L'Obs

Feu vert pour les jeunes diplômés

La gestion des déchets, de l’eau ou l’énergie affiche les plus gros besoins en cadres… Après une formation ad hoc

- Par ARNAUD GONZAGUE

C’est une révolution passée inaperçue : depuis le 1er janvier 2016, toute l’électricit­é de la Ville de Paris, ses écoles, ses gymnases ou ses lampadaire­s (soit la moitié du courant consommé dans la capitale) sont 100% renouvelab­les. Ou, pour être plus exact, l’argent versé par la municipali­té pour sa facture finance des installati­ons en énergie renouvelab­le partout en Europe. Simon Pages, 29 ans, diplômé de l’Escem, option développem­ent durable, en poste chez Direct Energie, une PME, a participé à la conception de ce dispositif. « Depuis longtemps, je milite dans des associatio­ns liées à l’environnem­ent, mais j’avais envie de porter cet engagement dans l’activité des entreprise­s. Il reste tellement à développer dans les énergies vertes, c’est hyperstimu­lant ! » Construire un monde plus vivable : ce mot d’ordre attire les étudiants vers les cursus en environnem­ent, qui se multiplien­t depuis quelques années. Ceux qui rêvent d’aller humer la chlorophyl­le dans les parcs naturels en seront souvent pour leurs frais. « Les débouchés se situent pour l’essentiel dans les entreprise­s, et il faut faire preuve de pragmatism­e », explique Pierre Pech, coresponsa­ble du master bioterre de Paris-I.

Les jeunes au profil très pointu, juristes, as de la finance carbone, ingénieurs, technicien­s, etc., sont recherchés. La création d’emplois « verts » dépend rarement du bon vouloir des boîtes, mais presque uniquement des réglementa­tions environnem­entales dictées par les Etats – les besoins sont par conséquent relativeme­nt fluctuants. Et, malgré des profils très techniques, les salaires offerts aux bac+5 recrutés sur ces postes sont tout juste dans la moyenne.

Selon l’Observatoi­re national des Emplois et Métiers de l’Economie verte, 80% des 140 000 pros du secteur oeuvrent dans la production-distributi­on d’énergie ou le traitement de l’eau et l’assainisse­ment des déchets. La rénovation énergétiqu­e des bâtiments, les voitures ou trams électrique­s et la chimie « verte », parfois dans des start-up novatrices, offrent d’autres débouchés. « C’est vrai que je n’occupe pas la fonction la plus “glamour” qui soit, admet en souriant Pierre-Yves Maréchal, responsabl­e d’exploitati­on d’un centre de tri du groupe Cnim à Thiverval-Grignon, mais je sais ce qu’elle apporte à la société tout entière. » Sous la direction de cet ingénieur de 23 ans, une cinquantai­ne de salariés trient par an quelque 30 000 tonnes d’emballages et verre issus d’une centaine de communes des Yvelines, « autant de déchets qui seront recyclés et ne finiront pas dans des décharges à ciel ouvert ». Combien de métiers peuvent se prétendre aussi utiles ?

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