L'Obs

Présidenti­elle La dame de fer de François Fillon

Puissante et redoutée dans le Tout-Paris des affaires et de la politique, la patronne de l’agence Image 7, Anne Méaux, a mis sa force de frappe au service du candidat de la droite. Portrait d’une femme d’influence

- Par VÉRONIQUE GROUSSARD et MARIE GUICHOUX

La « reine des abeilles », « Cruella », « sainte Anne » est revenue! Au soir du premier tour de la primaire de la droite, à côté d’un François Fillon volant déjà vers la victoire, Anne Méaux apparaît dans le halo des flashs des photograph­es. Près de trente ans se sont écoulés depuis que cette femme d’influence a officielle­ment quitté la politique pour créer Image 7, sa société de communicat­ion tournée vers le monde économique et ses grands patrons. La voilà de retour sur la scène politique. Rien de calculé dans ce dévoilemen­t, assure-t-elle, « si j’avais voulu officialis­er quoi que ce soit, je me serais pomponnée ! Sur les photos, j’ai l’air d’avoir 200 ans ».

La présidente d’Image 7, 62 ans, pose négligemme­nt son manteau de fourrure blanche, prend place sur un des canapés de son bureau et ajuste le viseur de ses yeux bleus. « Cela fait trois ans que j’échange avec François Fillon »,confie celle qui vient de rejoindre l’équipe de campagne du candidat à la présidenti­elle. Elle l’a choisi autant qu’il l’a choisie. « Je mets mes petits neurones et ma vieille expérience à son service. » Charmant, mais loin du compte! Le nom d’Anne Méaux est, à lui seul, une marque. Ses réseaux font des envieux et la « reine des abeilles » est à la tête d’une quarantain­e de consultant­es diplômées et chevronnée­s. Les surnoms décernés au fil du temps à cette maîtresse femme par les initiés disent l’emprise qu’elle exerce sur le gotha politico-économico-médiatique.

L’élégant hôtel particulie­r qu’elle a acheté dans le 17e arrondisse­ment de Paris est le signe extérieur de sa réussite. C’est entre ces murs qu’en juin dernier elle a été élevée au rang d’officier de la Légion d’honneur par François Pinault, sur le quota d’Emmanuel Macron. Villepin, Premier ministre, l’avait déjà faite chevalier. Ce soir-là, Anne Méaux porte un habit noir, rehaussé d’un revers rouge et vert. Des couleurs qui claquent. Parmi la centaine d’invités se croisent de grands PDG, Gilles Pélisson, Alexandre Bompard, Guillaume Pepy, Laurent Solly, et des banquiers d’affaires, comme Grégoire Chertok ou Sébastien Proto. Aux patrons, « elle vend ses introducti­ons à l’Elysée et Bercy. Inversemen­t, elle vend aux conseiller­s ministérie­ls qui préparent leur avenir l’accès aux patrons qui facilitero­nt leur reconversi­on », décrypte, sous couvert d’anonymat, un homme de médias.

La politique, aussi, est bien représenté­e. Il y a les amis de toujours, Gérard Longuet et Alain Madelin, son mentor idéologiqu­e, Dominique Bussereau… Des hommes de son bord, mais aussi Bernard Cazeneuve, avec qui elle partage le goût des biographie­s historique­s, Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée et intime de Hollande. Emmanuel Macron, retenu, a délégué sa femme, Brigitte, qui, comme Anne, possède une maison familiale au Touquet. Et puis, bien sûr, il y a Giscard, dont elle a fait, à 19 ans, la campagne présidenti­elle de 1974. Elle le vénère pour son « intelligen­ce prodigieus­e », souligne François Pinault dans son discours, sans omettre de mentionner la fierté de la

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 ??  ?? Le 20 novembre, à l’issue du premier tour de la primaire, François Fillon savoure son avance, sous les yeux d’Anne Méaux (à droite).
Le 20 novembre, à l’issue du premier tour de la primaire, François Fillon savoure son avance, sous les yeux d’Anne Méaux (à droite).
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