L'Obs

L’opinion de Matthieu Croissande­au

- MATTHIEU CROISSANDE­AU PAR M. C.

C’est le dernier passe-temps à la mode. Depuis que François Hollande a sabordé – et de quelle manière ! – sa rentrée politique, la gauche désespérée s’échine à lui trouver un remplaçant.

Au petit jeu du recours, trois noms se distinguen­t : ceux d’Arnaud Montebourg, de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron. On leur fera grâce de souligner qu’ils doivent tous leurs galons à François Hollande ou d’insister sur le fait qu’avant de se bagarrer, ils se faisaient la courte échelle joyeusemen­t. Il paraît bien loin en effet le temps où Montebourg mettait tout son poids dans la balance pour appuyer la nomination de Valls à Matignon, lequel se réjouissai­t six mois plus tard du beau symbole que représenta­it la nomination à Bercy de l’ancien banquier Emmanuel Macron. Au diable la cohérence… En politique, l’eau coule toujours très vite sous les ponts.

Premier à s’être lancé dans la course, Arnaud Montebourg a pour lui de s’être fait débarquer du navire il y a deux ans. Il peut donc légitimeme­nt s’exonérer du bilan. L’ancien ministre du Redresseme­nt productif occupe le créneau de la gauche souveraini­ste. Il a les défauts et les qualités de ses emportemen­ts. C’est un Don Quichotte qui plaît aux socialiste­s qui n’aiment rien tant que se battre contre les moulins à vent.

Pris au piège de la loyauté institutio­nnelle qui le lie au président de la République, Manuel Valls, lui, tente depuis quelque temps de faire entendre sa petite musique. Faute de pouvoir se démarquer de l’action du gouverneme­nt, il se bat sur le terrain de l’incarnatio­n, en martelant de façon subliminal­e une seule question : « Qui fait le plus président? » Sa raideur républicai­ne lui tient lieu pour l’instant de viatique. C’est le Cambronne du Waterloo socialiste. Avec lui la garde peut mourir tranquille, elle ne se rendra pas…

Des trois remplaçant­s, Emmanuel Macron reste à ce jour le plus déterminé et le plus énigmatiqu­e. L’ancien conseiller de François Hollande s’est mis en marche il y a deux mois seulement. Personne n’est en mesure de dire précisémen­t à quoi ressemble son programme, sinon qu’il ne différerai­t guère de celui de Manuel Valls sur un plan économique. Mais c’est dans le style qu’il joue de ses différence­s. Plus libéral et sans doute plus libertaire que les deux premiers, il marche aujourd’hui sur l’eau et ne s’embarrasse pas de la doxa socialiste. C’est à la fois sa force et la limite de ce Bel-Ami de la vie politique.

Ces trois-là pensent-ils pouvoir l’emporter sérieuseme­nt ? Non. Il s’agit pour eux surtout de relever le gant et d’offrir à un électorat déboussolé une défaite honorable que d’aucuns espèrent même refondatri­ce, histoire de reconstrui­re sur les décombres du hollandism­e un avenir pour la gauche de gouverneme­nt. Drôle de calcul à l’évidence. Car, même en tournant et retournant les pièces du puzzle socialiste dans tous les sens, il faut se rendre à l’évidence : tous les potentiels supplétifs qui se targuent d’exercer leur droit d’inventaire ont participé de près à la liquidatio­n. Ils sont donc, tous et chacun à leur manière, comptables de la situation. Et tous, pour le moment, tributaire­s de la décision du président…

AU PETIT JEU DU RECOURS, TROIS NOMS SE DISTINGUEN­T : CEUX D’ARNAUD MONTEBOURG, DE MANUEL VALLS ET D’EMMANUEL MACRON.

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