“OPÉRATION INFEKTION”
Sous Gorbatchev, le KGB a lancé l’une des mesures actives les plus efficaces de l’histoire : l’« opération Infektion ». La manipulation consiste à faire croire que le sida, qui fait alors des ravages dans le monde, a été créé par des biologistes militaires américains dans le laboratoire Fort Detrick (Maryland). Pour donner un vernis scientifique à l’« information », un scientifique estallemand, Jakob Segal, affirme, en 1986, que le VIH est le produit de la synthèse de deux virus naturels inoffensifs, synthèse opérée secrètement à Fort Detrick. Fort de cette caution intellectuelle, le KGB fait diffuser la prétendue nouvelle par ses relais habituels dans les pays du tiers-monde où elle fait la une d’une quarantaine de journaux. A l’Ouest aussi, la rumeur enfle. L’hebdo conservateur britannique « Sunday Express » la reprend sur plusieurs pages. Mais les protestations d’un très grand nombre de scientifiques du monde entier poussent le Kremlin à renoncer à diffuser cette rumeur en 1987.
Il décide d’en lancer une autre : de riches Américains kidnapperaient des enfants du tiers-monde en vue d’utiliser leurs organes pour des transplantations. Là encore, l’« information » fait le tour de la planète, notamment dans les banlieues des pays pauvres. En 1992, le porte-parole du SVR (qui succède au KGB après le démantèlement de l’URSS), le colonel Yuri Kobaladze, racontera au « Nouvel Obs » qu’à la demande des Américains le service russe a accepté d’arrêter de propager cette fausse nouvelle. En échange, a-t-il affirmé, la CIA s’est engagée à ne plus propager la rumeur selon laquelle le KGB serait à l’origine de l’attentat contre le pape Jean-Paul II…