Nos ancêtres les Syriens
L’HISTOIRE COMMENCE EN MÉSOPOTAMIE, JUSQU’AU 23 JANVIER, LOUVRE-LENS, 03-21-18-62-62. SITES ÉTERNELS. DE BÂMIYÂN À PALMYRE, JUSQU’AU 9 JANVIER, GRAND-PALAIS, GALERIE SUD-EST, PARIS-8E ; WWW.GRANDPALAIS.FR
Ils ont tout inventé ! L’écriture, les dynasties royales, les villes, les empires. Toutes ces créations ont vu le jour en Mésopotamie. Certes, en histoire, il faut se méfier des « premières fois ». Il n’empêche. Dans cette région du Proche-Orient qui recouvre aujourd’hui l’Irak et une partie de la Syrie, l’humanité a accompli un grand bond en avant. La formidable exposition présentée au Louvre-Lens nous fait ainsi revivre plus de quatre mille ans d’histoire, depuis l’apparition de la première ville (Uruk) jusqu’à la chute de cette civilisation (soumise par les Perses puis par Alexandre le Grand en –331). Parmi les éléments les plus fascinants de cette épopée, les textes cunéiformes, inscrits sur des tablettes d’argile : cette extraordinaire bibliothèque décline un ensemble de règlements, traités et croyances des peuples mésopotamiens (dont des traductions sont proposées sur des tablettes, numériques cette fois). Mais on y trouve aussi des textes littéraires, économiques, juridiques, médicaux et jusqu’à des lettres échangées entre des membres d’une famille. Des sculptures (de dieux, de souverains), des objets du quotidien (poteries, bijoux et même des graines d’orge grillées), des maquettes (celle du premier pont connu de l’histoire) contribuent à éclairer de manière très vivante cette épopée fondatrice.
A Paris, au Grand-Palais, ce sont d’autres sites éternels qui sont explorés dans le cadre d’une expo qualifiée d’immersive puisqu’elle offre, au coeur d’un dispositif à 360 degrés, des projections d’images géantes. Première évocation : les Bouddhas de Bâmiyân, dont on revoit ici le dynamitage par les talibans en 2001. A cette séquence succède celle d’une sorte de long-métrage donnant à voir les sites de Palmyre, de Khorsabad, de la mosquée des Omeyyades (à Damas) et du Krak des Chevaliers. Ces images spectaculaires ont été filmées à l’aide de drones par une jeune start-up française, Iconem. Le but de ces prises de vue? Montrer un état des lieux (à travers les destructions, les pillages), mettre en lumière les richesses archéologiques, et, dans certains cas, commencer à envisager d’éventuelles restaurations. Des objets emblématiques venus du Louvre et une salle documentaire complètent ce dispositif qui n’ignore ni le passé, ni les recherches scientifiques, ni les conflits qui continuent à ravager l’Irak et la Syrie. Des sites éternels, affirme le titre de l’exposition. Le resteront-ils vraiment ?