L'Obs

La maison hantée

Dans une maison aux allures de bunker tout confort, la nouvelle locataire découvre qu’une autre femme, avant elle, a succombé à une mort atroce

- DIDIER JACOB

LA FILLE D’AVANT, PAR J. P. DELANEY, TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR JEAN ESCH, MAZARINE, 432 P., 21,90 EUROS.

One Folgate Street. C’est l’adresse londonienn­e de la nouvelle résidence de Jane, une jolie blonde au physique hitchcocki­en, qui a perdu un bébé pendant son accoucheme­nt. Piloté par un cerveau hightech, ce mausolée a été conçu par une star de l’architectu­re minimalist­e. Il n’y a pas d’interrupte­urs, pas de serrures, pas de radiateurs apparents. D’une pièce à l’autre, la maison calcule ce dont vous avez besoin. Le système wifi est luimême un chefd’oeuvre de technologi­e. Quand on ouvre son ordinateur, on n’a pas accès à Google mais à un genre de concierger­ie, qui prend en compte vos moindres désirs. Pour Jane, c’est une aubaine. Seul hic : le questionna­ire personnel que tout locataire doit remplir avant d’être accepté, avec photos et lettre de motivation. Sans parler des deux cents règles de vie auxquelles on ne peut déroger : pas le droit de laisser traîner un objet, de changer la déco, d’amener ses propres affaires. Dieu merci, le loyer est donné. Et c’est ainsi que Jane se jette dans la gueule du loup. On sait, dès les premières pages, que ça tournera mal, mais l’entrée en matière est un modèle du genre. « La Fille d’avant » raconte deux histoires en parallèle : celle de Jane et celle d’Emma, la précédente locataire, blonde elle aussi, qui s’était installée avant elle dans la maison de Monkford, et avait eu une histoire avec lui. Emma avait succombé à une mort violente et inexpliqué­e, comme Jane ne tarde pas à l’apprendre. Mais c’est quand elle découvre que l’architecte se comporte avec elle comme avec Emma, jusqu’à lui tenir, mot pour mot, le même discours, que ça commence à sentir le roussi. J. P. Delaney est le pseudonyme de Tony Strong, un romancier anglais qui vit à Londres et a publié plusieurs thrillers à succès. Dommage que, dans ce livre, les deux héroïnes soient des cruches qui, sur un mot de ce bellâtre d’architecte, acceptent de se plier à toutes ses fantaisies sexuelles. Si les Femen lisaient « la Fille d’avant », il y aurait du grabuge.

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