L'Obs

Du côté de chez Blanche

JACQUES-ÉMILE BLANCHE, PORTRAITIS­TE DE LA BELLE EPOQUE. JUSQU’AU 18 SEPTEMBRE, LE POINT DE VUE, DEAUVILLE, RENS. : 02-31-14-40-00 ET WWW.NORMANDIE-IMPRESSION­NISTE.FR.

- JÉRÔME GARCIN

Une grande photo l’atteste : Jacques-Emile Blanche (1861-1942) peignait en costume trois-pièces, et cravaté. Même au travail, il sacrifiait aux lois de l’élégance. Sans doute voulait-il ainsi mériter l’estime et l’amitié des beaux esprits qu’il portraitur­ait avec un raffinemen­t proustien, dans des couleurs anglaises et des poses romaines : la comtesse Anna de Noailles, le compositeu­r Igor Stravinsky, le peintre John Singer Sargent, l’actrice Gilda Darthy, et beaucoup d’écrivains parmi lesquels, ici, Gide, Mallarmé, Montherlan­t, Bergson, Bernstein, Radiguet à la veille de sa mort ou encore Cocteau, en 1913, dans le jardin normand de l’artiste à O ranville (ci-contre). Des romanciers, poètes, dramaturge­s, philosophe­s dont il faisait mieux que dessiner le visage et les mains (ah, les admirables mains !), dont il semblait percer le coeur et livrer les plus intimes secrets. Il tenait vraiment de son père, le fameux psychiatre et aliéniste Emile Blanche, qui soigna, dans sa clinique de Passy, les grands corps malades de Nerval et de Maupassant. Un père tutélaire dont le portrait ouvre symbolique­ment cette belle exposition, qui rassemble vingt-cinq toiles de son fils inspiré, venues pour la plupart du Musée des Beaux-Arts de Rouen. Elles sont accrochées avec beaucoup de tact au Point de Vue, l’ancien Yacht Club de Deauville, construit en 1929, qui donne sur la plage saganesque des étés sans fin. On préconise d’aller admirer l’oeuvre de Jacques-Emile Blanche en empruntant les Planches au rythme lent et policé des villégiatu­ristes de la Belle Epoque.

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