Aller simple La fête helvète
Derrière son image de ville pour banquiers en costume trois pièces, la plus célèbre des villes suisses bouge et s’avère bien plus plus bouillonnante qu’il n’y paraît
C’est une sensation étrange que de déambuler dans les rues de Genève, où des siècles d’architecture se compilent, sans aucune unité. La ville est un agglomérat de bâtiments néoclassiques aux couleurs italiennes et d’immeubles seventies modernistes apparus au moment même où affluaient les banquiers du monde entier. Mais Genève est surtout une ville-monde dont l’effervescence fait fi de ce genre de conventions. Il y a quelque chose de possible ici, notamment dans l’art et la musique, où des partis pris radicaux donnent lieu à des fêtes exaltantes.
NUITS ÉLECTRIQUES DANS LES FRICHES
Emblème de la culture alternative genevoise, l’Usine est un lieu autogéré depuis 1989 – dix-huit collectifs réunis dans une ancienne manufacture de dégrossissage d’or aux airs de squat, qui a inspiré au fil des années d’autres lieux, comme la Gravière. Dans cette vieille usine pétrochimique, on vient danser sur le meilleur de la scène électronique. Une programmation pointue qui a donné lieu à une collaboration avec le festival Antigel l’année dernière. Projet pharaonique étalé sur deux semaines, Antigel investit friches, forêt, piscines, institutions en concevant des déambulations artistiques vertigineuses : battle de danses pour faire revivre l’émission « Soul Train », ciné-concert de Philip Glass, légende de la musique minimaliste, au Victoria Hall, performance terri- fiante de l’artiste Olivier de Sagazan dans un musée… Pour sa 7e édition, on se demande ce que va nous réserver le plus singulier des festivals européens. Festival Antigel, du 27 janvier au 19 février 2017. L’Usine, 4, place des Volontaires, ouvert tous les jours. La Gravière, 9, chemin de la Gravière, ouvert du mercredi au samedi.
LA SÉRÉNITÉ DES LENDEMAINS
Si les nuits genevoises sont agitées mais toujours disciplinées (nous sommes en Suisse), les journées sont aussi calmes que son lac, dont le bleu profond donne aux alentours des airs de bord de mer. On soigne ses folies de la veille à la Hamburger Foundation, qui propose l’un des dix meilleurs burgers au monde, selon l’appli de globe-trotters Twisper. Ici, seulement trois burgers au choix, allons à l’essentiel : un pain moelleux entourant une viande goûteuse dans la plus pure tradition américaine. Une formule pensée par trois amis qui affichent la couleur : « Nous ne sommes pas une vraie fondation. Mais si sauver les hamburgers de la malbouffe était une vraie cause, nous serions là-haut avec les Nations unies. » Un concentré d’esprit helvétique… Pour digérer, rien de mieux qu’un vrai thé à la menthe à la buvette des Bains de Pâquis, construction sur pilotis qui accueille les baigneurs depuis un demi-siècle le long de la digue, battue par les vents, face au célèbre jet d’eau. The Hamburger Foundation, 37, rue Philippe-Plantamour. Bains de Pâquis, 30, quai du Mont-Blanc.