DES CHEFS D’ENTREPRISE VICTIMES DE RACKET ?

Rocca. Son nom est l’un des plus connus sur l’île. Les transports, la SNCM (la compagnie maritime), les déchets, les commerces, le BTP, rien n’échappe à cet homme d’affaires parti de rien. Ainsi, la nouvelle de son agression en décembre dernier a fait le tour de l’île, même si Patrick Rocca (qui n’a pas donné suite à nos sollicitations) aurait préféré rester discret. Ce jour-là, un homme débarque dans ses bureaux à côté d’Ajaccio. L’entrevue tourne mal, Rocca se retrouve avec le nez cassé et pisse le sang. Sa compagne (par ailleurs élue à la collectivité territoriale de l’île) alerte les autorités qui doutent immédiatement de la version livrée par l’homme d’affaires, lequel refuse de porter plainte. Ce dernier évoque une vieille histoire de devis non réglé. Mais le pedigree de l’agresseur, réputé proche du grand banditisme, ne colle pas. Quelques recherches permettent d’établir que ce « directeur commercial » – c’est ainsi qu’il se présente – arrivé dans les bureaux de Rocca au volant d’une BMW blindée travaille pour une coquille vide. Il sera finalement condamné pour violence en février. L’un des plus puissants chefs d’entreprise de Corse est-il victime de racket ? « Les enquêtes restent souvent à la surface à cause de l’omerta, regrette une source judiciaire, mais cela y ressemble fort. » Patrick Rocca investit actuellement dans la commune de Sarrola, située à la périphérie d’Ajaccio, où 65 000 mètres carrés de terrains commerciaux doivent être aménagés. Il va y ouvrir le premier Auchan de l’île avec une galerie commerciale. Le projet, qui prévoit également des équipements publics (crèche, gymnase, logements…), aiguise les appétits du milieu et reste surveillé de très près par les autorités. Cet été, une bombe avait été déposée devant le magasin Leclerc de la zone commerciale, détenu par François Padrona, « l’autre » homme d’affaires corse, concurrent de Patrick Rocca.