On se bouge!
Le développement des services à la personne crée de nouveaux métiers et de nombreux débouchés pour ceux qui ont le goût des autres
Je n’ai jamais voulu être médecin, mais j’avais envie de permettre à ceux dont le métier est de soigner les autres d’exercer leur mission dans les meilleures conditions possibles », explique Alice Massèdre, 29ans. Embauchée comme responsable qualité dans une clinique pour personnes âgées souffrant de problèmes psychiatriques à Garches, en région parisienne, elle est nommée directrice adjointe six mois plus tard. Un parcours éclair? Pas si étonnant dans un secteur qui recherche des troupes. C’est l’un des grands défis des décennies à venir: prendre en charge les personnes dépendantes, dont le nombre va exploser avec le vieillissement de la population dans la plupart des pays développés. Or on manque de jeunes cadres pour gérer les maisons de retraite, les cliniques et les hôpitaux, avec un niveau bac+5, sortant d’école de commerce ou de master universitaire – comme Alice, diplômée de l’IAE Pau-Bayonne.
Ils doivent être opérationnels à la fois en gestion, comptabilité et ressources humaines, et sensibles aux problèmes des personnes vulnérables. «Les jeunes dans ce secteur sont souvent motivés par une histoire personnelle, liée à leurs grands-parents par exemple, explique Xavier Le Coutour, médecin, responsable de formation à l’université de Caen. Leur profil de gestionnaire ne les rend pas moins humains que des soignants. » Comme Alice, avec une mère aide-soignante et un proche souffrant d’une affection nosocomiale. Mais gare aux vendeurs de rêve: contrairement aux discours alléchants de certaines écoles, les salaires des débutants sont modestes. Même chose pour les assistants de services sociaux, éducateurs spécialisés et autres travailleurs sociaux chargés de soutenir les plus fragiles: familles monoparentales, SDF, ménages endettés… Les éducateurs de jeunes enfants sont également recherchés, pour assister des patients en hôpital ou diriger une crèche. Julie Larrauffie, 28 ans, a ainsi ouvert avec deux collègues une maison d’assistants maternels (MAM) près d’Orléans. « Ce type de structures se développe beaucoup. On peut y accueillir les bébés avec plus de liberté qu’en crèche, et mener des expérimentations. Par exemple, nous leur apprenons la langue des signes. » Mais
les travailleurs sociaux ne sont pas les seuls à s’occuper du bien-être des autres. Si les étudiants en sciences du sport (Staps) se dirigent toujours majoritairement vers l’Education nationale, ils peuvent aussi devenir enseignants en activité physique adaptée (APA) et aider les personnes en rééducation, les diabétiques, les malades atteints de sclérose en plaques… Et ce sur prescription médicale. « Les diplômés travaillent dans des centres de rééducation, en maison de retraite, dans des instituts médico-éducatifs avec des enfants. Il existe aussi une demande en libéral, car lorsque des patients sortant de clinique doivent continuer une activité sportive, ils ont besoin d’enseignants à domicile », explique Florent Fouque, de l’université de Bourgogne. D’autres diplômés travaillent dans l’ergonomie, chez des fabricants de chaussures ou de matériel pour l’industrie.
D’autres encore s’orientent vers le management du sport, comme certains passionnés de foot ou de basket. « La moitié des étudiants que nous recevons souhaitent intégrer un club pro ou amateur, confirme Bénédicte Vignal, de l’université Lyon-I. Mais, après quelques mois et des stages, ils trouvent tout aussi intéressant de se tourner vers l’industrie et la distribution, ou encore vers le tourisme et les loisirs… »
Attention à l’événementiel, qui exerce aussi une forte attraction, mais emploie surtout des stagiaires. Rennes-II propose un cursus original sur le mouvement et la santé pour devenir aussi bien cadre dans un club qu’ingénieur en équipement, en agroalimentaire ou dans l’industrie pharmaceutique. Côté animateurs sportifs, les effectifs en licence Staps ont doublé depuis 2008. « La majorité des universités sélectionne par tirage au sort », déplore Didier Delignières, président de la conférence des directeurs de Staps. Moins d’un candidat sur deux décroche le gros lot.