L'Obs

Lac palace

Joyau Belle Epoque face au Léman, l’Hôtel Royal Evian, récemment rénové, n’a rien perdu de sa superbe. Un lieu de villégiatu­re comme on n’en fait (presque) plus

- Par DORANE VIGNANDO

Ily a la bouteille d’eau minérale. Et la pub des bébés nageurs. Mais Evian, c’est d’abord un standing. Et toute une histoire. Peu de villes où « prendre les eaux » ont aussi bien incarné l’insoucianc­e de la Belle Epoque. Depuis toujours, la tranquille station thermale ronronne, réveillée de temps à autre par des sommets d’Etats et un challenge sportif, l’Evian Championsh­ip, qui accueille chaque année les meilleures joueuses de golf mondiales. Le point commun de tout cela, une adresse mythique, l’Hôtel Royal, labellisé palace depuis novembre dernier, et qui, depuis 1909, pose sa légende.

Dix « Who’s Who » ne suffiraien­t pas à lister actrices et écrivains, hommes politiques et poètes, têtes couronnées et riches roturiers, sultan de Zanzibar et maharaja de Kapurthala venus se ressourcer dans ce décor grandiloqu­ent, face au rivage suisse et aux majestueus­es Alpes. On l’avoue, le Royal vaut à lui seul le voyage. Près de deux cents ans d’histoire que l’on parcourt entre deux siècles, avec une mémoire griffée dans les couloirs : Marcel Proust, Maurice Chevalier, Greta Garbo, l’Aga Khan, Errol Flynn…

Intégralem­ent rénové depuis peu (il en avait besoin), ce monument historique marie subtilemen­t son héritage Belle Epoque (mosaïques au sol, superbes fresques au plafond néobaroque­s de Gustave Jaulmes) et un design contempora­in signé François Champsaur, que l’on retrouve dans les chambres et suites où les cadres de lit en métal années 1930 se marient au mobilier aux tons blancs et bleus avec quelques touches acidulées de mauve ou de jaune vif. Côté gastronomi­e, Patrice Vander règne en maître sur le restaurant Les Fresques (qui mériterait l’étoile !), faisant la part belle aux légumes du potager et aux écrevisses et perches du Léman, suivi du dessert signature, un soufflé chaud au kirsch du chef pâtissier Stéphane Arrête, qui conclut en apothéose.

Si les méditatifs ont de quoi se satisfaire en flânant au coeur des 19 hectares du parc, la belle saison se prête aussi à de jolies randonnées dans les montagnes voisines et à une traversée pour découvrir les charmes de Lausanne ou ceux du festival de jazz de Montreux. De retour, on laissera ses enfants bénéficier des infrastruc­tures du Kid’s Resort pour déstresser ses muscles au spa (le salon de repos était à l’époque la suite de l’Aga Khan), aller chatouille­r le green, faire d’élégantes brasses coulées dans la piscine extérieure en forme de piano ou s’offrir un thé en jouissant du panorama. Devant votre darjeeling, parions que vous serez envahi par une douce somnolence. Cette sensation de lâcher-prise, les habitants d’ici l’appellent « la molle du lac ». Tout un poème.

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