Première dame ou First Lady ?
Quel sera le statut de Brigitte Macron à l’Elysée? Et surtout quel sera son rôle? Une charte va bientôt préciser la nature de ses fonctions
Ala différence des Etats-Unis, la France avait jusqu’ici l’habitude d’élire un candidat à la présidence, pas un couple. La première dame? Pas une ligne dans la Constitution, pas un mot dans l’organigramme de l’Elysée, aucun statut juridique. Elle s’est contentée jusqu’à présent de jouer les VRP dans les cérémonies officielles et les animatrices dans l’humanitaire. Emmanuel Macron veut mettre un terme à cette « forme d’hypocrisie », dit-il, qui nie l’existence officielle de la First Lady. « Elle ne sera pas dissimulée, derrière un tweet, une cachette ou autre », a-t-il déclaré au Théâtre Antoine à Paris, le 8 mars, journée de la femme. « Je souhaite qu’un cadre soit défini et je demanderai qu’un travail soit conduit en la matière. Il faut que la personne qui vit avec nous puisse avoir un rôle », répétait-il sur le plateau de TF1 le mois suivant.
Le nom lui-même est apparu pour la première fois sur le site de l’Elysée en 2010, du temps du duo Carla Bruni-Nicolas Sarkozy. L’ex-top-modèle disposait alors d’un bureau, de huit collaborateurs et de deux prestataires extérieurs pour son site internet( pour un coût mensuel de 60000 euros ). Celle qui lui a succédé à l’Elysée, Valérie Trierweiler, bénéficiait, elle, de deux agents contractuels et de trois fonctionnaires, rémunérés au total 19742 euros. Mais jusqu’à Cécilia Sarkozy, aucune n’avait jamais eu droit à un cabinet.
La fonction a donc surtout été liée à la personnalité de la locataire. Elles ont été souvent discrètes, comme l’épouse du général de Gaulle, surnommée « Tante Yvonne », qui ne s’est jamais exprimée publiquement, Claude Pompidou, qui avait rebaptisé l’Elysée la « maison du malheur », ou Anne-Aymone Giscard d’Estaing, raillée un an après son arrivée pour des voeux télévisuels déclamés d’une voix mal assurée. Elles se sont plus rarement impliquées politiquement, à l’exception de Danielle Mitterrand, qui défendait les Tibétains et les Kurdes, ou de Bernadette Chirac, seule première dame à avoir été élue (au conseil général de Corrèze). Carla Bruni-Sarkozy, elle, s’est surtout fait remarquer pour son bibi à la Jackie Kennedy et sa révérence devant la reine d’Angleterre, et Valérie Trierweiler, surnommée « first girlfriend » au Royaume-Uni, par ses tweets intempestifs, dont le fameux « Bon courage » adressé à Olivier Falorni qui se présentait aux législatives contre Ségolène Royal.
Que fera Brigitte Macron ? Installée dans le salon des Fougères de l’aile « Madame », au rez-de-chaussée du Palais, elle dispose déjà d’un chef de cabinet, Pierre-Olivier Costa, quadragénaire discret passé par le Centre Pompidou, le Centre national du Cinéma (CNC) et la mairie de Paris. « Elle est en pleine installation, plutôt sur le plan personnel, mais pas encore dans son rôle de première dame et ses causes d’engagement. Sa charte prévue n’est pas rédigée», indique une porte-parole de l’Elysée. « Elle pourrait s’investir dans une mission liée au handicap, notamment l’autisme », croit savoir un proche du couple présidentiel. Sa communication dépendra du service de presse de l’Elysée. L’américanisation de la First Lady française est en marche.