L’OPINION
de Matthieu Croissandeau
Nicolas Sarkozy a donc fini par sortir du bois (encore). Avec un livre (encore). Pour se lancer dans la course à la présidentielle (une troisième et – on l’espère ! – dernière fois). On ne glosera pas ici sur l’e et de surprise attendu par cette brusque incursion dans la rentrée littéraire. Ni sur l’objectif a ché par ses lieutenants de saturer l’espace médiatique afin d’inverser enfin la courbe des sondages. La candidature de Nicolas Sarkozy à la primaire de la droite et du centre était un secret de polichinelle depuis deux ans déjà. Il lui restait juste à la mettre en musique. Nous y voilà.
La partition de l’ancien chef de l’Etat ne brille guère par l’intérêt des mesures qu’il y décline. Beaucoup étaient connues, certaines avaient été oubliées. La réduction du nombre d’étrangers sur le territoire ou l’augmentation du temps de travail des enseignants figuraient ainsi noir sur blanc dans son programme de 2012. La suppression de l’ISF, annoncée en 2010 puis enterrée en 2011, refait soudain surface, marquant une volte-face dont Sar- kozy a le secret, comme sur l’interdiction du voile ou l’abrogation de l’Aide médicale d’Etat. Rien ne l’arrête, c’est d’ailleurs sa marque de fabrique. On ne s’étonnera donc pas non plus de voir resurgir sa promesse de réduire les e ectifs des parlementaires alors même que le nombre de sénateurs augmenta sous son quinquennat. Après tout, cet homme-là n’avait-il pas promis il y a cinq ans, en cas d’échec, de quitter la vie politique ?
Pour faire oublier ces zigzags qui le conduisirent en 2012 à la sortie de route, l’ex-partisan de la rupture a choisi d’axer sa campagne autour de deux marqueurs. Sa personnalité très clivante tout d’abord, mais qui conjugue selon lui l’expérience et la force de caractère. Son positionnement idéologique très à droite ensuite, mais qui lui permettra, espère-t-il, de rassembler son camp sans se faire déplumer par le Front national. Ce sont là deux paris hasardeux qui dessinent les contours d’une tactique assumée : faire campagne sur la demande d’autorité, la peur et l’identité nationale.
En ce sens le livre de Nicolas Sarkozy est un avertissement pour la gauche, et ce, quel que soit in fine son candidat. Car celle-ci ne pourra pas échapper à ces débats inflammables dont la droite et l’extrême droite feront leur petit bois pendant les six prochains mois. Faute de résultats probants sur le chômage et le pouvoir d’achat, elle ne pourra détourner les feux sur son terrain de prédilection, l’économique et le social. Il lui appartient donc de répondre de façon claire et forte. A elle d’opposer à cette déferlante identitaire une citoyenneté de combat, républicaine et sans concession face aux menaces. A elle surtout de concevoir un programme crédible de progrès, face aux discours de repli et de racornissement des droits. La gauche n’a pas choisi son terrain mais elle n’a pas encore perdu la campagne. Au travail !
A nos lecteurs. Nous sommes au regret de vous informer que notre colloque sur la Méditerranée ne pourra se tenir à Nice, comme prévu, les 14 et 15 septembre prochains, à la demande de la Métropole Nice-Côte d'Azur. Avec toutes nos excuses aux intervenants et aux participants.
Rien ne l’arrête, c’est d’ailleurs sa marque de fabrique. Après tout, cet homme-là n’avait-il pas promis il y a cinq ans, en cas d’échec, de quitter la vie politique?