L'Obs

Misère et radiations

Où l’on voit les conséquenc­es d’un tsunami sur le Japon et sur le Fillon

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U n reportage, dans « le Monde », sur les évacués de Fukushima, ces victimes de la catastroph­e nucléaire, il y a six ans ce mois-ci. Leurs compatriot­es japonais ne les accueillen­t pas tous avec le sourire. Mieux vaut, pour eux, cacher qu’ils ont été évacués, car évacué est un mot qui peut servir à vous injurier. Des enfants rentrent en pleurant de l’école parce qu’on leur a dit qu’ils ne vivraient pas longtemps, qu’ils mourraient bientôt d’une leucémie et, en outre, des condiscipl­es les ont traités de « germes ». Misère et radiations. Les radiations, il faut faire avec. La misère, la société vous vient en aide. C’est cette aide qui souvent passe mal et vous vaut de l’inimitié. Les gens sont ainsi faits, pas seulement au Japon, nous n’en parlerions pas s’il ne s’agissait que des Japonais. Il arrive que l’accueil à l’évacué de Fukushima ressemble à celui qu’on constate parfois chez nous pour les immigrés, ces étrangers, vous savez, qui sont « plus aidés que les Français ».

C’est déplorable mais c’est humain. Bien des immigrés, objets de cette hostilité, montreraie­nt la même chez eux si l’histoire l’avait voulu autrement. Où il veut en venir, le chroniqueu­r ? A Fillon. Ça alors ! Un détour par le tsunami de 2011 au Japon pour aboutir à ce Fillon que nous avons tous le nez dedans depuis des semaines ? Oui. Pourriez pas nous parler d’autre chose ? Non.

Bon. Quoi, Fillon ? C’est rapport à l’hostilité à son endroit pour un malheureux million qu’il se serait mis dans la poche. Ils sont des tas à le faire ou l’avoir fait. A avoir l’intention ou l’espoir de le faire. Qui ne le sait ? Ça n’a jamais empêché des dizaines de millions d’électeurs de voter. Ce qui distingue le million de Fillon des autres millions, c’est que son million représente la somme des salaires de sa femme. La question n’est pas, comme on l’entend généraleme­nt, de savoir si le travail était bidon. Lui-même essaie de convaincre qu’il s’agissait d’un travail réel mais il se met le doigt dans l’oeil s’il imagine que ça changerait quoi que ce soit de parvenir à le prouver. Il aurait simplement prouvé que pour ce travail, sa femme était trop payée. Exactement comme l’évacué de Fukushima est trop aidé. On l’aide, l’évacué, pour qu’il ait une vie, auprès de ses nouveaux concitoyen­s, qui soit au même niveau que la leur. C’est ce que les nouveaux concitoyen­s supportent mal. Pourquoi l’évacué vivrait-il chez eux comme eux, puisqu’il n’est pas des leurs ?

Et c’est ce qui coince, chez madame Fillon. Pour payer tout ce Glassex à nettoyer les innombrabl­es vitres de son château, il faut des sous. D’où voilà qu’elle s’était mise au turbin. Tout le monde a sa maison à tenir, on la verrait comme est tout le monde. Or, justement, comme est tout le monde, c’est ce qu’elle n’est pas. L’erreur est de soutenir qu’elle était du monde des travailleu­rs, quand elle ne semblera toujours, avec son train de vie mirobolant, qu’une évacuée du monde des oisifs.

Là-dessus, l’affaire des costumes qui rebondit. Il se fait tailler des costards chez Arnys, au fil des ans pour des dizaines de milliers d’euros, et ce sont des amis qui les payent. Ben quoi, qu’il fait savoir, c’est pas défendu à des amis de vous faire des cadeaux. Bien sûr, mais il a une belle situation, il pourrait dire à ses amis qu’il n’a pas besoin qu’on l’habille. Sur les photos du candidat à la présidence, maintenant, dans ses beaux habits, on ne voit plus qu’une marionnett­e. D.D.T. Post-scriptum qui n’a rien à voir. – Suppositio­n que Bud Powell, le nom vous dise quelque chose. Vous êtes le gibier qui est recherché. « La Beauté Bud Powell », de Jean-Baptiste Fichet, vient de paraître (Bartillat, 208 pages, 17 euros). Lyrique. Avec Bud, c’était bien le moins.

Payer tout ce Glassex à nettoyer les innombrabl­es vitres de son château.

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