L'Obs

Angot : pour l’amour d’une mère

UN AMOUR IMPOSSIBLE, DE CHRISTINE ANGOT. JUSQU’AU 26 MARS. ODÉON-ATELIERS BERTHIER, PARIS-17E, RENS. : 01-44-85-40-40.

- J. N.

Au metteur en scène Célie Pauthe qui sollicitai­t les droits de son roman « Un amour impossible » (Flammarion, 2015), Christine Angot a répondu en écrivant pour elle une vraie pièce de théâtre. Elle y revient sur les viols répétés commis par son père naturel durant son adolescenc­e. Non par « angotcentr­isme » comme certains l’en accusent, mais pour parler de sa mère. Une mère à qui elle demande pardon de l’avoir méjugée, le père ayant plus d’allure et d’aisance qu’elle. De son côté, la mère s’en veut de n’avoir su interpréte­r le trouble de sa fille chaque fois qu’elle revenait de chez lui. Passage saisissant, celui où Christine découvre que son bourgeois de père a pu se livrer à ses désirs incestueux parce qu’elle ne faisait pas à ses yeux partie de sa famille. Cela parce que sa mère était juive. Surtout, plus impardonna­ble, une juive pauvre. Dans une langue où l’intelligen­ce et l’intuition s’associent pour vriller le coeur, moins ressassant­e que dans ses romans, Christine Angot explore son amour trop longtemps contrarié pour sa mère. Remonter de l’adulte à l’enfant et vice-versa n’est pas facile. Maria de Meideros (photo), actrice d’exception, se joue de la difficulté. A tout moment elle dégage une violente émotion. On préférerai­t Bulle Ogier (la mère, photo) moins statique. C’est – avec l’inutile vastitude du plateau et quelques longueurs dans la dernière scène – la seule réserve qu’on émettra sur ce spectacle superbe et poignant.

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