Renseignement Ces espions qui traquent les terroristes
Alors que la menace terroriste demeure et qu’un nouvel attentat vient d’être évité, “l’Obs” a pu partager pendant plusieurs semaines le quotidien des hommes du renseignement territorial chargés de surveiller les personnes radicalisées. Une tâche aux allur
De loin, les schémas accrochés aux murs ressemblent à des arbres généalogiques avec des traits noirs, en pagaille, et des petites photos à chaque extrémité. De près, on y décrypte rapidement les noms des principaux terroristes qui ont frappé la France ces derniers mois. Abdelhamid Abaaoud. Salah Abdeslam. Fabien Clain. Il y a là l’organigramme du 13 novembre. Juste à côté, celui des principales filières françaises. Cette funeste décoration a été accrochée il y a quelques mois entre deux insignes de police et des décorations militaires dans les bureaux de la cellule chargée de l’évaluation de la radicalisation, dans ce service du renseignement territorial (le SCRT, ex-RG.) Pile à la hauteur du regard.
Ce soir-là, la plupart des bureaux sont vides. Il est 19 heures. Marc a allumé une loupiote au-dessus du sien. Lui n’est pas près de rentrer. Il fait partie du groupe « Rad », comme on dit ici. « Rad » pour « radicalisation ». Il est chargé, depuis les attentats de « Charlie Hebdo », de détecter tout signal, même faible. Et il vient justement de recevoir une jeune femme. Son ex-mari, lui a-t-elle confié, est venu chez elle la veille pour voir ses enfants et lui a emprunté sa tablette. Déjà connu des services pour sa pratique dure et radicale de l’islam, l’homme a cette fois effectué des recherches dénuées de toute ambiguïté. Il a tapé « Etat islamique », puis « comment égorger un homme ». La mine soucieuse de Marc vieillit son visage juvénile. Elle s’obscurcit un peu plus face aux images de la vidéo consultée par le suspect. Elles sont insoutenables. L’heure est grave. Mais personne ne s’énerve, personne ne court, personne ne s’agite. Une note est immédiatement envoyée à Paris ; la photo du suspect est diffusée à toutes les patrouilles. « Il pourrait décider de s’en prendre dès ce soir à un policier, explique Christine, l’adjointe du service. Depuis Magnanville [le meurtre d’un couple de policiers en juin 2016, revendiqué par Daech, NDLR], nous redoublons de vigilance. Nous avons également demandé qu’il soit immédiatement fiché S. S’il est contrôlé lors d’une vérification de routine, on en saura plus sur ses éventuelles fréquentations ou son état d’esprit. » Impossible de faire quoi que ce soit d’autre dans l’immédiat. Ils évoqueront le dossier dès le lendemain en réunion pour mettre en place un suivi. Les agents des
services territoriaux sont chargés de surveiller le « bas du spectre », expression un brin ésotérique pour désigner ceux qui inquiètent mais n’affolent pas les services. La DGSI, elle, prend en charge le « haut du panier » (autre expression en vogue dans le monde du renseignement.) « C’est la routine, constate Christine en soupirant. On est obligé de tout vérifier, on ne laisse rien passer. La nuit, on se réveille en se disant : “Est-ce que j’ai bien mis en place tous les dispositifs possibles?” Le stress ne s’arrête jamais. »
Cette équipe d’espions du quotidien que « l’Obs » a pu suivre en exclusivité pendant plusieurs semaines est installée dans le couloir anonyme d’un grand commissariat de province. Leur nom ne figure nulle part, ils entrent par des portes dérobées. A leur demande, nous avons changé tous les prénoms et gardé le lieu secret.
JEUDI, 14H30 Evaluation et fausses alertes
Marc et Mathieu, les deux agents de la « Rad », ont fait face pendant cinquante minutes à un homme d’une vingtaine d’années, assigné à résidence depuis un mois. Mais l’audition n’a rien apporté. Le jeune homme, narquois, a juré qu’il n’était pas radicalisé, mais « simplement musulman ». Il a nié avoir acheté la documentation islamiste retrouvée chez lui : « Ce n’est pas à moi, c’est à ma femme. » Tendus, les deux agents interrompent l’audition pour aller fumer dehors. Ils soupirent : « On sait qu’il ment, nous avons des preuves, mais on ne peut pas l’obliger à nous parler. » Le suspect semble être un adepte, comme tant d’autres, de la fameuse takiya, cet art de la dissimulation enseigné aux djihadistes vivant sur des territoires de « mécréants ». C’est son entourage qui a donné l’alerte par le biais de la plateforme antidjihad du ministère de l’Intérieur. « Dans l’évaluation, il y a une vraie prise de risque, admet la commissaire divisionnaire G., à la tête de la division “radicalisation” au niveau national. Ce n’est pas une science exacte. Certains vont être évalués non radicalisés à un instant, puis ils vont rencontrer une fille ou se faire larguer et ils basculeront d’un coup. S’ils commettent un attentat à ce moment-là, ils ne sont plus dans nos radars. »
Les techniques d’évaluation sont recensées dans un grand classeur bleu. Une liste de signaux ont été répertoriés : aversion soudaine pour la télé ou la musique ; changement d’habillement et d’habitudes alimentaires ; refus de pratiquer un sport collectif mixte. « Dès que les indicateurs
s’accumulent, on y regarde de plus près », détaille Paul, adjoint de la cellule « Rad », qui a rejoint l’équipe récemment après dix ans de police judiciaire. Le service croule aussi sous les fausses alertes, autant de temps perdu. « Prononcer aujourd’hui les mots “Daech”, “djihadisme”, “radicalisation” dans un service de police, c’est comme prononcer “Voldemort”, constate Marc, fataliste. Tout le monde est saisi d’effroi, et la machine se met en branle très vite. » Il arrive même que des parents de fugueurs agitent ce chiffon rouge sans vergogne. Tout comme un chef d’entreprise décidé à se débarrasser d’un syndicaliste gênant.
MARDI, 11 HEURES “En gros, on vous fout à poil”
Cette semaine, le commissariat accueille une promotion de jeunes gardiens de la paix. Dans quelques heures, ces vingt jeunes hommes et femmes bien droits dans leur uniforme rigide vont faire leurs premiers pas sur le terrain. Avant ce baptême du feu, ils ont été regroupés dans une grande salle impersonnelle avec vue sur une bretelle d’autoroute pour rencontrer les différents chefs de service. Bruno, le chef du « RT » (renseignement territorial) dans le département, n’a qu’une heure pour les sensibiliser au risque terroriste. Il a décidé de leur faire peur et a demandé quelques recherches sur la vie personnelle des jeunes recrues. Il pose des dossiers sur le bureau. « Parmi vous, ils se reconnaîtront, certains draguent sur le site de rencontres Badoo et ne cachent ni leur visage ni leur métier. Demain, si un terroriste est envoyé par Daech pour tuer un flic, vous êtes une cible rêvée. » Tous les regards plongent vers le sol, et quelquesuns se tordent les mains. Le message à faire passer est simple : il faut tout effacer sur les réseaux sociaux – les photos des enfants, les noms de famille, tout. « On est en guerre, et vous êtes des cibles », répète Bruno, qui tente aussi de convertir ses auditeurs en « capteurs de terrain ». « Vous êtes également mes yeux, mes oreilles. Un jeune qui se laisse pousser la barbe subitement, ce n’est pas forcément un islamiste, mais s’il est en rupture, si la religion s’impose dans sa vie civile, alors il faut le signaler. » La petite leçon d’espionnage se poursuit : « Lors des contrôles, vous allez également être confrontés à des personnes fichées S, et votre participation est alors essentielle. Tout le monde sait évidemment ce qu’est une fiche S et comment vous devez réagir? » Personne ne moufte sur sa chaise. Ils sont censés savoir quelle conduite tenir devant une personne fichée S– « S » pour « sûreté de l’Etat ». Malaise dans la salle. Bruno dresse aussi le profil type d’un agent de renseignement. Depuis deux ans, après chaque attentat, il reçoit une avalanche de demandes d’affectation spontanées. Pour être recrutés, ces candidats doivent se soumettre à une enquête approfondie pour obtenir l’habilitation « confidentiel-défense ». « Ils ne doivent pas avoir de points faibles sur lesquels les services étrangers pourraient faire pression. Pas de maîtresse, pas d’amant. Pas de dettes. Pas de problème de drogue ou d’alcool. En gros, on vous fout à poil avant de vous embaucher. »
MERCREDI, 10H30 “Dans sa tête, il est en Syrie”
M. est surveillé par le service. Pour ce schizophrène, Daech est devenu une obsession. Tant qu’il suit son traitement, tout va bien. S’il l’oublie, tout est possible. « M. est toujours aussi instable, remarque Paul, le chef adjoint de la “Rad”. Il est diagnostiqué en Syrie dans sa tête et n’en est pas revenu… » Environ 150 profils similaires existeraient en France. Ces personnalités fragiles mais radicalisées relèvent de la psychiatrie, mais le service ne veut lâcher personne. Parfois, les professionnels de santé opposent le secret médical ; parfois, ils coopèrent. Dans le cas de M., son psy a accepté de prévenir les agents si son patient disparaissait subitement de la circulation. Ce mercredi matin, son cas fait partie des dossiers présentés à tous les acteurs du renseignement dans le département (DGSI, services pénitentiaires, gendarmes). Toutes les semaines, autour d’une grande table, ils se réunissent et mettent leurs ressources en commun pour éviter que des profils ne soient oubliés ou mal suivis.
Le cas numéro deux est celui de Fadila. Moins de 20 ans, voilée, amoureuse d’un homme considéré comme radical, elle aurait déclaré via Skype être prête à poser des bombes à Paris. Convoquée, elle a juré que c’était faux. Ses relations familiales sont distendues, compliquées… « Elle est fichée ? » s’inquiète Christine, la chef adjointe. « Non, plus maintenant. – Il faudrait peut-être la faire évaluer de nouveau ? » Fadila sera contactée dès la fin de la réunion. Christine jongle avec ses portables et ne peut s’empêcher de commencer tous ses SMS par « Urgent ». Tout l’est. Outre la « Rad », elle doit superviser les voyages officiels programmés dans la région, vérifier que le leader de l’ultragauche locale est venu déclarer le parcours de la prochaine manifestation, surveiller la montée en puissance d’un mouvement opposé au tracé du TGV…
« On ne les lâche pas, dit en soupirant l’un des agents. Et on ne se décourage pas, non. On ne peut pas se le permettre. » Un autre confie avoir pris 10 kilos après les attentats du 13 novembre à Paris. Une troisième évite de se rendre en famille aux grands rassemblements publics,
« pour ne pas devenir totalement parano et regarder partout ». « Mon cauchemar reste aujourd’hui le tueur de Nice. Sa dangerosité a échappé à tous les services de surveillance », avoue un dernier agent.
MARDI, 14H30 Les campagnes sous surveillance
L’actualité récente a montré que la campagne normande a pu enfanter un Maxime Hauchard, ce jeune homme né dans l’Eure, devenu l’un des principaux bourreaux de Daech et placé par les Américains sur la liste des terroristes les plus recherchés. Aucune parcelle du territoire ne peut donc être laissée à l’écart. Pour guetter les « signaux faibles » de la radicalisation jusqu’au fin fond des campagnes, 250 gendarmes sont aujourd’hui intégrés au service de renseignement territorial. « Tous restent dans les locaux de la gendarmerie, donc proches du terrain, indique le colonel C., l’un des adjoints du chef du SCRT, lui-même gendarme. Les différents attentats ont montré qu’aucun territoire n’était épargné, qu’il y avait aussi une problématique du repli identitaire loin des grandes villes, loin des projecteurs. »
VENDREDI, 6 HEURES “Il est peut-être en train d’essayer d’acheter des armes”
Ce matin-là, Olivier fait équipe avec Flore pour une longue journée de filature. Ils appartiennent au bras armé du RT, une unité spéciale et secrète chargée des « filoches », des planques devant les mosquées, des infiltrations. Ce sont eux qui posent, si besoin, micros et caméras. Olivier a toujours voulu faire ça : « Etre espion », c’est une évidence, une vocation. « Notre travail consiste à rester invisible tout en permettant de résoudre des enquêtes et d’empêcher des passages à l’acte, raconte cet ancien militaire à la carrure d’athlète qui a rejoint les rangs du “RT” il y a un an et demi. J’ai beaucoup lu, des romans d’espionnage évidemment, mais pas seulement. » Pour rejoindre les rangs de cette section d’élite, « il ne faut surtout pas avoir une tête de flic, s’amuse l’un d’entre eux. Avoir un physique passe-partout, banal, pour ne pas être repérable ». Il suffit ensuite d’une paire de lunettes, d’une casquette ou d’un foulard pour changer de look. Olivier a des valises pleines de déguisements dans son coffre.
Ce jour-là, trois binômes cherchent à connaître les habitudes du jeune S., délinquant reconverti depuis peu dans le djihadisme. Voir dans quelle mosquée il se rend pour la prière du vendredi. Et éventuellement prendre en photo ses connaissances. Déjà connu pour des faits de violence, il a subitement changé ses habitudes. Il ne fume plus, ne boit plus d’alcool et refuse de saluer les femmes. Une barbe mange son visage, et il a troqué son jogging contre un kamis. L’homme est également influençable, peu sûr de lui. Et lève-tard. Il est presque midi, rien ne bouge. Un « dispo » (dispositif de surveillance) peut durer des heures, parfois une journée entière, pour rien. Le service n’a obtenu l’autorisation d’utiliser les moyens de surveillance technique (micros dans les appartements, caméras devant la porte, balises sous les voitures) que depuis décembre 2015. Il n’y recourt donc encore que rarement. Ce sont les agents qui le disent, nous ne pouvons pas le vérifier.
Un des binômes va boire un café quand la radio crache ses premiers sons. « La porte s’ouvre. Je répète : la porte s’ouvre. » Alain, le chef d’équipe, baisse la musique qui avait envahi l’habitacle de sa voiture. La voix de Julien Clerc s’éteint. S. est enfin sorti de chez lui ; l’heure de la prière approche. Flore et Olivier – méconnaissables – le suivent à pied. « L’objectif » grimpe dans un tram, direction l’un des quartiers chauds de la ville. « Dans certains quartiers, surtout quand il y a des trafics de shit et des guetteurs partout, il faut trouver des planques pour surveiller, sinon on se fait repérer tout de suite, détaille Alain, rodé aux techniques de surveillance grâce à ses années passées aux stups en région parisienne. Il faut alors trouver un agent immobilier sympa qui nous
file les clés d’un appartement vide. Un patron de magasin compréhensif. Un local vide. » S. est entré dans la mosquée. L’équipe a pris des photos, puis l’a suivi sur un nouveau lieu de prière, inconnu de leurs services. La filature a duré plus de quatre heures ; le dispositif est levé.
« Le doute doit nous habiter, confie le commissaire divisionnaire B., chef de la division recherche et appui au niveau national. Certains des derniers attentats ont utilisé des modes opératoires assez basiques, avec des signaux faibles, difficiles à appréhender. Nous devons beaucoup compter sur nos fondamentaux et notre sens policier, c’est notre bâton de sourcier. »
VENDREDI, 21 HEURES “On ne soigne pas un cancer avec des tisanes”
Pendant toute la semaine, Nicolas, exmilitaire reconverti dans le renseignement, a enchaîné les dispositifs de surveillance. Il n’a pas eu le temps de suivre les écoutes téléphoniques en cours. Il disparaît donc pour quelques heures dans la petite salle ultrasécurisée réservée aux interceptions. Dans le groupe, Nicolas est également chargé de gérer les indics, que l’on appelle ici les « sources humaines ». Le sujet est sensible… En matière de terrorisme, le recrutement est compliqué. « On ne peut pas jouer sur la fibre classique de la vengeance ou de la dénonciation d’un concurrent comme en stups », constate-t-il. Un autre ajoute : « Avant, on pouvait faire obtenir des papiers à quelqu’un en échange d’un service, ne pas attendre des lustres avant de faire une écoute. Aujourd’hui, il nous faut des mois pour avoir un relevé EDF, un fichier CAF. Tout est trop lent. Franchement, on ne soigne pas un cancer avec des tisanes. » Le discours est dur. Pour autant, personne, ici, n’adhère aux fantasques propositions de la droite d’enfermer les fichés S. « Les fiches S, ce sont des outils de surveillance, rien de définitif, rien de certain, il faudrait l’expliquer une bonne fois pour toutes à la population, s’énerve un agent. Nous en avons besoin pour surveiller des filières, des trajectoires, pas pour embastiller les gens ! »
Dans la liste des doléances figure aussi le manque de matériel. Un agent nous explique : « Nous sommes en première ligne pour lutter contre le terrorisme et nous n’avons pas de “soum” [de “sousmarins”, ces camionnettes banalisées utilisées pour des surveillances de longue durée, NDLR]. Nos caméras n’ont pas de renvoi wi-fi, et les batteries sont limitées. Et nous n’avons pas assez de voitures. Il y a un gros problème entre les effets d’annonce et le manque de moyens sur le terrain. » La direction du service tempère. « Nous avons plus de moyens aujourd’hui que nous n’en avons jamais eu, explique posément Jérôme Léonnet, inspecteur général à la tête du SCRT. Du nouveau matériel est attendu, nous venons par exemple de recevoir 200 nouvelles voitures. Nous sommes un service qui se construit. Chaque pas qui est fait est un pas en avant. » A l’automne, certains agents du service ont pourtant discrètement rejoint le mouvement des policiers en colère.
JEUDI, 17 HEURES “Nos victoires sont invisibles”
Temps mort. Aucune filature n’a été organisée aujourd’hui. Aucune audition n’est prévue. Le téléphone se tait. C’est le moment des enquêtes administratives : entretiens de naturalisation, enquêtes de moralité sur certains agents de la fonction publique… Le « RT » doit surveiller l’encadrement des grandes manifestations sur son territoire et écarter, éventuellement, un agent de sécurité s’il est fiché S. L’heure est également au « repeignage » des dossiers. Les personnes surveillées vivent-elles toujours au même endroit? Qu’en disent les familles, les proches, le conjoint? Fréquentent-elles toujours des sites internet inquiétants? Les équipes sur le terrain peuvent alors demander un coup de main à Paris, qui dispose d’une cellule de veille internet. L’une des dernières recrues de ce service parle arabe et connaît bien la religion musulmane. « Notre matière est mouvante, elle est sans cesse en action, explique Paul. Quand on évalue, on le fait à un instant T. Nos fichiers donnent un état des lieux à un moment précis, mais ils peuvent être rapidement obsolètes. » Au printemps dernier, un jeune suivi par le service s’est envolé vers la Syrie. Il avait été entendu ici. Son profil n’avait pas été jugé inquiétant, mais instable. Il a menti à tout le monde. « Nos victoires, c’est quand il ne se passe rien, résume Christine. Quand les gens que nous suivons ne passent pas à l’action. Nos victoires sont invisibles. Nous ne sommes pas là pour être vus. »