Trop bon Afro style
Art, mode, littérature… L’Afrique, c’est chic. Et la gastronomie n’échappe pas à cette ébullition créative
Le succès de l’expo photo du photographe malien Seydou Keïta, la consécration de l’auteur Gaël Faye avec son roman « Petit Pays », ou les imprimés façon wax ou kanga. L’Afrique subsaharienne vibre sur la scène culturelle… et la gastronomie n’échappe pas à cette nouvelle coolitude. Franchissant les frontières communautaires, elle revendique son expression tout en se débarrassant des clichés.
Trop épicée, lourdingue, rustique… Des idées reçues sur la cuisine africaine qui ont pu ralentir une reconnaissance digne de ce nom, à l’instar de la cuisine asiatique. L’Afrique noire se compose de 54 Etats qui revendiquent chacun leur identité autour de recettes phares. Le plus connu, le yassa, est un plat à base d’oignons originaire de Casamance (Sénégal). Tout aussi courant, le mafé du Mali (photo) est un ragoût de viande ou de poisson dans une sauce à l’arachide. Le thiéboudiène, avec son poisson farci, sa sauce tomate, son riz rouge et ses légumes est le plat national du Sénégal. Un peu moins courant, mais en bonne place sur les cartes des restaurants, l’attiéké est un plat ivoirien à base de manioc. Enfin, le mystérieux poulet DG (Poulet Directeur Général) du Cameroun est né dans ces restaurants improvisés chez l’habitant, appelés « chantiers », qui permettaient aux familles d’arrondir leurs fins de mois. Les hommes d’affaires pressés (tous surnommés PDG) pouvaient y manger rapidement ce plat aux légumes variés, sans couverts.
Une nouvelle génération de chefs passés par des grands restaurants et issus de la diaspora établie dans la capitale est en train de convertir les Parisiens. « Château-Rouge, c’est le plus grand marché africain de tout le continent », indique Alexandre Bella Ola, chef du Rio Dos Camaraos, à Montreuil, considéré comme le meilleur représentant de la cuisine panafricaine. Avec lui, Dieuveil Malonga, chef itinérant, ou encore Loïc Dablé, chef privé et consultant, modernisent cette gastronomie en la rendant plus créative, entraînant la percée de cantines familiales comme Ô Petit Club à Puteaux, mais aussi de fast-foods tels que Afrik’N’Fusion ou Osè, sans oublier le succès des food trucks comme Black Spoon ou New Soul Food.
Les chefs ont compris qu’il fallait ouvrir leur cuisine et se faire connaître, « le temps des maquis (1), c’est terminé », plaisante Jacqueline Ngo Mpii, créatrice du premier guide de l’Afrique à Paris. (1) Petits restaurants cachés, sans enseigne, connus uniquement par le bouche-à-oreille.