Mounir Mahjoubi, l’homme qui veut achever le PS
L’alignement des planètes politiques qui a rendu possible l’élection d’Emmanuel Macron se prolongera-t-il en matière économique ? Tous les voyants semblent au vert. La croissance repart dans la zone euro, les taux d’intérêt restent bas, le prix de l’énergie aussi. Enfin et surtout, la purge budgétaire semble être, enfin, en voie d’achèvement en Europe… En France métropolitaine, le taux de chômage est déjà passé, en un an, de 9,9% à 9,3%, un plusbas depuis cinq ans. A la différence peut-être d’autres pays, les embauches en France sont des investissements plutôt que de simples flux, il faut un déclic de confiance pour que l’emploi reparte. Avec retard sur le plan de route prévu par Hollande, il est possible qu’il se soit enfin enclenché…
On se gardera certes d’extrapoler trop vite le retour de la croissance. Elle est à l’image de la pluie dans les sociétés agraires, elle peut partir aussi vite qu’elle est venue… Du moins incombera-t-il au gouvernement d’éviter les erreurs de pilotage qui la feraient disparaître prématurément. Celle qui a été commise durant le précédent quinquennat, menant de manière contradictoire une purge de la demande et une relance de l’offre, est le contre-exemple à éviter. La leçon semble toutefois avoir été entendue. Durant la campagne, Emmanuel Macron a retenu des objectifs modestes de réduction du déficit, visant 2% en 2020, prévoyant même de l’augmenter l’an prochain, le temps de transformer le CICE en baisse de charges pérennes. Aucun nouveau transfert des ménages vers les entreprises n’est par ailleurs envisagé. Jean Pisani-Ferry, concepteur du programme de Macron, l’expliquait à Henri de Castries, conseiller de Fillon : il faut que les entreprises apprennent à tenir leurs coûts, sans l’aide de l’Etat. La question centrale qui n’est pas tranchée est toutefois celle-ci : pourquoi les entreprises n’y parviennent-elles pas? Une explication possible est la suivante : la France manifeste une préférence pour le salaire plus forte que les autres pays. C’est vrai au niveau des individus : les travaux d’Elizabeth Beasley et de Claudia Senik montrent que le bonheur des Français dépend plus de leurs revenus que celui des autres nations, signe d’une certaine fébrilité à vivre en société. C’est vrai aussi au niveau des entreprises, où la paix sociale s’achète à coups d’augmentations salariales, quand elles sont possibles, ou se perd vite. C’est la faible qualité du dialogue social qui serait ainsi au coeur du mal français.
Ce qui amène à la réforme du droit du travail. Le choix qui s’ouvre à la France est simple : soit améliorer la qualité de la négociation sociale, soit la saborder et faire jouer la pression du marché. Si c’est la première voie qui est choisie, sur le modèle scandinave qui est souvent revendiqué, il faut en respecter l’esprit et les acteurs. La manière dont sera conduite la négociation comptera à cet égard beaucoup pour la suite. Pour le gouvernement, l’enjeu sera aussi de ne pas gâcher la reprise par une nouvelle crise sociale.