LA REINE-GARÇON PAR MIKA KAURISMÄKI
Film historique finlandais, avec Malin Buska, Sarah Gadon, Michael Nyqvist (1h46).
Elle aimait follement les femmes, les chevaux et les philosophes. En vérité, la reine de Suède était un roi. C’est ainsi que son père, tué à la bataille de Lützen lorsqu’elle avait 6 ans, la désigna afin qu’elle pût lui succéder et, à 18 ans, monter sur le trône. Elevée comme un garçon, Christine grandit en pratiquant l’escrime, l’équitation, la peinture et les amours saphiques. Opposée aux fureurs de la guerre et aux rigueurs du luthéranisme, refusant de se marier et de jouer les potiches, elle trouva la force d’imposer ses idées, révolutionnaires pour le xviie siècle, grâce au corps de sa dame d’honneur, la comtesse Ebba Sparre, et à l’esprit de René Descartes, dont elle fit, à la cour, son pygmalion. En 1654, fatiguée de se battre pour la paix, elle abdiqua, se convertit au catholicisme, se retira à Rome, où elle fut la maîtresse d’un cardinal et mourut, à 62 ans. De la pièce que le flamboyant et saisissant destin de la reine Christine a inspirée au dramaturge québécois Michel Marc Bouchard, le cinéaste finlandais Mika Kaurismäki a tiré un film historique d’un classicisme recommandable, bien qu’un peu théâtral. Avec, dans le rôle-titre, une convaincante Malin Buska (à droite, photo) (un mix de Björk et de Noomi Rapace) et une séduisante Sarah Gadon (à gauche, photo) en favorite lascive. A noter que Patrick Bauchau se glisse très bien dans l’habit de l’auteur du « Discours de la méthode » et Hippolyte Girardot, dans celui de l’ambassadeur de France. A ce film sur la passion du pouvoir et du désir, il ne manque pas grand-chose, sinon l’émotion.