Sean Penn à la peine
THE LAST FACE, PAR SEAN PENN. DRAME AMÉRICAIN, AVEC CHARLIZE THERON, JAVIER BARDEM, ADÈLE EXARCHOPOULOS, JARED HARRIS, JEAN RENO (2H11).
Sur une carte de l’Afrique s’inscrit un texte établissant que la brutalité des conflits au Liberia, au Soudan, en Sierra Leone et ailleurs ne se peut rapporter qu’à la violence de l’amour impossible entre un homme et une femme. Aucun film ne survivrait à pareille introduction : dès le début, « The Last Face » est entré en agonie. La suite n’est que convulsions. L’amour impossible réunit et oppose la blonde Wren Petersen (Charlize Theron, photo) et le sombre Miguel Leon (Javier Bardem, à droite, photo), elle médecin et présidente d’une organisation fondée par son père, lui chirurgien. Tous deux sillonnent l’Afrique pour venir en aide aux réfugiés, ils se rencontrent en 2003 au Liberia, s’aiment, se déchirent, toujours au coeur de conflits terrifiants qui ne sont jamais les leurs, si occupés qu’ils sont de leur petite personne. Il y a là une part de naïveté propre à Sean Penn (au centre, photo), star encombrée par son histoire personnelle : c’est de lui qu’il parle. Cette naïveté est touchante fugacement, gênante la plupart du temps – ainsi lorsque la jeune femme tente de faire valoir que les réfugiés sont des gens « comme nous ». « Comme nous » qui ? « Comme nous » les stars, les jet-setters ? C’est ce que clame le film, probablement sans le savoir. Alors, si le réalisateur Sean Penn fait montre d’une certaine exigence, si « The Last Face » est photographié avec art, le film se condamne lui-même. Il offre à Adèle Exarchopoulos d’apparaître (c’est avec elle notamment que Miguel trompe sa blonde) et réserve à Jean Reno, dans le rôle d’un certain Dr. Love, ses répliques les plus embarrassantes.