Turquie Erdogan, naissance d’un despote islamiste
Pourquoi le président turc est-il devenu ce tyran qui veut modeler la société à son image : paternaliste, religieuse, nationaliste?
Ily a cinq mois, Recep Tayyip Erdogan a frôlé la mort. Par chance, ou par une habileté diabolique, il a réussi à déjouer le coup d’Etat qui visait à le renverser, infligeant au passage une défaite historique à la redoutable armée turque. Ce putsch manqué lui a conféré la double auréole de victime et de miraculé. Depuis, il ne cesse d’exalter les « martyrs » qui ont donné leur vie afin que lui puisse continuer à défendre tous les musulmans de la terre. Plusieurs fois par jour, ses discours sont retransmis en direct sur les chaînes de télévision. Il invective ses ennemis. Il tempête contre la duplicité de ses « prétendus alliés » les Etats-Unis, l’Union européenne. Des faux amis, qui veulent « mettre la Turquie à genoux ». Mais lui, Recep Tayyip Erdogan, avec l’aide d’Allah, affirme qu’il leur tiendra tête jusqu’à son dernier souffle.
Paranoïa aiguë ou simple rhétorique populiste ? Les avis diffèrent. « Il était déjà assez “dérangé” et émotionnellement instable, mais depuis ce putsch il est devenu carrément fou », soupire une députée de l’opposition. Recevant « l’Obs » dans son bureau du Parlement, elle baisse instinctivement la voix pour raconter les éruptions volcaniques du grand homme et la terreur de son entourage. A Ankara, on chuchote qu’il est malade : il souffrirait d’un cancer du côlon et de problèmes d’épilepsie qui affectent sa santé mentale. On raconte qu’il gifle les ministres qui osent le contredire, qu’en privé ses courtisans lui baisent les pieds, qu’il a des goûteurs, 500 gardes du corps… Cette hypothèse de la folie, un intellectuel de gauche qui fut un proche d’Erdogan n’y croit pas : « C’est du théâtre. Plus il tape du poing, plus sa popularité augmente, et plus il a les coudées franches pour purger toute opposition. » Baskin Oran, politologue respecté de l’université d’Ankara, qui fut lui aussi un compagnon de route, décrit posément la dérive du reis vers l’intolérance et l’intimidation. Le professeur a ainsi reçu la visite de policiers venus vérifier, à 3 heures du matin, « qu’il allait bien » – façon de l’encourager à adoucir le ton de ses éditoriaux. « La peur est sa grande arme. Il sème la terreur chez ses opposants et se sert de son talent d’orateur pour attiser l’anxiété de ses partisans. Son idée fixe, c’est le pouvoir. »
Comme tous les autocrates, la méthode d’Erdogan pour conserver le pouvoir
consiste à écraser toute contestation. Depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet, la Turquie connaît la vague de répression la plus féroce de son histoire : 60 000 personnes interpellées, 37000 sous les verrous, 56 000 privées de leur passeport, 125 000 licenciées… Tous ceux qui ne sont pas partisans du président turc sont menacés. Loin des promesses de libéralisation faites au tournant du siècle par un leader qui se présentait comme « postislamiste », l’heure est à l’autoritarisme dur, comme dans tout le Moyen-Orient. Mais à la différence des autres hommes forts de la région, Erdogan possède un atout de taille : une popularité exceptionnelle. Depuis Mustafa Kemal Atatürk, « père » de cette Turquie moderne qu’il a créée sur les décombres de l’Empire ottoman en 1920, aucun homme politique n’a suscité une telle ferveur. Voici treize ans qu’Erdogan remporte toutes les élections, améliorant son score à chaque scrutin. Après des décennies de coalitions éphémères et inefficaces, c’est lui, l’islamiste sorti du rang, qui a réussi à faire décoller l’économie. Depuis 2003, le revenu annuel par habitant a plus que doublé. Son électorat lui sait gré d’avoir assoupli le carcan laïciste hérité d’Atatürk, d’avoir enfin ouvert la fonction publique aux pieux musulmans. Mais le fondement de son inoxydable popularité, c’est l’élévation spectaculaire du niveau de vie.
Rien ne prédisposait pourtant cet enfant des faubourgs d’Istanbul à opérer la brillante synthèse conservatricemoderniste qui est au coeur de sa réussite. Né en 1954, il aurait des ascendances mêlées, géorgiennes et lazes. Son père, modeste capitaine de ferry, lui inculque une foi musulmane intransigeante et des valeurs ultranationalistes. Enfant, Erdogan fréquente une école religieuse publique dans un quartier ouvrier près des cafés chics de la « ville européenne » de Beyoglu. Il excelle en déclamation, ce qui lui ouvre très tôt une carrière politique. A 15 ans, il milite déjà dans les rangs d’une association étudiante très à droite, anticommuniste et pro-islamiste.
Au milieu des années 1970, Tayyip est remarqué par Necmettin Erbakan, figure tutélaire de l’islam politique, qui le prend sous son aile. Il se marie, élève quatre enfants et fréquente la puissante confrérie naqshbandi, une école soufie pragmatique, qui voit dans la politique le moyen d’aboutir à un Etat islamique. Erdogan va secouer les réflexes poussiéreux du Refah, le nouveau parti de son « maître » Erbakan. Pour Jean-François Pérouse (1), l’étoile montante du Refah applique pour la première fois le pragmatisme qui sera la clé de son succès : « Il encourage les femmes à faire campagne, contraint les candidats à sacrifier la barbe, envoie ses troupes draguer l’électeur dans les quartiers libéraux. » Jusqu’à la consécration de 1994 : Erdogan décroche la mairie d’Istanbul. Il a 40 ans, et une voie royale devant lui. En effet, dans la foulée, le Refah remporte les législatives, propulsant son mentor Erbakan au sommet du pouvoir. Tout feu, tout islam, l’énergique maire d’Istanbul milite pour la réinscription de la religion dans la sphère publique, sans oublier de distribuer des aides aux plus démunis. Surtout, il fait d’Istanbul une mégalopole moderne.
Mais les gardiens de la laïcité kémaliste se crispent. En 1998, le Refah est interdit au motif d’« activités antilaïques ». Erdogan est à son tour visé pour avoir déclamé un poème provocateur : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats. » Il passe quatre mois en prison pour « crime contre l’Etat ». A sa sortie, c’est un homme nouveau. Oubliée la charia. Il se veut désormais « réformateur », et défend l’Etat de droit et les liens privilégiés avec l’Occident. Il a compris qu’il doit donner des gages s’il veut revenir dans le jeu. A moins que, comme on le prétend à gauche, il n’ait été choisi par Washington pour devenir la figure publique d’un islam « raisonnable ». L’instrument de la reconquête sera un nouveau parti de centre droit. Le Parti de la Justice et du Développement (AKP), qu’il fonde en 2001, veut oeuvrer pour « un nouveau contrat social, la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice ». Yasar Yakis est un des six rédacteurs des statuts : « Nous avons proscrit toute référence religieuse. Le mot “islam” n’y figure même pas », explique l’ancien chef de la diplomatie d’Erdogan, un homme plutôt
libéral qui avait rejoint les fondateurs de l’AKP dans l’espoir de créer un parti démocrate musulman. « Pour nous, l’AKP était équidistant des trois religions monothéistes et de l’athéisme. »
En 2002, l’AKP remporte les législatives et propulse Erdogan au poste de Premier ministre. Quelle victoire pour ce provincial déraciné, traité de haut par les élites kémalistes pour ses manières rugueuses et son parler populaire! « Et il a tenu toutes ses promesses. Non seulement il a préservé la laïcité, mais il a défendu les droits de tous : Kurdes, Alevis et même non-musulmans », affirme dans un anglais parfait le député AKP Talip Küçükcan, chef de la délégation turque au Conseil de l’Europe. L’exemple le plus parlant pour cet ardent défenseur du régime : la restitution aux fondations religieuses d’une église, d’un monastère et d’une synagogue confisqués par l’Etat kémaliste. Mais le plus urgent, pour Erdogan, c’est de saper la capacité de nuisance de l’armée. Les réformes exigées par l’Union européenne en vue de l’adhésion de la Turquie fournissent l’occasion parfaite de desserrer l’emprise des militaires. L’oeuvre sera parachevée grâce aux retentissants procès publics lancés à partir de 2007 contre les gradés de l’ar- mée et leurs alliés de la haute administration. L’hydre kémaliste décapitée, Erdogan est désormais aux commandes. C’est une époque faste pour le reis, reçu par les grands de ce monde, fêté par les EtatsUnis de Bush, qui célèbrent le nouvel exemple de « démocratie musulmane » à étendre à tout le Moyen-Orient. Pour ses adorateurs, Erdogan est le nouveau Mehmet II, le sultan qui conquit Constantinople au xve siècle. A travers lui, la Turquie peut à nouveau espérer un retour aux gloires de l’Empire ottoman. Avec les « printemps arabes », c’est l’apothéose. Le « grand frère des musulmans » se range aux côtés des masses révoltées. Au Caire, à Tunis, à Tripoli, il est adulé comme une rock star. Avec l’élection à la présidence égyptienne du frère musulman Mohamed Morsi, Erdogan accède au statut de guide de la renaissance musulmane. Mais, en juillet 2013, l’armée égyptienne reprend le pouvoir. La chute de son ami Morsi l’affecte profondément. Il est persuadé d’être « le second sur la liste ». Outré par ce qu’il analyse comme un double jeu américain, Erdogan amorce un grand virage et renoue avec les convictions de sa jeunesse.
La lune de miel avec l’Occident est bien terminée. Erdogan se crispe. En 2013, les manifestations pour la protection du parc Gezi, au coeur d’Istanbul, contre un projet immobilier, sont violemment réprimées. Les penchants autoritaires et mégalomaniaques du reis étaient déjà connus de tous. C’est désormais la peur qui alimente son raidissement. Car une menace redoutable a émergé dans le cercle le plus proche. L’allié des premiers jours, le prédicateur Fethullah Gülen, dont les adeptes ont infiltré tous les rouages de l’Etat, s’est retourné contre Erdogan. « Les deux hommes partagent pourtant la même vision du monde, le même projet islamiste, rappelle le politologue Ahmet Insel. Longtemps, ils ont lutté main dans la main contre les barons du kémalisme. » Ce sont les policiers, procureurs et juges gulénistes qui ont permis à Erdogan de décapiter l’armée. Mais ils se déchirent désormais sur tout. Orchestrée par les hommes de Gülen, la révélation fracassante fin 2013 d’affaires de corruption impliquant Erdogan ne laisse plus de place au doute : c’est un combat à mort qui s’est engagé entre l’homme fort et l’imam.
Son élection triomphale à la présidence de la République en 2014 – la première au suffrage universel – ne suffit pas à le rassurer. Bien décidé à se maintenir au pouvoir, il veut faire de la Turquie un régime présidentiel à sa main. Mais le 7 juin 2015, c’est la déconvenue : le Parti démocratique des Peuples (HDP), nouveau parti prokurde, entre au Parlement, privant l’AKP de la majorité qualifiée et empêchant toute réforme constitutionnelle. Erdogan est dos au mur. Ses projets de régime présidentiel sont à l’eau. Et puis il se sent trahi. « Il faut reconnaître à Erdogan le courage d’avoir négocié avec les Kurdes à partir de 2009, commente le politologue Bayram Balci. Et voilà que ses rêves s’évanouissent à cause de ceux-là mêmes à qui il a tendu la main. Il a le sentiment d’avoir reçu un coup de couteau dans le dos. » Il va donc se venger des Kurdes : ce sera lui ou le chaos. « Le Sud-Est s’est retrouvé sous le feu du régime. Des villes entières sont en ruine. Il y a eu plus de 1000 morts depuis le 7 juin 2015 », décrivait à « l’Obs » la coprésidente du HDP Figen Yuksekdag, quelques semaines avant d’être arrêtée.
Mais c’est le 15 juillet dernier que le long chemin vers l’autoritarisme d’Erdogan prend son virage le plus dramatique. A Ankara et à Istanbul, un putsch est en cours. On dénombre déjà près de 200 morts, il y en aura au moins 240. Des avions de chasse bombardent le Parlement. Le peuple est sous le choc. Au coeur de la nuit, sur le tarmac de l’aéroport d’Istanbul, où il vient d’atterrir, le reis s’adresse à la foule de ses partisans galvanisés : « Cet acte est un cadeau qu’Allah nous a fait. » Déjà, il a compris la chance qui vient de lui être donnée : il va pouvoir asseoir son pouvoir au nom de la défense de la patrie. Aussitôt, il lance une vaste purge dans l’armée, les administrations, les universités, les médias et toute la société civile, traquant les partisans de Fethullah Gülen, qu’il accuse d’être l’instigateur du coup d’Etat, puis il s’en prend à ses adversaires politiques, emprisonnant le 4 novembre onze députés du HDP. « Nous savions que ces arrestations allaient se produire. Dès que des voix s’élèvent dans une société non démocratique, elles déclenchent l’ire du pouvoir. » A la terrasse d’un café, Ali Kenanoglu, ex-député du HDP, ne quitte pas un petit sac à dos bleu dans lequel il garde quelques effets au cas où il serait arrêté. La petite quarantaine, ce militant alevi est sur le qui-vive. Comme tous les siens. A Gazi, le quartier alevi d’Istanbul, la brigade antiterroriste occupe le commissariat local, et les véhicules blindés patrouillent dans les rues. La peur a gagné ce secteur et contamine peu à peu tous ceux qui sont dans le collimateur du pouvoir. A Izmit, à une centaine de kilomètres à l’est d’Istanbul, une poignée d’enseignants font vivre une université populaire depuis leur renvoi. Leur crime : avoir signé une pétition jugeant l’Etat turc responsable des nouvelles violences dans le Sud-Est. « Erdogan sait que s’il perd le pouvoir il sera emprisonné, il s’y accrochera donc coûte que coûte. Il nous perçoit comme une menace et veut nous écraser », insiste l’économiste Kuvvet Lordoglu. Comme des centaines d’universitaires, il lui est interdit de retrouver un autre poste, et il n’exclut pas de rejoindre ses confrères déjà réfugiés en Europe.
Dans son bureau du petit immeuble du quotidien « Cumhuriyet », l’éditorialiste Ayse Yildirim réagit à l’annonce de 16 000 nouveaux licenciements dans la fonction publique : « Erdogan construit son propre système. S’il s’en prend aux fonctionnaires, c’est pour placer ses affidés. » A la une du dernier quotidien indépendant, jour après jour, sont imprimés les visages des dix membres de la rédaction emprisonnés, dont le célèbre éditorialiste Kadri Gürsel. 128 journalistes, mais aussi des écrivains, comme Asli Erdogan, sont incarcérés depuis des semaines. Même le travail des avocats est entravé. « Il n’y a plus de droits de la défense », déplore dans son cabinet Güray Dag, de l’Association des Avocats modernistes. Alors qu’il décrit l’impossibilité d’accéder aux dossiers des clients, de les visiter en prison, de s’entretenir en privé avec eux, une vidéo s’affiche sur son téléphone : c’est le président de l’association qui vient de se filmer dans ses bureaux à Ankara quelques minutes avant que les policiers ne l’interpellent avec son équipe. « J’attends mon tour », lâche Güray Dag, blême.
“DÈS QUE DES VOIX S’ÉLÈVENT, ELLES DÉCLENCHENT L’IRE DU POUVOIR .” ALI KENANOGLU, EX-DÉPUTÉ DU HDP
Le nouveau reis a déjà planifié la prochaine étape de son « coup d’Etat civil ». Il n’a pas renoncé à habiller juridiquement sa mainmise sur le pouvoir en faisant adopter sa réforme constitutionnelle. Dans son appartement d’un quartier résidentiel d’Istanbul, Ali Bayramoglu, longtemps admis dans le petit pool de journalistes autorisés à approcher Tayyip Erdogan, suit de près les tractations entre l’AKP et ses nouveaux alliés, les ultranationalistes du Parti d’Action nationaliste (MHP). Il dénonce avec force ce projet antidémocratique : « Alors que dans tout
régime présidentiel la séparation des pouvoirs est renforcée, elle est ici annihilée. » Président doté de superpouvoirs, autorisé à rester chef de son parti avec toute autorité sur « ses » élus, Erdogan pourrait également nommer la majorité des membres des hautes juridictions, les recteurs, les chefs du renseignement… et pourrait se maintenir à la tête du pays jusqu’en 2029. « J’ai sousestimé les ambitions de Tayyip Erdogan. Aujourd’hui il se comporte comme un sultan. »
Le grand réformateur moderniste des années 2000 façonne désormais la Turquie à son image : paternaliste, islamique, nationaliste. Après quelques décrets généralisant l’autorisation du port du voile, le président a lancé une vaste reprise en main du système éducatif. Lui qui favorise depuis des années les écoles d’imams et de prédicateurs, dont le nombre a explosé, profite des purges pour étendre l’islamisation à l’ensemble des établissements publics, remplaçant les dizaines de milliers d’enseignants radiés par des proches de l’AKP. « Les entretiens de recrutement sont alarmants : que pensez-vous du coup d’Etat? Faites-vous votre prière? Combien de fois par jour ? Autant de questions destinées à écarter gulénistes, Kurdes, Alevis ou militants de gauche », dénonce Hüseyin Tosu, responsable local du syndicat de l’enseignement Egitim Sen, dont 10000 membres ont été démis de leurs fonctions. « Le projet? Façonner une Turquie religieuse et conservatrice. »
Fin novembre, les féministes ont de justesse bloqué un projet de loi permettant d’amnistier des hommes ayant épousé religieusement des mineures, y compris lorsque ces mariages avaient été contractés après le viol des jeunes filles. Les militantes de l’AKP avaient joint leurs voix à la protestation. Erdogan n’est sensible qu’aux réactions de sa base. Lui qui fin juillet comptabilisait 68% d’opinions favorables sait que ses électeurs pourraient le lâcher si leurs intérêts étaient menacés. L’AKP est arrivé au pouvoir en 2002 parce qu’il avait su donner de l’espoir après la crise économique. Mais les signaux sont à nouveau au rouge : chômage en hausse, frilosité des investisseurs étrangers, tourisme en berne, baisse de la livre turque. Erdogan sait que les facteurs qui l’ont porté pourraient aujourd’hui provoquer sa chute. A moins que tous les pouvoirs ne soient déjà entre les mains du nouveau sultan.
LE “REIS” FAVORISE DEPUIS DES ANNÉES LES ÉCOLES D’IMAMS ET DE PRÉDICATEURS.
(1) Jean-François Pérouse, directeur de l’Institut français d’Etudes anatoliennes, auteur avec Nicolas Cheviron d’« Erdogan. Nouveau père de la Turquie ? », Editions François Bourin, 2016.