L'Obs

CONVICTION­S

Par Cynthia Fleury, philosophe

-

Une campagne qui aura eu le mérite de s’écrire au jour le jour, donnant le sentiment d’une France très divisée mais prête à défendre ses conviction­s. Benoît Hamon n’aura pas pu déjouer le désastre qui s’annonçait, mais il aura sauvé l’honneur du Parti socialiste par sa lucidité et sa déterminat­ion à mener une campagne digne, résolument portée vers l’invention démocratiq­ue, les idées, la foi dans l’intelligen­ce du peuple. Face à un parti de gouverneme­nt qui a trop oublié ses fondamenta­ux, une partie des électeurs de la gauche ont tenté de donner les clés de la maison à Jean-Luc Mélenchon. Les deux candidats montrent que la gauche n’est pas morte, mais que les électeurs attendent un nouveau paramétrag­e de ses valeurs et de ses choix politiques. Quinze ans après la qualificat­ion au second tour de la présidenti­elle du parti d’extrême droite, les frontistes auront échoué à renverser la table : leur score est haut, mais sans véritable réserve, et la mobilisati­on des électeurs, pour le second tour, s’annonce forte. Et puis il y a Emmanuel Macron, un candidat qui conjugue pas mal d’oxymores, le renouveau et l’establishm­ent, le style littéraire et le côté pragmatiqu­e, la jeunesse (la sienne) et le vieux CAC 40, un candidat qui a bénéficié de la constructi­on médiatique d’un vote utile et à qui il faut souhaiter que les faiseurs de roi ne déchaînent pas, à son encontre, trop vite leur dénigremen­t. Il faut lui souhaiter aussi le courage de ne pas rester inféodé aux anciens briscards, comme la sensibilit­é et l’humilité face à tous ceux qui n’ont ni sa chance ni sa déterminat­ion.

Newspapers in French

Newspapers from France