Islam Ces écoles qui bousculent la République
L’essor du privé musulman hors contrat interpelle les pouvoirs publics. Une dizaine d’établissements ont d’ailleurs dû être fermés. Mais se donne-t-on vraiment les moyens de contrôler ce qu’on y enseigne ? Enquête
Je suis musulman, peut-être est-ce mon défaut ? » Ce 17 novembre, au tribunal de Toulouse, Abdelfattah Rahhaoui, le directeur de l’école privée hors contrat Al-Badr, se pose en victime. Tout l’automne, il a activé les réseaux sociaux contre la fermeture de son établissement. L’influent Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF) a relayé sa défense, dénonçant « cette atteinte aux droits élémentaires, en raison d’une appartenance religieuse ». Rahhaoui, qui est par ailleurs imam, assure être persécuté. Les griefs du rectorat, soulignant « des enseignements déficitaires » ? Du harcèlement. Les plaintes de deux élèves, l’accusant de violences, étayées par des témoignages d’ex-enseignantes ? Une vengeance.
Au tribunal de Toulouse, Rahhaoui est connu comme le loup blanc. En 2010, il était déjà condamné pour avoir ouvert des classes illégalement au sein du collège Alif, qu’il a créé o ciellement en 2009 mais qui accueillait déjà des élèves, sans être déclaré, depuis des années. Une structure qui était, selon nos informations, désignée par les renseignements généraux comme « centre de la mouvance salafiste toulousaine » : les Merah y suivaient des cours d’arabe. Aujourd’hui, le collège Alif a coupé les ponts avec l’encombrant Rahhaoui : « Il n’est pas représentatif de notre communauté et n’a plus rien à voir avec notre établissement », nous font savoir ses représentants. Le collège Alif a évolué, mais pas Rahhaoui qui, lui, a continué sa « mission » dans l’éducation tout en di usant sur YouTube ses sermons conspuant l’homosexualité, la théorie du genre ou le football (haram lui aussi). Sa nouvelle école, Al-Badr, créée en 2013, est un établissement primaire, dans le même esprit rigoriste. Elle a vite fait l’objet de plusieurs rapports du rectorat. Le dernier en date, que nous
avons consulté, a fait état de nombreuses carences : « L’enseignement paraît très déficitaire dans tous les domaines, en dehors de l’enseignement de l’arabe et de l’étude quotidienne du Coran. […] En CE1, pas d’histoire ni de science. L’éducation morale et civique est réduite à l’éducation islamique. » Cet été, le rectorat a donc tenté de fermer l’école, enjoignant aux familles de scolariser leurs enfants ailleurs. Las ! Cinq mois après la rentrée, Al-Badr continuait à accueillir une cinquantaine d’élèves. « Seul un tribunal peut fermer une école », souligne Hakim Chergui, l’un des avocats du directeur contesté. D’où l’audience de ce 17 novembre. Le parquet a requis la fermeture de l’école et l’interdiction pour Rahhaoui de diriger un établissement scolaire. Fin du feuilleton le 15 décembre, quand le tribunal a ordonné la fermeture d’Al-Badr.
« Vous vous rendez compte de tout ce qu’il faut faire pour fermer un établissement ! Aujourd’hui, on ouvre une école plus facilement qu’un bar. » Pour Olivier Noblecourt, le directeur de cabinet de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, une école comme Al-Badr n’aurait jamais dû exister. Mais le problème, c’est qu’en l’état de la législation Al-Badr, précisément, peut exister. On le sait peu, mais le régime d’autorisation des écoles en France est extrêmement libéral. Il suffit de se déclarer auprès de la mairie, de la préfecture et du rectorat pour s’improviser directeur d’établissement et ouvrir ce qu’on appelle une école « hors contrat » (voir p. 57). Seuls motifs d’opposition possibles, « l’hygiène et les bonnes moeurs », les autorités n’ayant pas plus d’un mois pour justifier leur décision.
En juin, Najat Vallaud-Belkacem a donc décidé de s’attaquer à cet « angle mort » de l’éducation, en renforçant les contrôles – une dizaine d’établissements, dont Al-Badr, ont reçu un avis du rectorat leur enjoignant de fermer – et en lançant une refonte limitée du régime d’ouverture des écoles. Consensuel ? Pas du tout. Car la gauche n’a jamais oublié qu’en 1984 la tentative d’encadrer la sacro-sainte liberté d’enseignement avait fait descendre un million de personnes dans la rue. Il a d’ailleurs suffi que la ministre mette un orteil dans le marigot pour que la droite parlementaire, aiguillonnée par les lobbys catholiques, monte au créneau. Donnant lieu à une union sacrée singulière, avec des sites comme Riposte-catholique.fr, aussi opposé à la réforme que Oumma.com. Tandis que la Conférence des Evêques de France faisait état de son « extrême vigilance », et que la très droitière Fondation pour l’Ecole faisait feu de tout bois (voir encadré).
“ON EXISTE, ET ÇA POSE PROBLÈME”
Pas touche donc au hors-contrat et aux vieilles traditions françaises. « Pendant longtemps, on n’a pas mis le nez dans les affaires de ces écoles, confirme Bernard Toulemonde, ancien recteur et très bon connaisseur de l’Education nationale. Tant qu’il s’agissait d’écoles catholiques, personne n’en parlait. Pourtant, il y avait des dérives : j’ai dû fermer une école intégriste où les gamins suivaient des entraînements militaires. » Pourquoi une telle différence de traitement ? « Les catholiques ne se font pas – encore – exploser », répond, cynique, un haut fonctionnaire. Depuis deux ou trois ans, ce petit monde qui n’intéressait personne est donc devenu suspect, précisément parce qu’il a été investi par des porteurs de projets qui « ne sont plus seulement des babas en sandales et des mères de famille chrétiennes », constate M. Noblecourt. La réalité du terrain est là. Un peu partout en France, dans des quartiers dits sensibles ou à proximité, des écoles musulmanes ou « d’inspiration musulmane » se
OÙ PARTENT LES ÉLÈVES QUAND LES ÉCOLES SONT FERMÉES ?
créent. « Avant, on n’était rien, maintenant, on existe, et ça pose problème », soupire Makhlouf Mameche, le président de la Fédération nationale de l’Enseignement privé musulman (Fnem), qui regroupe la moitié des écoles déclarées auprès des autorités, et milite pour que ces établissements bénéficient à terme des mêmes avantages que l’enseignement catholique sous contrat. L’origine de ce bourgeonnement scolaire ? La polémique de 2014 sur l’ABCD de l’égalité et la supposée « théorie du genre », répondent nombre d’élus. François Pupponi, le maire PS de Sarcelles, a vu grandir la méfiance des parents envers l’école publique. Angoisse par rapport aux contenus des enseignements, mais aussi peur de l’échec scolaire… « Ça se traduit par une fuite vers le privé, des déscolarisations de plus en plus fréquentes – chez nous, une cinquantaine aujourd’hui contre une dizaine il y a dix ans – ou carrément par la création d’écoles. Dont certaines ne sont même pas déclarées. »
“ON CONFOND TOUT”
Car le privé musulman, contrairement au privé catholique, installé de longue date, est pour le moins opaque. A côté de la soixantaine d’établissements dûment enregistrés, combien d’« écoles clandestines », un peu vite étiquetées « écoles coraniques » ? Le flou juridique… et sémantique est total. « Tout le monde confond tout, se lamente l’avocat Hakim Chergui. Les élus et les médias parlent d’école coranique pour faire peur. Mais on ne peut pas mélanger les cours de religion – l’école coranique, l’équivalent du catéchisme – et les écoles à proprement parler qui, comme les établissements catholiques, enseignent toutes les matières au programme, en ajoutant un cadre religieux. » Reste que la frontière, parfois, est poreuse. Ce sont bien souvent les mosquées qui permettent aux écoles de se lancer. Le scénario classique ? Une petite association donne des cours d’arabe avec le soutien d’un lieu de culte, puis se diversifie en proposant de l’aide aux devoirs le week-end et en soirée, pour enfin se mettre à enseigner pendant la journée, devenant de facto une école clandestine : les enfants, retirés de l’école publique, étant déclarés officiellement scolarisés à domicile.
C’est ce qui s’est passé avec l’école Iqra, qui fonctionne depuis au moins six ans, mais n’a reçu son agrément qu’en mai 2016 (1). Après Fontenay-sous-Bois et Aubervilliers, elle débarque à Bagnolet (93) en 2012. « Les fillettes étaient voilées, ils tiraient un rideau de fer, on ne savait pas trop ce qui se passait. On a alerté le rectorat, la préfecture », se souvient Marie-Laure Brossier, élue municipale PS. Embarrassé, le maire expulse l’école. Elle se réfugie alors à quelques kilomètres de là, à Bobigny, dans un immeuble possédé par l’association D’Clic gérée par le prédicateur ultrarigoriste Nader Abou Anas, dont les sermons enflammés font un carton sur YouTube. Contrairement à leurs homologues, les élus de la préfecture de Seine-Saint-Denis ne tiquent pas. Il faut dire que, depuis l’élection d’une liste
« citoyenne » associant l’UDI à la petite Union des Démocrates musulmans français, en 2014, Bobigny la rouge est devenue très conciliante avec les revendications religieuses. Le maire, Stéphane De Paoli, allant même jusqu’à inaugurer les locaux de l’école en janvier 2016 ! « Je visite également d’autres écoles privées de la ville, se défend-il. Et nous avons vu leur dossier, rien ne justifiait de s’opposer à son ouverture. » Iqra ne joue pourtant pas la transparence. Au 150, avenue JeanJaurès, rien n’indique qu’il s’agit d’une école. On sonne, la personne qui nous ouvre nous explique que la direction ne souhaite pas nous répondre. Quid du rôle de Nader Abou Anas ? « Ce n’était pas notre interlocuteur », se justifie le maire. Peut-être. Mais c’est bien grâce au prédicateur que l’école existe. L’imam 2.0 est en effet un expert du crowdfunding : sur les réseaux sociaux, il se félicitait de la générosité de ses fidèles qui lui avait permis de récolter… 1,1 million d’euros pour acheter l’immeuble dans lequel est hébergée l’école.
“PAS D’AUTORITÉ LÉGITIME”
Un tel « mécénat » – le tout avec la bénédiction d’une municipalité – reste exceptionnel. La grande majorité des écoles musulmanes sont fragiles, construites avec des bouts de ficelle. Leur principale source de financement ? Les clients, c’est-à-dire les parents qui déboursent entre 1 500 et 4 000 euros par an et par enfant. « Les gens sont prêts à faire de lourds sacrifices », confirme Didier Leschi. L’ancien patron du bureau des cultes au ministère de l’Intérieur, préfet délégué à l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis entre 2012 et 2015, a vécu en direct l’éclosion d’une demi-douzaine d’écoles. Pour lui, la demande en la matière est loin d’être satisfaite. « On se focalise sur l’aspect religieux, mais ces écoles attirent aussi des déçus de l’Education nationale. Elles mettent d’ailleurs en avant les mêmes éléments que leurs homologues catholiques : petits effectifs, proximité avec les parents, intérêt pour les pédagogies alternatives. Si l’offre était plus structurée, le phénomène aurait même une tout autre ampleur. »
Pas assez structuré, l’enseignement musulman ? Dites carrément chaotique… Consciente de ce problème, la Fédération nationale de l’Enseignement privé musulman rêverait de devenir l’interlocuteur obligé de l’Etat, voire le « garant » de la respectabilité des nouveaux projets. Mais ladite Fnem est une émanation directe de l’Union des Organisations islamiques de France. Or l’UOIF, du fait de sa proximité avec les Frères musulmans, est vue comme un cheval de Troie de l’islamisme par une bonne partie de la classe politique… tandis que les plus rigoristes dans la communauté musulmane la jugent trop moderniste. « On bute toujours sur le même souci. Dans l’islam de France, il n’y a pas d’autorité légitime, donc pas de contrôle social par le groupe », continue l’ancien patron du bureau des cultes. Résultat : personne ne peut/ne veut trier le bon grain de l’ivraie. Au niveau national, aborder le sujet calmement est même devenu impossible. Pour avoir suggéré en 2015 de « favoriser l’émergence d’établissements privés musulmans sous contrat », le secrétaire national du PS à la laïcité, Laurent Dutheil, a mis le feu à Solférino. Au niveau local, ça n’est guère mieux. Si quelques élus, comme à Bobigny, se montrent très conciliants, d’autres, au contraire, freinent des quatre fers, voire se montrent ouvertement récalcitrants, à l’instar du député LR du Loiret Serge Grouard pour qui l’ouverture d’une école musulmane, « c’est la porte ouverte à toutes les dérives ».
« Les temps ont bien changé !, sourit Alain Morvan. Il y a dix ans, la laïcité, c’était un gros mot… Aujourd’hui, c’est à qui sera plus laïque que l’autre ! » M. Morvan parle en expert. Alors recteur de l’académie de Lyon, il s’était opposé en 2006 à l’ouverture d’Al Kindi, l’un des premiers projets d’école musulmane, « pas par islamophobie », mais parce que les locaux, selon lui, n’étaient pas conformes. Quelques mois après, il sera révoqué. Et pour cause : le projet était soutenu par l’UOIF et par… Nicolas Sarkozy, qui, à l’époque ministre de l’Intérieur, se voyait en grand ordonnateur de l’islam de France. Depuis cette bataille originelle, Al Kindi est devenu un établissement « respectable » : une école privée classique, qui a réussi à passer sous contrat (voir p. 57). Son cofondateur et vice-président n’est autre que Hakim Chergui, le défenseur du sulfureux Abdelfattah Rahhaoui et de moult établissements qu’il a pris sous son aile : à Troyes, par exemple, il est venu au secours d’Eduk Ludik, une petite école primaire. Le rectorat s’opposait à son ouverture, considérant qu’elle avait fonctionné de manière clandestine avant de déposer sa demande d’agrément… Ce passé « hors cadre » ne dérange pas Me Chergui. « Je ne nie pas qu’il y ait de l’amateurisme, mais avec le temps tout cela va se professionnaliser. On l’a vu à Al Kindi, même les parents les plus militants changent. En 6e, c’est Coran, Coran, Coran. Trois ans plus tard, ils nous bassinent avec le brevet de leurs rejetons. »
UNE LISTE DE SAVOIRS
A la Fnem aussi, on s’efforce de rassurer. L’absence d’éducation musicale dans certaines écoles ? « C’est une négation des droits de l’enfant », assène Makhlouf Mameche. Les petites filles prépubères « encombrées par leur foulard » ? « Inacceptable ! » Le djilbeb noir porté par certaines enseignantes ? « Je suis contre. Cela impose une norme aux enfants. » M. Mameche reconnaît cependant qu’il faut parfois tempérer l’ardeur religieuse de certains parents, prompts à réclamer des classes non mixtes ou le port du voile pour les filles, « même en primaire ». Certains directeurs résistent à la pression. D’autres, non. « C’est compliqué pour eux.
“CERTAINES ÉCOLES QUE JE CONSEILLE N’ONT JAMAIS ÉTÉ INSPECTÉES.” HAKIM CHERGUI, AVOCAT
Ces écoles n’ont aucune subvention. Elles dépendent pour beaucoup des parents, car ce sont eux qui paient. »
En attendant, c’est aux inspecteurs de l’Education nationale de faire respecter la loi. Vaste chantier ! « Certaines écoles que je conseille n’ont jamais été inspectées », s’étonne Hakim Chergui. Conscient du problème, le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem vient de rédiger un vade-mecum pour aider les inspecteurs de l’Education nationale, pas forcément à l’aise face à ces écoles hors cadre, dont ils ignorent tout. Doivent-ils se préoccuper de la tenue vestimentaire des enfants ou des enseignants ? Non, cela relève du « caractère propre » des établissements. Peuvent-ils avoir un droit de regard sur les enseignements ? Oui. Leur principale arme ? « Le socle commun », une liste de savoirs que tous les petits Français doivent maîtriser. On y retrouve plusieurs pratiques en contradiction avec les préceptes d’un islam ultrarigoriste : la natation – donc des séances de piscine en milieu mixte –, l’enseignement des théories de l’évolution ou l’éducation artistique et musicale.
LE DROIT À L’ÉDUCATION
De la musique, il n’y en a pas dans l’école d’Alexandra Pichard. A Roubaix, au rez-de-chaussée de sa maison, l’ancienne coiffeuse, convertie à l’islam depuis seize ans, a créé il y a quatre ans l’école Arc-en-Ciel, conforme aux préceptes religieux du minhaj salafi : pas de musique, donc, ni de contact entre hommes et femmes ou de dessins trop figuratifs – « pour dessiner des bonshommes, je dis aux enfants de ne pas faire les yeux ». Alexandra Pichard a fait les frais de la nouvelle vigilance prônée par le ministère. Elle a été inspectée en avril 2016, et le rapport que nous avons pu consulter est sans appel. Les inspecteurs considèrent que « le droit à l’éducation des élèves n’est pas assuré ». Pas de cours d’éducation physique ni de natation, et des théories créationnistes comme la théorie des géants « sont proposées au même titre que la théorie de l’évolution ». Sous la pression du rectorat, Arc-en-Ciel a cessé de scolariser des enfants en juin 2016. Mais, dans sa maison, Alexandra continue à accueillir des petits en maternelle. C’est légal : l’obligation de scolarisation ne commence qu’en CP… Car, si les écoles hors contrat sont insuffisamment contrôlées, les « jardins éducatifs maternels » et, pour les plus grands, les « associations de soutien scolaire » fonctionnant du matin au soir ne le sont pas du tout. « Là, on rentre dans le n’importe quoi, s’époumone François Pupponi, le maire de Sarcelles. Vous alertez le rectorat, qui vous dit que ce n’est pas de son ressort, que c’est du périscolaire, bref que cela relève du ministère de la Jeunesse et des Sports… » A Sevran, l’une des communes les plus pauvres de Seine-Saint-Denis, son collègue écolo Stéphane Gatignon a été confronté à la même problématique. « Cela faisait bien dix ans qu’il y avait des gamins déscolarisés à qui on donnait des cours dans des appartements. J’ai contacté la personne qui s’en occupait. Je lui ai dit que si elle déclarait ses activités, nous serions prêts à l’aider… » Cette « politique d’accompagnement » lui a valu d’être cloué au pilori par l’émission de M6 « Dossier tabou ». L’élu, toutefois, reste droit dans ses bottes. Certes, la « personne » en question, un musulman très rigoriste, a fait l’objet d’un rapport des renseignements territoriaux. « Mais franchement, on veut quoi ? Avoir une école ayant pignon sur rue, que l’on peut contrôler, ou laisser filer des gamins dans la nature ? »
Le devenir des enfants : ce devrait être la préoccupation essentielle des autorités. Où partent les élèves quand les écoles sont fermées ou empêchées d’ouvrir ? Ni les élus ni l’Education nationale ne sont capables de le dire. A Roubaix, certains parents ont déscolarisé leurs enfants. D’autres ont mis leurs rejetons dans un autre établissement musulman du département. Pour son propre fils, Alexandra a fait un choix plus étonnant. Elle l’a envoyé à l’école La Cordée, du réseau Espérance Banlieues. Un groupement d’établissements hors contrat rattaché à la Fondation pour l’Ecole. Au programme : lever de drapeau, « Marseillaise », bons points et tout le tralala. « C’est vrai que pour moi qui ne jurais que par Montessori, les notes, les colles… Au début, j’en pleurais. Mais bon, mon fils est content. » Et tant pis si c’est un peu contradictoire avec ses convictions : « C’est les gamins qui comptent. »
(1) Nous avons contacté l’école Iqra mais elle n’a pas donné suite.