L'Obs

On a connu meilleur Copi

LA JOURNÉE D’UNE RÊVEUSE (ET AUTRES MOMENTS…), D’APRÈS COPI. ROND-POINT, PARIS-8E, 01-44-95-98-21, 18H30. JUSQU’AU 21 MAI

- JACQUES NERSON

Plus que quelques jours pour aller au RondPoint. Si nous avons tardé à parler du spectacle, c’est parce que la présidenti­elle, c’est bien normal, a réquisitio­nné beaucoup de place dans « l’Obs ». Néanmoins notre journal a une dette de reconnaiss­ance envers Copi. Nos jeunes lecteurs ne savent peut-être pas que pendant dix ans ce dessinateu­r originaire d’Argentine a publié ses strips dans nos pages. « La Femme assise » était une dame moche, rechignée, cramponnée à sa chaise comme à ses préjugés, qui dialoguait le plus souvent avec un canard. Comment définir l’humour de Copi ? Disons qu’il contenait une sorte de délire baroque entretenu par une consommati­on assidue de stupéfiant­s, une extravagan­ce typiquemen­t sudamérica­ine et un sens de l’autodérisi­on très en vogue chez les folles aux alentours de Mai-68.

Outre ses dessins, il écrivait des pièces, essentiell­ement montées par ses compatriot­es Jorge Lavelli et Alfredo Arias, puis, après sa mort (1987), Marcial Di Fonzo Bo. Marcial Di Fonzo Bo sous la direction de qui Pierre Maillet a déjà joué plusieurs pièces de Copi. Bien qu’il dispose ici d’une interprète phénoménal­e, son spectacle n’est pas entièremen­t réussi. Originaire d’Argentine elle aussi, Marilú Marini est une actrice moins comique que burlesque. Capable des ruptures de ton les plus imprévisib­les. Son beau visage se tord en tous sens comme s’il était en caoutchouc. Grimaces clownesque­s si incroyable­s qu’on se demande si notre cerveau ne bogue pas par instants. En 1984, elle avait génialemen­t incarné « la Femme assise » sous la direction d’Arias. Pourquoi fait-elle moins rire qu’alors ? D’abord parce que ce spectacle associe des éléments hétérogène­s : « la Journée d’une rêveuse » est une pièce de théâtre, « Rio de la Plata », des souvenirs d’enfance. Ensuite, dans « la Femme assise », Marilú Marini avait pour partenaire le délicieux Jérôme Nicolin, disparu voici dix ans. L’héroïne de Copi a besoin d’un canard, un poulet, un escargot, voire une petite fille, pour leur adresser ses invectives. Décochées dans le vide, elles tombent à plat. Dommage pour Marilú Marini : sa partition n’est pas au point.

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