Maman j’ai peur
Où l’on voit les vieux pots servir à la vieille soupe
Une nouvelle loi à propos de l’avortement. Encore une ? Cette question n’était pas réglée? Si, mais il faut bien de temps à autre faire naître une polémique. Manière de mettre l’adversaire politique en di culté, au cas où il aurait une expression, une tournure de phrase malheureuses. On la lui resservira jusqu’à plus soif. François Fillon, tenez, candidat désigné à la présidentielle par la primaire de la droite, et de religion catholique, avec cinq enfants, on s’est mis aussitôt à peser ses déclarations sur l’avortement comme s’il parlait de revenir dessus. Il s’en est à peu près tiré. De ses réponses, il est apparu que s’il était une femme il ne se ferait pas avorter, mais qu’il n’obligerait pas, une fois président, les femmes enceintes à l’imiter. Il sait qu’on l’a à l’oeil. Il va se tenir sur ses gardes jusqu’à mai de l’an prochain, date du scrutin. Ensuite, adieu-vat, il peut s’en passer, des choses, mais il serait étonnant, quand le pape vient de conseiller à ses prêtres l’indulgence, que M. Fillon, s’il est élu, aille tenter de faire de nouveau un crime de l’avortement.
Il y aura toujours des gens pour le considérer criminel. L’époque n’est pas si ancienne où il était interdit de conseiller l’avortement, d’y aider, de le pratiquer sur soi-même ou sur d’autres. Vous pouviez être emprisonné et même guillotiné. L’avortement se pratiquait quand même, clandestin, dangereux, le plus souvent sordide, il ne réussissait pas chaque fois et il a entraîné, pour des multitudes de femmes, et d’hommes par ricochet, des conséquences graves et de tous ordres. Cette époque pas si ancienne n’est un sujet de nostalgie que pour très peu de personnes mais elles existent.
De l’être vivant, dès sa conception, considéré comme sacré. Motif noble pour refuser l’avortement à soi-même et aux autres. De l’avortement considéré comme un acte incivique quand la Patrie a besoin de bras. Motif réel des lois d’interdiction à une époque où il fallait à la Patrie de la chair pour les canons. Ce besoin se fait moins sentir, seul le motif noble, en France, a encore cours chez les quelques-uns qui ne se contentent pas d’une morale pour euxmêmes et qui voudraient l’imposer à tout le monde. Naguère, les plus actifs s’enchaînaient aux portes des hôpitaux et des cliniques où étaient reçues les femmes désireuses d’avorter. Aujourd’hui, ils prêchent leur parole sur internet. Enchaînés, la police les délogeait. Sur internet, déloger est quasiment impossible avec des obstinés.
La morale, les obstinés savent qu’elle ne su t pas à convaincre les femmes. Pour les décourager, ils proposent des témoignages : vous allez être malheureuse, vous regretterez, vous aurez des remords. Votre angoisse sera pire et n’aura plus de fin. Vous allez vous retrouver seule, vous vous mettrez à boire, à vous droguer. Vous perdrez votre dignité. Tout pour faire peur. Vous tomberez malade. L’avortement peut conduire au suicide. Quelques-unes se laisseraient prendre, nul n’en connaît le nombre. Il doit être loin de l’infiniment grand.
Quoique inconnu, ce nombre a su au gouvernement pour faire voter en première lecture par l’Assemblée nationale une loi de répression. Comme si la répression su sait à prouver qu’on a raison. Si cette loi est votée définitivement, la militance anti-IVG, sur internet, qualifiée d’entrave, sera passible de deux années de prison. A la trappe, la liberté d’expression. C’est grave, ça.
Avantage de l’a aire, la majorité de gauche vote la loi par solidarité tandis que la droite minoritaire, se retrouvant seule à défendre le droit à la parole, semblera prendre fait et cause pour l’interdiction de l’avortement. Ne serait-on pas en pleine politicaillerie ? Informer les femmes et principalement les jeunes filles ne serait-il pas plus utile ? Dit-il.
Ne serait-on pas en pleine politicaillerie ?