Le comeback du gin tonic
Star des années 1980, il avait complètement disparu des comptoirs. Mais voilà que le “gin to” revient en force et pourrait bien être LE long drink de l’été…
Il a coulé à flots, peut-être trop, laissant de mauvais souvenirs à bon nombre de grands fêtards des années 1980. A tel point que pour certains, boire une goutte de gin ne semble même plus envisageable. Stanislas Jouenne a longtemps fait partie de ceux-là. Ex-directeur associé du Tiger, bar parisien spécialisé dans le gin, il redécouvre cet alcool lors de dégustations à La Maison du Whisky, il y a une dizaine d’années : « J’ai été remarquablement surpris, confie-t-il, oubliant les gins que je trouvais imbuvables à 20ans. Parfois sous-estimé par rapport aux alcools vieillis, ce spiritueux offre un spectre des arômes immense et touche toutes les générations. C’est un alcool frais, pimpant et stimulant, et son mariage avec un tonic vient le sublimer. » Après les succès ébouriffants du mojito et du spritz, voici donc le tour du gin tonic. Preuve de ce nouvel engouement, la deuxième édition de la Paris Cocktail Week en janvier dernier lui consacrait de nombreuses master-classes.
PLÉTHORE DE GINS ARTISANAUX
Mais en réalité ce n’est pas à Paris, mais en Espagne que le gin a retrouvé sa vigueur d’antan avec un ambassadeur de choc en la personne de Ferran Adria, le célèbre chef d’El Bulli. En 2009, il poste une vidéo révélant sa recette du gin tonic. Servi dans un verre piscine, il est élaboré avec du gin Citadelle et le tonic Fever-Tree. Car à l’image du mouvement « craft », qui touche de nombreuses boissons alcoolisées (bière, whisky, rhum...), le gin n’est pas épargné. Elaboré par la maison de Cognac Pierre Ferrand, Citadelle fut le premier gin artisanal à être lancé sur le marché dès 1995. Avec ses dix-neuf végétaux, il est considéré par certains amateurs comme l’excellence du gin. « Pour aller encore un peu plus loin dans le soin apporté à la sélection de nos ingrédients, nous allons planter cet été 5 hectares de genévriers à
Cognac, déclare Alexandre Gabriel, le propriétaire. La baie de genièvre étant la quintessence du gin, celle qui apporte la fraîcheur, nous devons en avoir la parfaite maîtrise. » Ces dernières années, de nombreux autres gins artisanaux sont apparus sur le marché, certains et non des moindres étant produits en France. Comme G’Vine, un gin également produit à Cognac, à partir d’un distillat de raisins et une infusion de fleurs de vigne. En Normandie, c’est la maison de Calvados Drouin qui en élabore un autre à partir d’une eau-de-vie de pommes. Au coeur de Paris, Nicolas Julhès a concocté dans sa distillerie une cuvée de gin spécifique pour le gin-to, appelée tout simplement Gin Tonik.
Le Carmen, lieu festif des nuits parisiennes du «South Pigalle», propose depuis avril dernier trois gins infusés, spécifiquement élaborés pour être consommés en gin tonic. Distillés par la maison de Cognac Ferrand, ils offrent trois saveurs di érentes: Amarena, Pamplemousse et Maté Toasté. Enfin François Lurton, propriétaire et producteur de différents vignobles en France et à l’étranger, travaille actuellement sur un projet de gin à partir de sauvignon blanc, son cépage fétiche, en collaboration avec la distillerie Valdronne à Bordeaux.
Cet engouement pour les gins artisanaux gagne même le Japon, plus connu pour ses sakés et ses whiskys. La Maison du Whisky propose en e et le premier gin artisanal japonais, Ki No Bi, confectionné par une microdistillerie de Kyoto. Elaboré à partir d’un alcool de riz, il o re un palais crémeux. Onze ingrédients très nippons entrent dans sa composition (yuzu, thé vert Gyokuro, gingembre, feuilles de bambou et de shiso...). Le célèbre producteur de whiskys Nikka devrait également lancer un gin dès la rentrée de septembre.
DES TONICS DE QUALITÉ
Cette nouvelle vie du gin s’accompagne aussi d’un véritable renouveau côté tonics. Charles Rolls, l’inventeur du gin Plymouth, s’est reconverti ces dernières années dans la fabrication de « water tonic » avec la marque Fever-Tree. Par une sélection très poussée d’ingrédients, ses produits sont bio, sans conservateurs, ni édulcorants ou arômes artificiels. On peut citer également la marque Thomas Henry ou Erasmus Bond. Cette dernière propose un Botanical Tonic Water, qui se marie parfaitement avec les gins les plus floraux, le thym et le basilic frais entrant dans sa composition. Avec des gins d’excellence et des tonics de qualité, tous les composants sont réunis pour redécouvrir cet apéro savoureux !