LES RISQUES D’UNE SORTIE DE L’EUROPE
Les agriculteurs, qui représentent 3,5% de la population active, occupent beaucoup de place dans les discours de Marine Le Pen. Dans l’idéologie d’extrême droite, ils sont toujours choyés : c’est la France éternelle, la terre qui ne ment pas. Un tiers a voté Le Pen au premier tour. Sur fond de pauvreté croissante : un agriculteur sur trois touche moins de 354 euros par mois. Pour sauver l’agriculture, Marine Le Pen propose le « patriotisme alimentaire » : protectionnisme, sortie de la Politique agricole commune (dont la France est la première bénéficiaire), et « francisation des aides ». La France étant fortement exportatrice, cette approche est « cinglée », juge José Bové, député européen altermondialiste : « La France vend 38,2 milliards de produits agricoles vers l’UE (chiffres 2015, ndlr), ce qui représente près des deux tiers de ses exportations totales. Son solde avec l’UE est positif de 1,2 milliard. Si elle en sort, ses produits seront taxés à l’entrée du marché européen, et ses exportations s’effondreront. Avec des effets en chaîne : surproduction, effondrement des prix, et peut-être un tiers des exploitations au tapis ! C’est du masochisme militant. » Mais Marine Le Pen rêve : « La France exportait beaucoup mieux quand les Français mangeaient français. » La sortie de l’euro, juge enfin le FN, aidera la vente des produits agricoles, du fait de la dépréciation du nouveau franc qui s’ensuivra. Mais est-ce si sûr ? Si la France sort, l’Espagne et l’Italie sortiront aussi, et leur monnaie baissera plus encore, rendant les produits français bien moins compétitifs. (1) « L'Euro, une utopie trahie ? », éd. Renaissance du Livre, 2017.