Cinéma Addi Bâ, le terroriste noir
Ancien tirailleur sénégalais, le résistant ADDI BÂ a créé le premier MAQUIS DES VOSGES et a été fusillé en 1943, à Epinal. Il avait 27 ans. Un film lui rend enfin justice
NOS PATRIOTES, par Gabriel Le Bomin, en salles le 14 juin.
Le 18 décembre 1943, à Epinal, deux hommes sont fusillés « au nom du peuple allemand » : Marcel Arburger, ferblantier vosgien, 39 ans. Blanc. Et Addi Bâ, ouvrier agricole, 27 ans. Noir. Ce sont des francs-tireurs. Donc, des résistants. Ils ont combattu dans le maquis de la Délivrance. Torturés par la Gestapo, ils n’ont rien dit. Marcel Arburger sera décoré de la médaille de la Résistance en 1947. Addi Bâ, en… 2003. Ce dernier, musulman, est mort, dit-on, en récitant sa prière, qui se termine par : « Ils auront la géhenne pour refuge. » C’est cette silhouette, oubliée par l’Histoire qu’évoque le film de Gabriel Le Bomin « Nos patriotes », saga intime, poignante, puissante, d’un homme qui s’est dressé contre l’abjection, alors que la France se couchait sous le regard d’un maré- chal félon. Addi Bâ, comme ses compagnons d’origine africaine, a sombré dans la nuit : même le colonel Rémy, dans les vingt-neuf volumes des « Français dans la Résistance », ne le mentionne pas. Mémoire défaillante. Comme l’écrit Léopold Sédar Senghor : « On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat inconnu. Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme.» Dans « Nos patriotes », enfin! Addi Bâ, joué avec ferveur par Marc Zinga, s’avance. Il est petit, mais il est grand.
Les premières images du film sont terribles : des tirailleurs sénégalais, encadrés par des soldats de la Wehrmacht, marchent dans la boue. Ils font partie de la « Force noire », ensemble de divisions