L'Obs

LA PIERRE, ÇA DURE!

Rendements attractifs, volumes d’affaires en hausse… Les investisse­ments locatifs se portent bien. Mais gare aux taux d’intérêt

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Face à des produits financiers moins rémunérate­urs, la pierre séduit plus que jamais. L’investisse­ment locatif en direct sert des rendements annuels compris entre 2,5 et 4%. Porté par des taux d’intérêt historique­ment bas et des prix en repli ces dernières années, le pouvoir d’achat immobilier s’est apprécié. Les investisse­urs ont été nombreux à profiter de cette aubaine et à concrétise­r une opération immobilièr­e. Dans l’ancien, le volume des transactio­ns pourrait atteindre le cap des 830000 d’ici à la fin de cette année, contre 803 000 en 2015. Dans le neuf, grâce au dispositif fiscal Pinel, les investisse­urs réalisent plus de 50% des acquisitio­ns. Mais qu’en sera-t-il en 2017 ? Faut-il continuer à surfer sur cette vague immobilièr­e et privilégie­r ce place- ment ? La pierre reste un bon moyen pour se constituer un capital sur la durée. Toutefois, avant de passer à l’acte il faut prendre plus de précaution­s que les précédente­s années. Car on doit se rendre à l’évidence, la période bénie de baisse des taux et des prix est révolue. Du côté des crédits, les niveaux sont certes toujours aussi attractifs, et des baisses ont encore été constatées ces dernières semaines. Mais les spécialist­es estiment que l’on est arrivé à un point bas avec des barèmes qui bougeront peu, ou à la marge. Sauf événement imprévisib­le, cette stabilité devrait perdurer d’ici à la fin de cette année. Dans le sillage d’une possible remontée des taux de la Banque centrale, un changement progressif de tendance pourrait s’amorcer à plus long terme. Du côté des valeurs, c’est net : elles grimpent partout en France, notamment dans les grandes villes. L’offre de biens

ne répond plus à l’afflux de demandes émanant à la fois des investisse­urs et de ménages qui achètent pour se loger. Face à cette accélérati­on générale des ventes, le stock des biens peine à se reconstitu­er. En dépit de ce changement de tendance, il n’est pas encore trop tard pour investir : voici trois façons de mettre de la pierre dans son patrimoine.

LES ATOUTS DU NEUF

Avec un rendement de 2 à 3% par an (hors avantage fiscal), le « Pinel » reste sans conteste la solution immobilièr­e la plus rentable aujourd’hui pour investir dans le neuf. Grâce aux économies d’impôt générées par ce dispositif, aux loyers encaissés et à un crédit peu coûteux, l’effort d’épargne de l’investisse­ur reste modéré. Ce dispositif de soutien à l’investisse­ment locatif fait un tel tabac qu’il a été prolongé jusqu’au 31 décembre 2017. Au-delà de cette échéance, difficile de savoir ce que l’Etat décidera. Entre-temps, il y aura eu l’élection présidenti­elle, et peut-être une énième nouvelle loi immobilièr­e, dont on ne sait pas, à ce jour, si elle sera plus ou moins avantageus­e que l’actuelle. Autant dire qu’il est temps d’investir avant que les choses ne changent ou ne s’arrêtent. Mais gare à l’inflation actuelle des valeurs, qui pourrait faire acheter trop cher et abaisser le rendement! Autre facteur susceptibl­e d’obérer la performanc­e d’un Pinel : la difficulté à trouver un locataire en raison d’un excès d’offre de logements neufs à louer dans un quartier nouveau colonisé par les promoteurs. Si c’est le cas, le loyer effectif risque d’être moins haut que celui qui était espéré au départ. Ce changement dans le montant des recettes locatives peut bouleverse­r tout l’équilibre du montage financier présenté par le promoteur. Autant s’assurer de pouvoir fournir un effort d’épargne supplément­aire.

LES CHARMES DE L’ANCIEN

Dans l’ancien, les prix sont 15 à 20% moins élevés que dans le neuf. Acheter à crédit un bien destiné à la location avec des travaux à la clé s’avère une bonne option pour faire baisser sa pression fiscale. D’une part, les intérêts du prêt immobilier sont entièremen­t déductible­s des revenus fonciers et viennent alléger l’assiette taxable au barème de l’impôt sur le revenu. D’autre part, le coût de tous les travaux vient s’imputer sur le revenu global. Le déficit foncier consécutif à ces dépenses est limité à 10700 € par an. Néanmoins, les sommes excédant ce plafond sont reportable­s et peuvent être déduites au cours des dix années suivantes. C’est peu connu, mais le dispositif Pinel s’applique aussi dans de l’ancien à réhabilite­r. L’avantage fiscal est le même que dans le neuf et prend effet à la livraison du bien. Il permet une réduction d’impôt égale à 12% du montant investi sur 6 ans, 18% sur 9 ans et 21% sur 12 ans. A cela s’ajoute une optimisati­on immédiate du déficit foncier grâce à la réalisatio­n de travaux importants pendant la phase de réhabilita­tion. Contrairem­ent au neuf, ces biens bénéficien­t d’une bonne localisati­on en centre-ville. Même en mauvais état, l’habitation en question a le mérite d’exister et peut se visiter. Toutefois, devenir propriétai­re d’un bien ancien engendre des coûts récurrents à intégrer dans son budget. Impossible de faire l’impasse sur l’entretien régulier de l’appartemen­t pour en conserver, au fil des ans, sa valeur et son attractivi­té. Cela passe par une remise en état entre deux locataires ou par la réalisatio­n de réparation­s liées à l’usure naturelle. Autres dépenses à ne pas sous-estimer : les charges de copropriét­é relatives à l’entretien courant des parties communes et à la réalisatio­n d’importants travaux de réfection dans l’immeuble.

LE VIAGER SANS ÉTATS D’ÂME

Investir en viager permet à un particulie­r de devenir propriétai­re d’un bien avec une décote pouvant aller jusqu’à 30%. Plus le vendeur est jeune, plus ce rabais sera important. Rappelons que le viager est un transfert de propriété de gré à gré au cours duquel l’acheteur (« débirentie­r ») paie au vendeur (« crédirenti­er ») un « bouquet », soit une somme d’argent versée immédiatem­ent chez le notaire le jour de la signature de l’acte. De plus, l’acheteur s’engage à verser chaque mois (ou trimestre) une « rente viagère » au vendeur jusqu’au décès de ce dernier. C’est à ce moment qu’il devient entièremen­t « maître des murs » et qu’il est possible de calculer le vrai coût de cet investisse­ment. C’est un moyen de se constituer à moindre coût et au fil du temps un patrimoine immobilier en vue de la retraite.

ACHETER À CRÉDIT UN BIEN DESTINÉ À LA LOCATION AVEC DES TRAVAUX À LA CLÉ S’AVÈRE UNE BONNE OPTION POUR FAIRE BAISSER SA PRESSION FISCALE.

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