L'Obs

GO HOME PAR JIHANE CHOUAIB

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Drame franco-libanais, avec Golshifteh Farahani, Maximilien Seweryn, François Nour, Mireille Maalouf (1h38).

On la suivrait partout, Golshifteh Farahani. Cette comédienne d’une noirceur lumineuse est irradiante. Inoubliabl­e chez Hiner Saleem et Asghar Farhadi, elle peut d’ailleurs tout jouer : la Mme de Réan des « Malheurs de Sophie » comme Anna Karénine, de Tolstoï, ou Nefertiti chez Ridley Scott. Cette fois, pour le premier long-métrage de fiction de Jihane Chouaib, née à Beyrouth, la belle Iranienne se fait très naturellem­ent libanaise. Nada revient dans son pays à peine cicatrisé après la guerre civile qui l’a ravagé et où, rejoignant sous terre 17 000 disparus, son grand-père a péri. Tenue pour une étrangère, elle campe dans la maison de famille dont elle a hérité, une maison en ruine aux murs graffités où elle s’éclaire à la bougie et dans le jardin de laquelle (plutôt une décharge à ciel ouvert) rôdent de méchants fantômes. L’arrivée de son frère n’arrangera rien, au contraire. Le scénario est un peu trop linéaire, la menace que fait peser le passé sur le présent un peu trop appuyée et l’image un peu trop sombre. Mais la manière dont Nada/Golshifteh Farahani enquête, seule et combative, sur ses origines dans ce Liban qu’on lui ordonne de quitter sans se retourner – « Go home ! » – balaie les réserves et emporte l’adhésion. Car elle n’est plus seulement la petite Nada, elle est devenue le symbole de toutes celles et tous ceux qui, retour d’exil, demandent à vivre là où leurs parents sont morts. JÉRÔME GARCIN

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