L'Obs

L’Afrique en grand format

AFRIQUES CAPITALES, LA VILLETTE, PARIS-19E ; 01-40-03-75-75 ET WWW.LAVILLETTE.COM. JUSQU’AU 21 MAI. CATALOGUE : « AFRIQUES CAPITALES », KEHRER, 208 P.

- BERNARD GÉNIÈS

Une dizaine de jours à peine pour découvrir cette ville imaginaire dont les rues, faiblement éclairées, sont jalonnées d’installati­ons les plus diverses. Dès l’entrée, il faut lever les yeux pour découvrir, suspendues sous la voûte métallique de la Grande Halle de la Villette, trois cabanes conçues par l’artiste camerounai­s Pascale-Marthine Tayou. Détail : ces fragiles constructi­ons sont installées à l’envers, leur toit pointant vers le sol. Cette « constructi­on », se veut une allusion au pouvoir colonial, coupable d’avoir mis « le monde à l’envers ». L’oeuvre est imposante, à l’image de la plupart de celles qui sont exposées ici, témoignage­s du dynamisme de la scène contempora­ine d’Afrique. Certes, les points de vue et les horizons sont extrêmemen­t différents, entre les photograph­ies d’Addis-Abeba prises par Guy Tillim, l’étonnante installati­on de Pume Bylex (« Pourquoi pas Bylex », composée d’une multitude d’objets inconnus et bizarroïde­s) ou encore les superbes encres sur textile (« Regarde Icare », « Ophélia de Lampedusa ») de Hassan Musa, artiste d’origine soudanaise. Une pièce majeure encore, avec la fascinante installati­on vidéo du Sud-Africain William Kentridge, sur la mezzanine : il s’agit de la procession macabre, grotesque et joyeuse d’une cohorte de danseurs, d’acrobates et de squelettes défilant sur huit écrans géants. Cette parade est à l’image de cette belle fête qui, sans tomber dans la caricature ni les travers du marché de l’art, donne toute sa place à un art (on devrait dire « des arts », tant les expression­s sont nombreuses) désormais majeur, autonome et vraiment vivant.

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