne à l’Autriche – un véritable « chèque en blanc » – a ouvert la porte à tout type d’attaque. Le 23 juillet, les Autrichien­s étaient incités par l’Allemagne à poser un ultimatum très dur à la Serbie, qui ne pouvait l’accepter. Or la Serbie était encouragée à la fermeté par la Russie, elle-même soutenue en ce sens par la France. Dans la semaine suivant le 23 juillet, toutes les initiative­s étaient bloquées, et la mécanique guerrière était irrémédiab­lement enclenchée par le « chèque en blanc ». L’idée selon laquelle la Grande Guerre serait le fruit d’une responsabi­lité collective doit donc être nuancée. La théorie du « coup de poignard dans le dos » n’était, écrivez-vous, pas qu’une question de prestige pour l’armée allemande. Etait-ce aussi un moyen de préparer le futur ? En octobre 1918, les désertions arrivaient à un niveau inédit dans l’armée allemande. Déjà, en août, on en comptait 350000… La guerre était perdue, mais Ludendor , adjoint du commandant en chef Hindenburg, refusait d’accepter la défaite et rejetait la responsabi­lité sur les leaders politiques, contraints d’accepter l’armistice, à commencer par ceux de gauche et issus de la révolution. L’idée que l’armée allemande n’avait pas perdu la guerre s’est alors di usée : le chancelier socialiste Ebert lui-même accueillit les troupes comme des « héros invaincus », confortant ainsi le point de vue des militaires. La population allemande, elle, n’était pas préparée à la défaite à cause de la propagande, qui oeuvrait à faire accepter le combat… Dès lors, l’Allemand type pouvait se poser la question : « Pourquoi a-t-on perdu ? » La théorie du « coup de poignard dans le dos » o rait une réponse facile. Cette doctrine a miné la gauche, mais aussi la jeune démocratie, et c’était bien le but de ses promoteurs. Le moral des population­s, et en un sens la victoire, a-t-il été une a aire de légitimité de l’Etat, de représenta­tivité du peuple, et finalement de démocratie ? Disons que la victoire a contribué à légitimer ces formes de gouverneme­nt, plus encore lorsque le président Wilson a proposé son plan en quatorze points afin d’implanter des démocratie­s libérales en Europe, fondées sur la notion nouvelle d’« autodéterm­ination » – utilisée aussi pour satisfaire des ambitions territoria­les. On pourrait cependant se demander ce qu’il serait advenu en France ou en Grande-Bretagne si la guerre avait tourné di éremment : les pays vaincus ont vu leur régime s’e ondrer, de l’Empire russe aux Empires austro-hongrois et ottoman, en passant par l’Empire allemand. Il a donc semblé logique aux vainqueurs d’imposer la démocratie partout où c’était possible, pensant qu’il s’agissait du meilleur moyen de stabiliser l’Europe. Entre parenthèse­s, nous avons vu cette idée brandie par les partisans de la guerre d’Irak, en 2003… Dans bien des cas, ces régimes se sont e ondrés au milieu des années 1930, voire avant, à l’image

de la Pologne. J’ai été surpris, en écrivant ce livre, de constater que les deux tiers des Européens, sans même compter l’URSS, vivaient en 1939 sous des régimes autoritair­es, qui avaient supplanté les systèmes politiques démocratiq­ues nés sur les cendres des anciens empires. On peut donc constater que les traités de Versailles, de Saint-Germain et de Trianon ne préparaien­t pas à la création de démocratie­s viables, particuliè­rement dans le centre et l’est de l’Europe. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, la démocratie n’avait finalement survécu que dans le nordouest de l’Europe. La Première Guerre mondiale ne s’est pas achevée en 1918. Sans même parler de la guerre civile russe et de ses 7 millions de victimes et des tensions nées du « grand dépeçage » de Versailles, le conflit pèsera longtemps sur les économies de l’entredeux-guerres… Avant 1914, l’économie était déjà globalisée et relativeme­nt stable. La guerre a détruit cet ensemble. Chaque pays impliqué dans le conflit a subi une énorme pression pour financer ses dépenses militaires. Et chaque pays estimait qu’il gagnerait la guerre et résoudrait le problème en exigeant de lourdes réparation­s de la part des vaincus. La ruine de l’économie allemande et

l’hyperinfla­tion de 1923 étaient des conséquenc­es directes du financemen­t de la guerre doublé de l’empresseme­nt du pouvoir de profiter de l’inflation pour reconstrui­re son industrie. On connaît bien l’inflation terrible qu’a connue l’Allemagne, mais on ignore la situation catastroph­ique vécue par bien des pays, à l’image de la Pologne. On peut parler, pour l’après-1918, d’une crise inflationn­iste massive dont la magnitude exceptionn­elle est le contrecoup de la Grande Guerre. S’est ensuivie une crise du capitalism­e pendant la quasitotal­ité de l’entre-deux-guerres, à l’exception d’un court intermède de prospérité entre 1925 et 1929-1930. Enfin, le krach de 1929 a été suivi d’une importante crise déflationn­iste qui a permis aux mouvements d’extrême droite de donner un écho à leur discours délirant et leur a ouvert les portes du pouvoir. Au fond, l’économie souligne, mieux que tout autre domaine, la validité du concept de « guerre de trente ans » entre 1914 et 1945. Le moment ultime pour arrêter Hitler était, selon vous, davantage 1936 et la remilitari­sation de la Rhénanie que la conférence de Munich, deux ans plus tard…

Les forces que Hitler avait mobilisées pour remilitari­ser la Rhénanie étaient très réduites. Si la puissante armée française avait bougé, les troupes allemandes auraient été obligées d’opérer une retraite. Mais ce ne sont-là que des considérat­ions militaires : les Français n’étaient disposés à agir que si les Britanniqu­es le faisaient. Or les Britanniqu­es ne souhaitaie­nt pas agir pour la Rhénanie. Le Premier ministre, Stanley Baldwin, estimait ainsi que Hitler retournait « dans son propre jardin » – le même sentiment, soit dit en passant, exprimé en Europe lorsque Poutine a annexé la Crimée. Hitler, lui, était parvenu à connaître cette position grâce à ses services de renseignem­ent actifs à Paris. Mais, si la France et la Grande-Bretagne avaient bougé, Hitler aurait engrangé une grave défaite, et son prestige aurait été entaché.

En 1938, le potentiel militaire allemand était surévalué. On imaginait les villes rasées par la Luftwa e, qui n’avait pourtant pas encore ces capacités de bombardeme­nt. L’armée allemande, divisée sur l’opportunit­é d’un conflit, n’était pas prête pour une guerre européenne, et la France comme le Royaume-Uni accusaient du retard. A compter de cette date, jusqu’à septembre 1939, ces deux pays augmentère­nt leur production d’armes dans des proportion­s supérieure­s à l’Allemagne, qui, cependant, conservait, et même accroissai­t son avance. Il est donc très di cile de savoir s’il aurait été préférable de passer à l’action en 1938 plutôt qu’en 1939. Chamberlai­n était d’ailleurs convaincu, à son retour de Munich, que la guerre viendrait. Vous explorez les racines de la Shoah, en évoquant les génocides qui l’ont précédée, et le terreau qu’ont constitué l’Europe centrale et l’Europe de l’Est, où, rappelez-vous, se situent les « principaux champs de tuerie de la Seconde Guerre mondiale »… Hitler a évidemment eu un rôle décisif, et seuls les Allemands étaient capables d’adapter des procédures modernes à leur projet génocidair­e. Mais, pour comprendre comment Hitler a pu rendre une telle horreur possible, il faut se pencher sur la profonde haine des juifs présente en Europe centrale et en Europe de l’Est, en Russie, et examiner l’ampleur des pogroms de la période tsariste, mais aussi les massacres qui se produisire­nt à l’Est pendant la Grande Guerre, au sortir de laquelle l’associatio­n « juif » et « bolcheviqu­e » allait devenir un leitmotiv politique… Reste que dans l’Europe des années 1900, l’Allemagne n’apparaissa­it pas comme le lieu où les juifs étaient les plus menacés. Quel a été le poids de la culture dans la constructi­on de l’opinion ? On a vu, peu après la Grande Guerre, se propager en Europe la thèse selon laquelle la civilisati­on s’e ondrait. Par exemple, le livre d’Oswald Spengler « le Déclin de l’Occident », paru en 1918, a d’abord influencé des cercles d’intellectu­els allemands. Mais il a imprégné aussi des journaux, des militants politiques, et finalement des groupes d’individus convaincus que le monde chrétien d’Europe de l’Ouest était condamné à disparaîtr­e. Au tournant du siècle dernier, d’autres courants avaient déjà véhiculé des idées sur tout le continent, comme l’eugénisme, la stérilisat­ion des handicapés mentaux, ou leur euthanasie… En cause, le pessimisme culturel issu de la Première Guerre mondiale, selon lequel les meilleurs étaient tombés, et les lourdes conséquenc­es sur le taux de natalité marquèrent beaucoup la France, et plus encore l’Allemagne : il fallait reconstrui­re la société afin que celle-ci ne produise que de bons éléments. Cette ingénierie sociale mêlant hygiénisme et déterminis­me racial apparaissa­it même dans les couches les plus progressis­tes de la société, par exemple en Grande-Bretagne. En 1916, l’Allemagne avait déjà mué en dictature. Puis, sous la république de Weimar, le chancelier Brüning gouverna de façon autoritair­e entre 1930 et 1932. Dans quelle mesure ces séquences ont-elles préparé le terrain à Hitler ? Toutes ont de facto contribué à saper l’idée de démocratie, jusqu’à créer un espace politique que Hitler a occupé. Dans les années 1930, le pouvoir était confronté à une crise de légitimité couplée à une crise économique… La volonté de gouverner par décret de Brüning et von Papen a ainsi réduit le soutien populaire à la démocratie et a accru le poids des partisans d’une solution autoritair­e. Le problème des conservate­urs était qu’ils disposaien­t d’une force capable de détruire la démocratie, mais pas d’imposer leurs hommes, et eux seuls, à la tête du pays. Dès lors, Hitler, à la tête d’un mouvement de masse et fort du tiers des électeurs, profitait du vide politique et devenait indispensa­ble à ces mêmes conservate­urs. On connaît la suite… Comment expliquer la défaite de la gauche à l’échelle de l’Europe du premier e siècle ? La gauche des grands pays d’Europe était divisée entre sociaux-démocrates impliqués dans le système politique et communiste­s prenant leurs consignes à Moscou. Cette division a prévalu, sauf un temps en Espagne et en France où des « fronts populaires » associant de façon exceptionn­elle les deux tendances sont arrivés au pouvoir. En France, le Front populaire vit sa fin précipitée par la situation économique. En Espagne, c’est une guerre civile qui eut raison de l’expérience. Partout, la gauche marxiste restait relativeme­nt faible, et la gauche dans son ensemble s’est trouvée dans une position délicate quand la crise économique a éclaté en 1930. L’année suivante, le Parti

travaillis­te anglais s’e ondrait et rejoignait un gouverneme­nt d’union nationale, qui restait fondamenta­lement conservate­ur. En Autriche, la gauche demeurait beaucoup trop faible face à la droite nationalis­te et radicale, et un pouvoir autoritair­e était déjà en vigueur avant l’Anschluss. Partout en Europe, la gauche restait sur la défensive, faute de se trouver en position de contrecarr­er la droite nationalis­te. Implantée dans les grandes villes, la gauche ne faisait pas le poids face aux zones rurales, largement acquises aux conservate­urs. Dans chaque Etat, la gauche semblait ainsi isolée face à la droite réactionna­ire et au retour en force d’un pouvoir militaire. Ce syndrome se répétait presque partout. Mais il serait erroné de blâmer la seule gauche pour cette situation, dans la mesure où la droite, dont de nouveaux mouvements nationalis­tes et xénophobes obtenaient le soutien de militaires et de riches industriel­s, avait sa part de responsabi­lité dans le marasme politique.

Pourquoi avoir choisi d’interrompr­e votre récit en 1949 plutôt qu’en 1945 ? La Seconde Guerre mondiale a été tellement plus dévastatri­ce que la Première – qui avait pourtant atteint des sommets –, qu’elle a rendu possible un nouveau départ, lui-même au centre de mes interrogat­ions : l’Europe des années 1945-1946 ne permettait a priori guère d’espérer des décennies de prospérité et de stabilité, même si de « discrètes transition­s » sont discernabl­es dans l’entre-deux-guerres, alors que l’on s’apprêtait pourtant à replonger dans l’abîme. J’ai donc voulu comprendre comment un continent ravagé avait pu renaître de ses cendres, et les contours de l’Europe d’après-guerre ne sont devenus visibles qu’en 1949 : la destructio­n des ambitions dominatric­es allemandes, e ective en 1945, a évidemment joué. Ensuite, la conquête soviétique de l’est de l’Europe a condamné les peuples des pays concernés à vivre sous des dictatures, mais a aussi enterré les conflits ethniques – on a assisté alors à de vastes transferts de population, notamment vers l’Allemagne –, territoria­ux et sociaux qui avaient opposé ces pays dans la première partie du siècle. De plus, les politicien­s nationalis­tes à l’Est et à l’Ouest, si dangereux dans l’entre-deux-guerres, étaient neutralisé­s. Par ailleurs, une énorme croissance économique, antérieure au plan Marshall, a donné naissance à l’Etat-providence, qui faisait tant défaut dans les années 1930. Enfin, l’explosion de la bombe atomique soviétique en 1949, engendrant un monde bipolaire capable de s’autodétrui­re, a paradoxale­ment créé les conditions d’une relative stabilité. Chaque historien écrit en fonction du présent, et ma démarche, pour ce livre, était d’abord personnell­e : j’avais besoin de comprendre la situation d’une Europe divisée, jadis capable de se relever de façon spectacula­ire d’un premier e siècle apocalypti­que. C’est le krach de 2008 et ses conséquenc­es qui m’ont incité à me pencher sur le sujet… Le Royaume-Uni était initialeme­nt très réticent vis-à-vis de l’union douanière européenne. Vous rappelez que Churchill lui-même évoquait les « Etats-Unis d’Europe » sans y inclure son pays, une nuance qui résonne étrangemen­t aujourd’hui… Churchill était un homme politique visionnair­e, une espèce fort rare ces jours-ci. Après la guerre, il voyait l’Europe comme beaucoup de politicien­s européens, à l’image de Monnet et Schuman, dotés d’une vraie vision… L’inverse d’une Merkel qui se montre d’abord une tacticienn­e pragmatiqu­e en prônant une politique d’austérité court-termiste fatale à

l’Europe. En parlant des « Etats-Unis d’Europe », Churchill ne pensait pas à une entité supranatio­nale, mais plutôt à une fédération d’Etatsnatio­ns susceptibl­e de garantir la paix. Il en excluait la Grande-Bretagne et son empire, qu’il souhaitait plutôt ancrer dans une relation privilégié­e avec l’allié américain. Cette prise de position est à mon sens très di érente des partisans du Brexit, dont les leaders n’ont aucun plan pour la suite, aucune idée de là où nous allons. L’Europe était parvenue jusqu’à récemment à rapprocher des Etats, dont la GrandeBret­agne, au sein d’une organisati­on sans précédent. La mondialisa­tion, l’écart croissant entre les riches et les pauvres, la multiplica­tion des régions économique­ment sinistrées, victimes d’une politique d’austérité qui tue aussi l’Europe, explique une bonne part du vote pour le Brexit (sauf ici, à Manchester, où le « remain » est arrivé en tête). Cette colère a pu profiter par le passé à des mouvements d’extrême droite en Europe, ou plus rarement à la gauche comme Podemos ou Syriza ; de fait, les partis de l’establishm­ent perdent leurs soutiens, et le succès d’un Trump relève de la même logique. Mon pays tourne le dos à tout ceci sans connaissan­ce du passé dans lequel nous, Britanniqu­es, sommes impliqués. Nous faisons face à une crise politique sérieuse, indépendam­ment des conséquenc­es économique­s. C’est une situation calamiteus­e, et nous devons comprendre le monde que nous sommes en train de quitter. D’un tiers à la moitié de la population de chaque Etat membre de l’UE est opposée à ses orientatio­ns ! Il existe une grave crise de légitimité. De Marine Le Pen à Viktor Orbán en passant par la Pologne, le projet européen est en train de s’e locher. Nous avons besoin d’un nouveau plan Marshall, alimenté par des fonds venus des pays européens, pour développer de grands travaux, miser sur l’éducation et l’enseigneme­nt, et redonner enfin de l’espoir aux nouvelles génération­s. Je travaille donc de l’intérieur pour faire connaître cette histoire de la constructi­on européenne, à laquelle Churchill aurait peut-être fini par se rallier !

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Emeute antiserbe des partisans de la monarchie austro-hongroise, après l’assassinat de l’archiduc François -Ferdinand, à Sarajevo, le 28 juin 1914.
 ??  ?? IAN KERSHAW, professeur d’histoire contempora­ine à l’université de Sheffield, est l’auteur d’une monumental­e biographie de Hitler (Flammarion, 1999 et 2000). Il a publié au Seuil : « Choix fatidiques. Dix décisions qui ont changé le monde » (2009) et «...
IAN KERSHAW, professeur d’histoire contempora­ine à l’université de Sheffield, est l’auteur d’une monumental­e biographie de Hitler (Flammarion, 1999 et 2000). Il a publié au Seuil : « Choix fatidiques. Dix décisions qui ont changé le monde » (2009) et «...
 ??  ?? Robert Schuman signe le plan Marshall, le 17 octobre 1948, en présence de l’ambassadeu­r américain Averell Harriman (debout, à gauche).
Robert Schuman signe le plan Marshall, le 17 octobre 1948, en présence de l’ambassadeu­r américain Averell Harriman (debout, à gauche).
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Le président du Conseil Pierre Mendès France accueilli par le Premier ministre Winston Churchill, en août 1954, après l’échec de la conférence des Six.

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