PLUS D’INÉGALITÉS AU PROGRAMME
Au moins, la « candidate du peuple » aurait pu se pencher sur la question de l’école, l’un des meilleurs outils d’élévation sociale. Mais non : son programme sur l'éducation ne favorisera pas non plus les classes populaires, au contraire. Marine Le Pen se contente de rêver d’une résurrection de l’école de la IVe République, à la manière des dinosaures de « Jurassic Park ». Elle entend augmenter l’enseignement du français en primaire, et promet de restaurer l’autorité du maître, cette vieille tarte à la crème. Ses conseillers du Collectif Racine rêvent, au passage, de réduire la participation des élèves, alors qu’il a été démontré que l’acquisition de connaissances fonctionne mieux dans les systèmes « horizontaux », favorisant les échanges entre élèves. Surtout, Marine Le Pen annonce la suppression du collège unique, instauré dans les années 1970 pour démocratiser l’enseignement. L’idée était de doter tous les enfants, jusqu’à la 3e, d’un bagage scolaire identique. La réalisation n’est pas facile, il y a des problèmes persistants d’hétérogénéité des élèves. Mais l’objectif n’a jamais été remis en cause. Le FN, qui se présente comme un parti anti-élite, veut revenir sur cette démocratisation, en poussant les élèves en difficulté vers l’apprentissage. « Remettre certains jeunes au travail à 14 ans, c’est typiquement une mesure inégalitaire », prévient Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des Inégalités. « Cela va à l’encontre de l’évolution des sociétés modernes ». Les enfants qui quitteront l’école à 14 ans seront privés de savoirs nécessaires à l’appréhension de notre monde : langues, histoire (du xxe siècle), mathématiques… Mais le but du FN n’est manifestement pas de lutter contre le déterminisme social.