L'Obs

Pourquoi lui ? Pierre Charpin, designer plasticien

Créateur de l’année au prochain Salon Maison&Objet*, ce designer plasticien à la renommée discrète insuffle sa poésie minimalist­e et colorée dans le monde du mobilier

- par DORANE VIGNANDO

QUI EST IL ?

Il s’est installé dans l’atelier paternel à Ivry. Devant une aire de jeux composée de vagues et de tubes colorés, conçue dans les années 1970 par son père, Marc Charpin, sculpteur et figure bien connue des Yvryens, et aujourd’hui prise d’assaut par les skateurs. Pierre Charpin imagine ici, en dessinant à main levée, des vases en céramique, des cylindres en verre coloré, des consoles en marbre, des tables en mosaïque, aux formes simples et fluides. Son travail va à l’essentiel. L’homme préfère au démonstrat­if formel l’expressivi­té élémentair­e d’un design quasi archétypal. Exemples avec la carafe « Eau de Paris », élégante et sobre, conçue pour inciter les Parisiens à boire l’eau du robinet, ou les vases modulables CeramX, aux motifs érotiques, que l’on peut dévoiler ou brouiller selon son humeur.

D’OÙ VIENT IL ?

Né à Saint-Mandé, ce créateur de 54 ans a grandi « au milieu de gens qui fabriquaie­nt des formes » : un père sculpteur et lithograph­e, une mère tapissière de haute lice et un frère architecte. Après avoir fait les Beaux-Arts à Bourges, il se forme à la culture du design à Milan, auprès de George Sowden, ex-membre du groupe italien Memphis, fondé par Ettore Sottsass. « Réactionna­ire » et anticonfor­miste, ce courant a percuté le jeune étudiant : « Le style Memphis fut pour moi un peu comme découvrir la musique punk. Ils ne travaillai­ent pas du tout sur l’idée d’élégance et mettaient par terre toutes les idées reçues sur le design. » Inspiré sans être héritier, Pierre Charpin se concentre sur la mise en espace et l’articulati­on des objets. Tel le fauteuil Slice (réédité en 2016 par Cinna) : cette pièce, d’apparence banale, est en réalité un objet mutant auquel on peut ajouter des assises de couleur suivant la longueur que l’on veut lui donner.

QUE FAIT IL ?

Hermès, Alessi, Zanotta, Venini, Wrong for Hay, la Manufactur­e de Sèvres, la Cristaller­ie Saint Louis… Pierre Charpin collabore avec des maisons très di érentes, mais avoue ne faire aucune hiérarchie « entre le travail pour l’industrie et celui pour les galeries ». L’éclectique designer est capable de dessiner la prochaine médaille du marathon de Paris 2017, une série limitée de vases décorés de têtes de clown pour la galerie Kréo, une corbeille à fruits éditée à des milliers d’exemplaire­s par Alessi, de signer la scénograph­ie de l’expo « les Sixties, mode d’emploi » au Musée de la Mode et du Textile, ou de présenter sa propre monographi­e à la Villa Noailles. Créateur de l’année au prochain Salon Maison & Objet, il y exposera sa nouvelle lampe d’architecte PC (édition Wrong London), « très simple à l’extérieur, mais ultra high-tech à l’intérieur, et qui a nécessité trois ans de recherche ». On peut également découvrir quelques-unes de ses oeuvres dans « l’Esprit du Bahaus », au Musée des Arts décoratifs, jusqu’au 27 février. (*) Du 20 au 24 janvier.

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