LA FRANCE CHAMPIONNE DES INÉGALITÉS
Première leçon du classement Pisa 2016 : les pays asiatiques confirment leur suprématie. Ils obtiennent entre 15 et 60 points de plus que le score moyen de l’OCDE (établi cette année à 493 points au lieu de 500, signe par ailleurs que le niveau moyen recule). D’autres modèles éducatifs moins axés sur l’effort et la discipline font aussi très bien : l’Estonie, le Canada et la Finlande. Mais cette dernière, prix d’excellence des premières évaluations Pisa, est définitivement détrônée. « La proportion de très bons élèves a diminué, et les résultats des garçons tirent la moyenne vers le bas », explique Eric Charbonnier, analyste à la direction de l’Education de l’OCDE. Pourquoi ? Les raisons profondes restent à comprendre. Avec un score de 495 points, la France se situe, avec l’Autriche, les Etats-Unis et la Suède, dans la moyenne des pays de l’OCDE. Elle est au 27e rang en sciences, le domaine plus particulièrement évalué cette année ; au 19e rang ex aequo avec la Belgique en lecture ; et au 26e rang en maths. Précision : comme les élèves qui ont été évalués sont nés en 2001 (ils ont grandi sous les présidences Chirac et Sarkozy), le classement ne peut mesurer les impacts éventuels de la loi de refondation de l’école, qui date de 2013. Mais l’essentiel en ce qui concerne la France est ailleurs : l’édition 2016 du classement Pisa confirme que les écarts scolaires se creusent. Certes, elle a plus de bons et de très bons élèves que la moyenne. Mais à l’autre bout du spectre, elle compte 14,8% d’élèves qui n’ont pas les outils minimaux pour suivre une scolarité normale, soit près de 2 points de plus que la moyenne de l’OCDE. Et cette différence a augmenté depuis 2013. Plus on vient d’un milieu pauvre en France, moins on a de chances de réussir à l’école. Et c’est pire pour les élèves immigrés ou issus de parents immigrés. Dans l’OCDE, qu’ils soient dans le premier ou dans le second cas, leurs résultats en sciences sont en moyenne inférieurs à ceux des autres élèves : 53 points de différence pour les premières générations, 31 points pour les deuxièmes générations. Et cette différence est 30% plus élevée en France. Avec la Hongrie, elle est la championne du déterminisme social à l’école.