Un oeil de maître
ENTRE L’ART ET LA MODE. LA COLLECTION CARLA SOZZANI. JUSQU’AU 26 FÉVRIER, GALERIE AZZEDINE ALAÏA, PARIS-4E.
Carla Sozzani a longtemps fréquenté le monde des photographes de mode. Directrice de l’édition italienne de « Vogue », fondatrice de l’édition italienne du magazine « Elle », elle a également lancé à travers le monde l’enseigne chic et branchée 10 Corso Como. Depuis une trentaine d’années, elle collectionne des photographies, dont un choix est exposé ici. Soit près de deux cents images qui ont été sélectionnées par Fabrice Hergott, directeur du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Accrochées par ordre alphabétique, de Berenice Abbott jusqu’à Iwao Yamawaki, cette moisson d’images témoigne d’un goût certain, mais aussi d’un éclectisme assumé. D’emblée une constatation : la couleur est quasiment absente des cimaises de la galerie (à l’exception de photos de Richard Avedon, Robert Polidori, Saul Leiter). Carla Sozzani préfère visiblement le noir et blanc. Ses choix? Ils courent, depuis la photo des grands pionniers (Curtis, Stieglitz, Moholy-Nagy) jusqu’aux stars de la création moderne et contemporaine (Peter Lindbergh, Steven Meisel, Sarah Moon, Irving Penn, Helmut Newton). La sélection révèle aussi des partis pris très personnels. Ainsi, délaissant les séries les plus rudes de l’Italien Mario Giacomelli (ses portraits de pensionnaires d’asiles par exemple), Carla Sozzani a préféré retenir un très beau portrait de femme de la série « Caroline Branson ». De même, se détournant des portraits des « Hommes du siècle » d’August Sander, elle a choisi du même photographe allemand un très beau paysage du début des années 1930. Pour la collectionneuse, c’est l’oeil qui décide. Carla Sozzani a de la chance : son oeil est intelligent.