L'Obs

Une si belle rupture

SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE, D’APRÈS INGMAR BERGMAN. JUSQU’AU 30 AVRIL, L’OEUVRE, PARIS-9E, 21 HEURES, 01-44-53-88-88.

- JACQUES NERSON

Au lieu de résumer la pièce, on rappellera la fable des « Deux Pigeons », de La Fontaine, telle que Tristan Bernard l’avait condensée : « Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre. Moralité : l’un d’eux s’ennuyait au logis. » Il faut bien l’avouer, l’homme languit dans le bonheur. A tel point qu’au bout d’un temps plus ou moins long il finit par tout saccager. La femme fait en général preuve de moins d’inconstanc­e. Ce que montre bien Ingmar Bergman : si Johan n’avait pris un jour l’initiative de faire voler son couple en éclats, Marianne ne se serait jamais détachée de lui. D’ailleurs, est-il si amoureux de celle pour qui il va la quitter ? N’a-t-il pas surtout besoin de s’ébrouer, de secouer le confort de son existence trop étale ? Avant d’en tirer un film, Ingmar Bergman a d’abord tourné « Scènes de la vie conjugale » pour la télévision. Les six épisodes de la série avaient enflammé la Suède en 1973. Le film, interprété entre autres par Liv Ullmann et Erland Josephson, n’a pas eu moins de succès dès l’année suivante à travers le monde. Venus l’un comme l’autre du cinéma, Jacques Fieschi et Safy Nebbou ne sont pas les premiers à porter l’oeuvre à la scène, mais leur adaptation, très synthétiqu­e, épurée, réduite à deux personnage­s, est une grande réussite. Très réussie aussi l’interpréta­tion du couple par Laetitia Casta et Raphaël Personnaz (ci-dessus), qui ne se contentent pas d’être beaux et ne s’écartent pas un instant de la vérité. Cette rupture qui n’en finit pas remue jusqu’au fond du coeur.

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