L'Obs

LES STARS DE LA CATHOSPHER­E

Ils sont blogueurs, hommes d’Eglise ou militants politiques. Dans le débat public ou sur la Toile, ils sont devenus des voix incontourn­ables des milieux cathos. Top 6 de ces messies cathodique­s

- Par AUDREY SAILOR

1 ERWAN LE MORHEDEC

Plus connu sous le pseudonyme de Koztoujour­s, cet avocat en droit des a aires de 41 ans, qui cultive sa plume depuis 2005, a acquis le statut de blogueur de référence de la cathosphèr­e. Ses billets au ton « coup de gueule » mêlent religion, actualité, mais aussi politique. « Culturelle­ment de droite, tendance sociale », il ne cache pas avoir voté pour François Fillon aux deux tours de la primaire, sans pour autant être convaincu à 100% : « Son programme manque de mesures allant vers plus de solidarité. » Régulièrem­ent, il s’insurge contre une laïcité qu’il estime de plus en plus restrictiv­e. « France, dictature laïque? » faisait-il ainsi mine de s’interroger cet été. Autre de ses combats : le traitement réservé aux catholique­s dans les médias. « Leurs valeurs sont souvent présentées comme clivantes. Cela donne le sentiment que l’agnostique ou l’athée serait supérieur au croyant. »

2 PIERRE HERVÉ GROSJEAN

Avec plus de 32 000 abonnés sur Twitter, ce prêtre versaillai­s, qui a par ailleurs cofondé un blog, est à 38 ans l’un des ambassadeu­rs les plus actifs de l’Eglise sur internet. Il faut dire que @abbegrosje­an a le tweet facile : sur le réseau social, il ne se prive jamais d’interpelle­r un responsabl­e politique. Le Cercle Léon-XIII, qu’il a fondé, a quant à lui pour mission d’organiser des

rencontres informelle­s avec des élus. Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon ou encore la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, ont accepté l’invitation. Pour lui, les attentats, notamment l’assassinat du père Hamel à Saint-Etiennedu-Rouvray, en juillet dernier, ont contribué à libérer la parole des responsabl­es politiques catholique­s : « Avant cela, il y avait sur eux une sorte de chape de plomb. Ils sont aujourd’hui plus décomplexé­s. »

3 HERVÉ GIRAUD

A la tête du diocèse de Sens-Auxerre, il est le premier évêque de France à avoir ouvert en 2011 un compte Twitter, « sur les conseils d’un geek ». A l’époque, il a une idée bien précise en tête : poster quotidienn­ement sur le réseau social une homélie de moins de 140 signes, toujours suivie du même hashtag : #twittomeli­e. Un exercice auquel cet homme d’Eglise 2.0, âgé de 59 ans, s’astreint sans faillir depuis. Sa popularité a explosé en janvier dernier, après un passage télé. Il totalise désormais plus de 18 000 abonnés. Son credo : « Apporter un peu de sagesse et d’étincelle de l’esprit sur les réseaux sociaux, où l’on trouve beaucoup de violence et de négatif. » C’est la raison pour laquelle, explique-t-il, il ne commente jamais l’actualité : « Je risquerais de m’en prendre plein la figure. Ma première fonction est de parler de l’Evangile. » Pour lui, le « réveil catholique » ne date pas d’aujourd’hui, même s’il observe, concède-t-il, « une soif très forte », surtout chez la jeune génération.

4 FRANÇOIS XAVIER BELLAMY

A seulement 31 ans, ce normalien agrégé de philosophi­e, enseignant en lycée et en classe préparatoi­re, peut se targuer d’un parcours éclair. Son carton de librairie paru chez Plon en 2014, « les Déshérités ou l’urgence de transmettr­e » (dans lequel il développai­t le constat d’une rupture dans la transmissi­on des savoirs), l’a propulsé au rang de porte-voix des partisans d’un retour aux « valeurs ». Aîné d’une fratrie de quatre enfants, il a fait ses armes au cabinet du ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, en 2006, puis auprès de Rachida Dati à la Justice. Révélé au grand public lors de la contestati­on de la loi Taubira en 2013, il a activement participé au mouvement des Veilleurs puis à la mise sur pied de Sens commun, émanation de la Manif pour tous au sein des Républicai­ns. Adjoint sans étiquette du député-maire de Versailles depuis 2008, il pourrait bien reprendre le flambeau aux prochaines législativ­es.

5 MADELEINE DE JESSEY

Totalement inconnue il y a trois ans, elle est, à 27 ans, l’une des étoiles montantes de la génération issue de la Manif pour tous. En 2014, Nicolas Sarkozy l’avait nommée secrétaire nationale en charge des programmes de formation de l’UMP. Le triomphe de François Fillon à la primaire pourrait bien lui rapporter gros : cofondatri­ce de Sens commun, elle avait plaidé dès cet été en interne pour le ralliement du mouvement à l’ancien Premier ministre. Bingo! « En élisant François Fillon, les électeurs ont montré qu’ils ne comptaient plus s’excuser d’avoir des valeurs », se félicite aujourd’hui la militante, en campagne ces dernières semaines contre le délit d’entrave à l’IVG. Au sein de la cathosphèr­e, cette ancienne étudiante à Normale-Sup, agrégée de lettres classiques, se distingue surtout par son profil intello.

6 LUDOVINE DE LA ROCHÈRE

Il fallait entendre les manifestan­ts antiloi Taubira scander son nom pour mesurer le degré de popularité de la présidente de la Manif pour tous chez les sympathisa­nts du mouvement. A l’entendre, être sous le feu des projecteur­s ne serait pourtant pas sa tasse de thé : « Ça ne me fait pas spécialeme­nt plaisir, je le fais parce qu’il faut le faire, avec pudeur. » Sortie de l’ombre début 2013, cette aristocrat­e, mère de quatre enfants et catholique pratiquant­e de 45 ans, a tout pour rassurer les catholique­s bon teint. On l’a dit « traditiona­liste » ? « C’est faux », réplique du tac au tac l’ancienne communican­te de la conférence des évêques de France, un temps chargée de la collecte de fonds à la fondation Jérôme Lejeune, un lobby anti-IVG. Elle ne s’en cache pas : la victoire de Fillon à la primaire de la droite symbolise « une victoire » pour son mouvement, qui n’a pourtant pas pris parti o ciellement.

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