On en parleMelania Trump sera-t-elle boudée par la mode?
Une fronde est née au lendemain de l’élection américaine, après le refus de certains créateurs d’habiller l’épouse du nouveau président des Etats-Unis. Dégénérera-t-elle jusqu’au boycott?
Elle est arrivée dans cette incroyable combinaison blanche, une épaule dénudée, signée du grand nom de la mode Ralph Lauren. Cheveux détachés, sourire appuyé – les médisants diront carnassier –, un tantinet mal à l’aise. Aucun bijou, à part son (énorme) bague de fiançailles et un bracelet. Le 9 novembre, au Hilton Midtown Hotel, à New York, alors que Donald Trump ouvrait son premier discours de président des Etats-Unis, Melania, sa femme depuis onze ans, faisait sa première apparition en tant que First Lady.
Son regard slave et son mètre 80 impressionnent autant qu’ils dérangent. Pendant la campagne, elle est restée en retrait, ses rares interventions rapidement moquées. La discrète Mme Trump a par ailleurs annoncé que son fils Barron, 10 ans, et elle ne s’installeront pas pour l’instant à la Maison-Blanche. Il faut dire que la précédente locataire a marqué les lieux.
Melania Trump succède à Michelle Obama, première First Lady afro-américaine à la cote de popularité au zénith. Alors que Michelle avait immédiatement instrumentalisé la dimension politique de l’habit et gagné une crédibilité dans le milieu de la mode, les marques ne se précipitent pas aux portes de la Trump Tower après l’élection du candidat républicain… Pire, la créatrice française Sophie Theallet, installée à New York et plébiscitée par Michelle Obama, a expliqué o ciellement sur Twitter qu’elle n’habillera pas la nouvelle première dame. Partisane de la « diversité », la styliste dénonce « la rhétorique raciste, sexiste et xénophobe utilisée par la campagne présidentielle de son mari ». Une position tranchée qui inaugure des liens tendus, inévitables, ou juste polis, entre le milieu influent de la mode et Melania Trump.
Sera-t-elle vraiment boycottée ? Ou deviendra-t-elle cette arme politique, une femme de président dont les tenues sont constamment scrutées ? Certains créateurs, comme Jeremy Scott, restent prudents et préfèrent attendre : « Nous ne connaissons pas Melania », dit-il. Tommy Hilfiger est, lui, catégorique : « N’importe quel créateur devrait être fier de l’habiller. » Louant la plastique de Melania et d’Ivanka, la fille de Donald Trump, le designer les considère comme les « meilleures ambassadrices ». Feront-elles la une du « Vogue », dont la rédactrice en chef Anna Wintour n’a jamais caché son soutien à Hillary Clinton ?
Melania Knauss, arrivée aux Etats-Unis en 1996, est une incarnation de ce rêve américain. Enfance paisible en Slovénie, carrière de mannequin à l’adolescence, feuilletant les magazines de mode ramenés par sa mère couturière, elle est passée de jolie poupée slave à Américaine Wasp. Oubliant mini-robes pailletées, grosses fourrures et décolletés plongeants, elle a adopté « un style traditionnel et classique », dit-elle. Un vestiaire chic en beige et blanc, avec manteau Balmain et escarpins Louboutin.
La presse outre-Atlantique s’en est donnée à coeur joie en rappelant son passé d’escort girl, ses unes de magazines olé olé, ses photos nue dans des positions lascives. Certains ont même balancé qu’elle aurait été un temps sans-papiers… Dès le lendemain de l’élection, il ne manquait plus que « l’a aire » du bracelet de la fille de Donald, Ivanka, créatrice de vêtements et de bijoux. Une pièce en or à 10 000 dollars qu’elle portait lors de la première interview télévisée de Trump président. Coup de pub matérialisé dès le lendemain par une alerte sur les réseaux sociaux au profit de la société d’Ivanka. Pour éviter les accusations de conflit d’intérêts, la jeune femme a récemment dissocié son Instagram privé de celui de sa société. On risque fort d’être surpris par les femmes de l’empire Trump…
Dans tous les cas, les Français scruteront l’influence de Melania avec attention. Car, sur ce point, l’Hexagone a devancé ses cousins américains : Carla Bruni-Sarkozy à l’Elysée, voilà qui avait fait grand bruit. La liane italienne, top model elle aussi, e rontée aux seins à l’air pour Chanel, avait réussi à habiter la jolie dame sage avec bibi et manteau Dior face à la reine d’Angleterre. De quoi inspirer Melania, qui possède un bon sens du style… et de l’à-propos. Lors d’un débat crucial, alors que les médias ne parlaient que des confidences salaces de Donald Trump sur les femmes, elle était arrivée en blouse de soie fuchsia : la « Pussy Bow » par Gucci (photo ci-contre). Un hasard ? Une manière sans doute de dire qu’elle peut tout porter, puisqu’elle peut tout s’acheter.