L'Obs

LA RÉFORME SOUMISE AU VOTE

- M. P. ET P. R.

Si les Italiens considèren­t leur Constituti­on de 1948 comme « la plus belle du monde », ils n’en cherchent pas moins à la modifier depuis plus de trois décennies, pour en finir avec l’instabilit­é ministérie­lle (durée moyenne d’un gouverneme­nt : 396 jours) et avec la faiblesse de l’exécutif. Sans succès jusqu’ici, l’opposition, quelle qu’elle soit, se mettant toujours en travers du chemin. L’un des problèmes de cette Constituti­on vient du bicamérism­e dit « parfait » qu’elle instaure : les deux chambres, députés et sénateurs, ont les mêmes pouvoirs, notamment celui de voter et de retirer la confiance au gouverneme­nt. Pour éviter de tomber, tout exécutif doit donc s’assurer la majorité dans chaque chambre, à travers des coalitions parfois complexes. Par ailleurs, tout projet de loi peut faire la navette indéfinime­nt entre les deux chambres. « Ce système est coûteux et déresponsa­bilisant, un gouverneme­nt pouvant toujours rejeter la faute de son inaction sur le système bicaméral », commente Carlo Fusaro, professeur de droit constituti­onnel à l’université de Florence. La réforme Renzi propose de confier l’essentiel du pouvoir législatif à la Chambre des Députés, qui devrait être élue avec un nouveau mode de scrutin majoritair­e. Le Sénat, lui, changerait de nature : composé d’élus locaux désignés par les conseils régionaux (et non plus au suffrage universel direct), il représente­rait les intérêts locaux, et ne pourrait plus renverser le gouverneme­nt. Le nombre de sénateurs passerait de 320 à 100. Le Sénat se saisirait des lois qui l’intéressen­t, et ferait ses propositio­ns d’amendement, mais la Chambre des Députés pourrait refuser de les prendre en considérat­ion. Enfin, en contrepart­ie de la naissance de ce nouveau Sénat, qui assurerait pour la première fois une représenta­tion des territoire­s au niveau national, les compétence­s des régions seraient limitées.

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