LE CINÉMA DE STARFIX. SOUVENIRS DU FUTUR COLLECTIF
Hors Collection, 320 p., 32 euros.
Sans « Starfix », il est peu probable que les films de Cronenberg, Cameron ou Verhoeven bénéficieraient aujourd’hui de tant de considération (comme ceux de Hitchcock ou Howard Hawks sans les « Cahiers du cinéma »). « Le magazine du cinéma de demain » n’a duré que de 1983 à 1990. Mais ces huit ans ont marqué une génération – Mathieu Kassovitz, qui signe la préface, en est – et forgé la réputation de réalisateurs et de cinématographies (le gore, les films de Hongkong) auparavant snobés par l’intelligentsia critique. Depuis, certaines des plumes de « Starfix », comme Christophe Gans ou Nicolas Boukhrief, sont passées derrière la caméra. Relire l’article du premier sur « Zombie », de Romero, ou le reportage du second sur le tournage de « l’Amour braque », de Zulawski, est passionnant. De surcroît, les journalistes de l’équipe originelle ont eu la riche idée de faire comme si le magazine ressuscitait pour un unique numéro et ont donné un papier sur un sujet emblématique des vingt-six ans écoulés. Un foisonnant digest commémoratif.
L’âge d’or de la comédie anglaise : situations folles, acteurs perplexes (mais géniaux), adultères chics. Ici, c’est Rex Harrison, le grand lévrier snob, qui se réveille souffrant d’amnésie : il enquête sur son passé, retrouve une épouse, puis deux, puis trois… Profession : mari. Le chaos commence. Sidney Gilliat, réalisateur de deuxième catégorie mais scénariste de talent (« Une femme disparaît », de Hitchcock), réussit son coup : c’est drôle, enlevé, vif, et le tandem Rex Harrison-Kay Kendall fait des étincelles. D’autant plus que, sur le plateau, leur coup de foudre fut immédiat, et la backstory assez émouvante : apprenant que Kay Kendall était atteinte de leucémie terminale, Harrison (presque fidèle) divorça de son épouse Lili Palmer pour s’occuper de Kendall – laquelle ignorait son état. Il était convenu qu’à la mort de cette dernière l’acteur épouserait Lili Palmer à nouveau. Las, quatre ans plus tard, celle-ci s’était envolée pour de bon…