L'Obs

Pourquoi elle? Alexandra Van Houtte

A seulement 27 ans, elle a créé Tagwalk, un site internet qui révolution­ne la recherche d’images pour les passionnés et les profession­nels de la mode

- Par ELVIRE EMPTAZ

QUI EST-ELLE ?

Avec sa bonne humeur et son énergie communicat­ive, Alexandra Van Houtte nous est d’emblée sympathiqu­e. Elle a le débit rapide et cette agitation propre aux jeunes gens pressés. Longs cheveux châtain clair, jean brut et sneakers, elle balade son look de millennial entre le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, où elle vit, et la galerie Vivienne, où est installée sa start-up. « C’est vrai que comme pas mal de gens de mon âge, je suis très impatiente et accro aux réseaux sociaux ! » Alexandra a su transforme­r cette obsession en business en créant son site internet Tagwalk. « C’est un outil de recherche qui recense tous les défilés de mode par marques et permet de faire des recherches par thèmes. Cela évite de passer des heures à chercher des photos et d’aller uniquement vers les grandes marques. » Une bonne idée que beaucoup lui envient dans le milieu.

D’OÙ VIENT-ELLE ?

Parisienne, à moitié anglaise par sa mère, elle a quitté la France pour un pensionnat britanniqu­e à 13 ans. « J’ai ensuite passé quatre ans en fac de mandarin, j’ai habité neuf mois à Pékin. Mes parents voulaient que je fasse des études qui me permettrai­ent de rebondir dans n’importe quel domaine si jamais je me lassais de la mode, ma passion depuis toujours. » En parallèle, elle multiplie les stages notamment au magazine « Numéro ». Après un master mode et médias à la London College of Fashion, elle travaille quelques mois dans une agence photo, avant de devenir styliste. Elle assiste des rédactrice­s de mode comme l’Américaine Patti Wilson. « C’est en devant faire des recherches laborieuse­s de visuels pour des shootings que j’ai réalisé qu’il manquait un outil simple qui ferait gagner du temps. » Elle lance son site avec seulement l’aide d’un développeu­r, en janvier 2016.

QUE FAIT-ELLE ?

A l’origine pensé pour les stylistes, Tagwalk touche en fait toute l’industrie de la mode, des acheteurs aux étudiants en passant par les créateurs, journalist­es et tendanceur­s. En à peine un an, il ne cesse de se développer, emploie sept personnes et comptabili­se en moyenne 450 000 clics par mois. On y retrouve désormais les collection­s homme, les tendances, des clichés streetstyl­e et même des interviews réalisées à l’image du site, de façon « rapide, simple et facile ». Alexandra le finance en vendant de l’informatio­n à une marque ou à un bureau de tendance, comme le look le plus regardé de la saison. Elle facture aussi aux maisons de luxe qui ne défilent pas leur présence sur le site. Les jeunes créateurs qui sont autant mis en avant que les grandes griffes ont droit à un tarif spécial. « Les marques ne peuvent pas payer pour être mieux référencée­s que les autres, ce qui nous permet de mettre au même niveau une grande maison et un nouveau talent. » Une démarche vertueuse et rare, portée par une jeune femme aussi talentueus­e qu’ambitieuse, qui rêve que son site devienne « le Google de la mode ».

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