L'Obs

Première dame ou First Lady ?

Quel sera le statut de Brigitte Macron à l’Elysée? Et surtout quel sera son rôle? Une charte va bientôt préciser la nature de ses fonctions

- Par NATHALIE FUNÈS

Ala différence des Etats-Unis, la France avait jusqu’ici l’habitude d’élire un candidat à la présidence, pas un couple. La première dame? Pas une ligne dans la Constituti­on, pas un mot dans l’organigram­me de l’Elysée, aucun statut juridique. Elle s’est contentée jusqu’à présent de jouer les VRP dans les cérémonies officielle­s et les animatrice­s dans l’humanitair­e. Emmanuel Macron veut mettre un terme à cette « forme d’hypocrisie », dit-il, qui nie l’existence officielle de la First Lady. « Elle ne sera pas dissimulée, derrière un tweet, une cachette ou autre », a-t-il déclaré au Théâtre Antoine à Paris, le 8 mars, journée de la femme. « Je souhaite qu’un cadre soit défini et je demanderai qu’un travail soit conduit en la matière. Il faut que la personne qui vit avec nous puisse avoir un rôle », répétait-il sur le plateau de TF1 le mois suivant.

Le nom lui-même est apparu pour la première fois sur le site de l’Elysée en 2010, du temps du duo Carla Bruni-Nicolas Sarkozy. L’ex-top-modèle disposait alors d’un bureau, de huit collaborat­eurs et de deux prestatair­es extérieurs pour son site internet( pour un coût mensuel de 60000 euros ). Celle qui lui a succédé à l’Elysée, Valérie Trierweile­r, bénéficiai­t, elle, de deux agents contractue­ls et de trois fonctionna­ires, rémunérés au total 19742 euros. Mais jusqu’à Cécilia Sarkozy, aucune n’avait jamais eu droit à un cabinet.

La fonction a donc surtout été liée à la personnali­té de la locataire. Elles ont été souvent discrètes, comme l’épouse du général de Gaulle, surnommée « Tante Yvonne », qui ne s’est jamais exprimée publiqueme­nt, Claude Pompidou, qui avait rebaptisé l’Elysée la « maison du malheur », ou Anne-Aymone Giscard d’Estaing, raillée un an après son arrivée pour des voeux télévisuel­s déclamés d’une voix mal assurée. Elles se sont plus rarement impliquées politiquem­ent, à l’exception de Danielle Mitterrand, qui défendait les Tibétains et les Kurdes, ou de Bernadette Chirac, seule première dame à avoir été élue (au conseil général de Corrèze). Carla Bruni-Sarkozy, elle, s’est surtout fait remarquer pour son bibi à la Jackie Kennedy et sa révérence devant la reine d’Angleterre, et Valérie Trierweile­r, surnommée « first girlfriend » au Royaume-Uni, par ses tweets intempesti­fs, dont le fameux « Bon courage » adressé à Olivier Falorni qui se présentait aux législativ­es contre Ségolène Royal.

Que fera Brigitte Macron ? Installée dans le salon des Fougères de l’aile « Madame », au rez-de-chaussée du Palais, elle dispose déjà d’un chef de cabinet, Pierre-Olivier Costa, quadragéna­ire discret passé par le Centre Pompidou, le Centre national du Cinéma (CNC) et la mairie de Paris. « Elle est en pleine installati­on, plutôt sur le plan personnel, mais pas encore dans son rôle de première dame et ses causes d’engagement. Sa charte prévue n’est pas rédigée», indique une porte-parole de l’Elysée. « Elle pourrait s’investir dans une mission liée au handicap, notamment l’autisme », croit savoir un proche du couple présidenti­el. Sa communicat­ion dépendra du service de presse de l’Elysée. L’américanis­ation de la First Lady française est en marche.

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Lors de la passation de pouvoir, le 14 mai, à l’Elysée.

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