A la bonne heure Philanthropie de luxe
Pour les quarante ans de ses prix à l’esprit d’entreprise, à Los Angeles, la manufacture horlogère Rolex a déroulé le tapis rouge aux dix lauréats 2016
And the winners are… Sur la scène du Dolby Theater, mardi 15 novembre, des stars peu ordinaires ont été oscarisées : des acteurs du changement, « décidés à relever les grands défis de l’humanité par des projets visionnaires », selon le pitch des Rolex Awards. Sur les glaces du Groenland, James Cook, un Britannique de 29 ans, étudie la forêt gelée microbienne pour documenter le changement climatique et, par extension, le devenir de la planète. Egalement originaire du Royaume-Uni, Andrew Bastawrous, ophtalmologue de 36 ans, est parti au Kenya pour y révolutionner le diagnostic et la prise en charge oculaire grâce à un kit d’examen sur smartphone mis au point par son équipe. Franco-Tunisienne de 29 ans, Sarah Toumi, elle, plante des acacias sur la terre de ses ancêtres pour lutter contre la désertification et la paupérisation. Pour le 40e anniversaire de ce programme philanthropique, dix hommes et femmes ont ainsi été encouragés à concrétiser leur projet, cinq d’entre eux ont même été gratifiés de 100 000 francs suisses, 50 000 pour les moins de 30 ans. « Un esprit pionnier, une ingéniosité et une excellence : Rolex honore ses trois valeurs fondatrices », s’est félicité Bertrand Gros, président du conseil d’administration de la marque à la couronne.
Lancé lors du 50e anniversaire de l’Oyster, bijou technologique qui fut la première montre étanche au monde (photos), ce prix a récompensé « 130 idées qui ont changé le monde ». Depuis 1976, 17 écosystèmes protégés, 23 espèces étudiées, 13 expéditions menées, 2 000 articles scientifiques publiés ou, encore, 27 technologies inventées. Des faits étayent les chiffres. Luttant contre la mortalité routière en Inde, Piyush Tewari a obtenu de la Cour suprême un coup de volant décisif : en se portant au secours de victimes d’accident, la population comme la police ne sont plus exposées à des poursuites juridiques et financières. Quant à Mark Kendall, qui a mis au point un vaccin sans injection, son Nanopatch est testé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour éradiquer les maladies infectieuses. « Le prestige des Rolex Awards va bien au-delà de leur apport financier », soulignait Rebecca Irvin, directrice des programmes philanthropiques. Qu’il s’agisse de santé ou de patrimoine culturel, chaque projet est passé au crible d’experts renommés, telle l’artiste Ghada Amer cette année, comptant parmi les femmes arabes les plus puissantes du monde. A ce « Who’s Who », les lauréats ajoutent leur communauté, donnant lieu à des collaborations auxquelles Rolex prête volontiers main-forte. Ajoutez une couverture médiatique sur tous les continents. Sous les sunlights hollywoodiens, le mécénat n’a pas fait son cinéma, concluait James Cameron, maître de la cérémonie. « Anyone can change everything ! » Parole d’un réalisateur et explorateur.