WOLF AND SHEEP
PAR SHAHRBANOO SADAT
Drame afghan, avec Sediqa Rasuli, Qodratollah Qadiri, Amina Musavi (1h26).
On croirait la version afghane de « la Guerre des boutons ». A l’écart du monde répressif des adultes, des enfants bergers d’une dizaine d’années constituent une microsociété dans les montagnes arides. Deux bandes rivales, censées ne pas se fréquenter, se croisent, se toisent et finissent pas s’unir, en riant, contre leur ennemi commun : la louve, qui rôde autour des troupeaux de chèvres. Sans compter la sorcière verte, qui attend la nuit pour sortir. Les garçons s’exercent à la fronde – jusqu’à crever l’oeil de l’un d’entre eux. Les filles roulent leurs cigarettes et jouent à se marier. En bas, dans un hameau sans eau ni électricité, les pères font la morale et, le fouet à la main, sortent violemment de leurs gonds s’ils apprennent que la louve a frappé. Mais les enfants ont de la repartie, la langue bien pendue et de la gouaille – y compris sur la sexualité. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes, et tourné, pour des raisons de sécurité, dans une vallée du Tadjikistan voisin, ce premier film d’une jeune Afghane de 26 ans, née à Téhéran, est d’une simplicité minérale, d’une (fausse) candeur pastorale. C’est à peine une fiction et plus qu’un documentaire. Disons, une fable. Il ne s’y passe presque rien, et c’est tout un monde d’avant le monde qui surgit à l’écran.